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Tuerie à la mosquée de Québec: Alexandre Bissonnette plaide coupable

QUÉBEC — Après avoir d’abord plaidé non-coupable du meurtre de six personnes et de six tentatives de meurtre lors de la tuerie à la mosquée de Québec en janvier 2017, Alexandre Bissonnette s’est ravisé et reconnaît maintenant être l’auteur du massacre. Il a plaide dorénavant coupable aux 12 chefs d’accusation déposés contre lui.

Alexandre Bissonnette a étudié en Sciences politiques et en Anthropologie à l’Université Laval. Il résidait à Cap-Rouge. (Photo tirée de Facebook)

Le jeune homme de 28 ans a plaidé coupable aux 12 chefs d’accusation déposés contre lui. Il est passible de 150 ans de prison.

Le juge François Huot de la Cour supérieure a entériné mercredi matin les plaidoyers de culpabilité enregistrés par l’accusé lundi.

«Dans mon coeur, c’est la décision que je voulais prendre pour éviter un procès et éviter que les victimes revivent encore cette tragédie», avait déclaré Bissonnette lundi dans la salle de cour.

Il n’y aura donc pas de procès.

Lorsque le juge a déclaré l’accusé coupable, de nombreuses personnes ont éclaté en sanglots dans la salle de cour. Plusieurs femmes de la communauté musulmane pleuraient et d’autres écoutaient le juge d’un air tendu et crispé. Les gens se tenaient la main et essuyaient leurs larmes. Une femme semblait prier les yeux fermés.

Alexandre Bissonnette a écouté le juge en gardant la tête baissée.

Le coup de théâtre s’est produit lundi. Les plaidoyers de non-culpabilité avaient été enregistrés vers 9 h 30, mais en après-midi, Alexandre Bissonnette a fait savoir qu’il allait plutôt plaider coupable.

Ce revirement à 180 degrés s’est produit en quelques heures à peine.

Le juge François Huot de la Cour supérieure avait toutefois refusé d’entériner immédiatement les plaidoyers de culpabilité. Il avait plutôt ordonné que l’accusé soit évalué par un psychiatre pour s’assurer qu’il comprenait bien les conséquences graves de son changement de plaidoyer.

Une ordonnance de non-publication prononcée par le juge a interdit aux médias, dont La Presse canadienne, de rapporter avant mercredi tout ce qui s’était passé lundi.

Mercredi, le juge Huot a pu prendre connaissance des conclusions du psychiatre et sur la base de ses constatations, a entériné les plaidoyers de culpabilité. Selon le psychiatre Sylvain Faucher, Alexandre Bissonnette «est apte à subir son procès et à plaider ce qu’il veut plaider».

«Il ne voulait pas être l’auteur d’un autre drame collectif», a rapporté M. Faucher, qui a rencontré le jeune homme lundi soir.

Les représentations sur la peine auront lieu ultérieurement.

Son procès devait commencer le 3 avril avec la sélection du jury.

Les questions du juge à l’accusé

Lundi, surpris devant ce revirement de situation, le juge Huot avait fait venir Alexandre Bissonnette à la barre des témoins – à deux reprises – pour lui poser de nombreuses questions, histoire de vérifier les raisons qui ont motivé ce changement de plaidoyer, à une semaine du début de son procès.

Le juge François Huot a expliqué qu’il voulait être sûr que les plaidoyers soient valides et qu’ils ne soient pas remis en question plus tard.

Il a déclaré ne pas vouloir prendre de chance puisque les avocats de Bissonnette avaient soulevé la possibilité d’une défense fondée sur son état mental.

Le juge Huot a dit que la tenue d’un procès, fort longtemps après la tuerie, serait «angoissant» pour les victimes et leurs familles, mais aussi pour l’accusé.

Alexandre Bissonnette a déclaré lundi dans la salle de cour qu’il songeait à plaider coupable depuis un certain temps, mais qu’il manquait des éléments de preuve dans son dossier, que la Couronne a transmis dimanche après-midi. Ses avocats lui avaient conseillé d’attendre que le dossier soit complet avant de prendre sa décision finale.

«Vous êtes pleinement conscient de votre décision?», lui a demandé le juge Huot.

«Oui», a répondu l’accusé.

Jusqu’à 150 ans de prison

Bissonnette a dit comprendre que ce plaidoyer était une reconnaissance de sa part qu’il avait l’intention de tuer toutes les personnes nommées à l’acte d’accusation, soit 40 personnes. En plus des six chefs de meurtre, il a été accusé de cinq chefs de tentative de meurtre pour les blessés et d’un autre chef de tentative de meurtre pour toutes les personnes présentes à la mosquée ce jour-là, bien qu’elles n’aient pas été atteintes par les balles.

Bissonnette a aussi confirmé ne pas changer son plaidoyer sous la menace ou parce qu’on lui a fait une promesse quelconque.

«Vous êtes conscient qu’il s’agit d’une peine à perpétuité?»

«Je comprends», a répondu Alexandre Bissonnette au juge, admettant se sentir «stressé».

Le juge lui a aussi demandé s’il comprenait qu’il pouvait écoper de peines de prison consécutives, qui peuvent faire en sorte que l’emprisonnement total soit de 150 ans.

«Je le sais», avait répondu l’accusé d’une petite voix.

Malgré ses réponses, le juge a préféré qu’il soit d’abord évalué par un psychiatre.

Stéphanie Marin, La Presse canadienne

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