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Cannabis dans la construction: tolérance zéro au chantier et guide pour l’APCHQ

Les entrepreneurs, les propriétaires d’immeubles et les syndicats de la construction se disent préoccupés par les répercussions de la légalisation prochaine du cannabis et estiment que beaucoup de travail reste à faire pour informer les travailleurs et les entrepreneurs de leurs droits et obligations.

La Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ), l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation et les deux plus grandes organisations syndicales de la construction, la FTQ-Construction et le Conseil provincial, ont débattu, lundi, des effets de la légalisation du cannabis, dans le cadre du Sommet construction de l’APCHQ qui se tient à Montréal.

Entrepreneurs

«Est-ce qu’il va y avoir une augmentation de la consommation? Je crois que oui. Présentement, on a des cas qui nous ont été répertoriés de consommation (du cannabis) sur les lieux de travail, sur les chantiers de construction. Il y a des travailleurs qui consomment sur leur période de repas ou leur pause. Donc, c’est déjà un problème sur les chantiers. Est-ce que ça va augmenter? C’est probable avec la légalisation», a opiné Monia Vallée, de l’APCHQ.

L’association de constructeurs publiera d’ailleurs sur son site internet, dès la fin du sommet, un guide à l’intention des entrepreneurs sur la question de l’alcool et des drogues, a-t-elle fait savoir.

«Légalisation ou non du cannabis, c’est tolérance zéro sur les chantiers de construction et on va maintenir et marteler ce message-là. On va les aider à former leurs travailleurs, on va s’assurer qu’ils respectent leurs obligations en matière de santé-sécurité», a ajouté Mme Vallée.

Propriétaires

Les propriétaires d’immeubles, de leur côté, seront aussi aux prises avec le problème et risquent de devoir s’adresser à la Régie du logement, avec les délais que cela suppose, a avancé Hans Brouillette, de la CORPIQ.

«On a le droit d’interdire dans les baux de fumer; donc ça va s’appliquer également au cannabis. Mais il faut faire respecter l’obligation» et c’est là que le problème va se poser, prédit-il. «Quand vous avez des gens qui fument malgré le fait qu’il y ait un règlement, ça veut dire s’adresser au tribunal de la Régie du logement. Et, on le sait, les délais sont excessivement longs», a-t-il déploré.

Il a illustré un problème type qui risque de se produire. «Les propriétaires doivent procurer pleine jouissance des lieux à leurs locataires. Un locataire fume dans l’immeuble de six ou huit logements. Et là, vous avez des locataires qui demandent une diminution de loyer pour les inconvénients causés.»

Syndicats

Les organisations syndicales, de leur côté, se sont montrées préoccupées, sans être inquiètes.

La légalisation du cannabis, «est-ce qu’il y a quelque chose qui était plus important que ça? La santé? Le système d’éducation? Les décès dans la construction?» a demandé le directeur général de la FTQ-Construction, Yves Ouellet.

«Je ne pense pas que ça faisait partie des priorités numéro un. Mais ils l’ont fait. Ça fait un peu amateur de la manière que c’est fait. On légalise ça; c’est banalisé. On dit « ça va bien se faire », mais je ne suis pas sûr que ça va bien se faire tant que ça. Il y a un empressement (du fédéral) qui nous fatigue énormément», a commenté M. Ouellet.

Au Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International), le président Michel Trépanier s’est dit «pas extrêmement inquiet» mais «préoccupé par l’effet de masse» qui pourrait s’ensuivre.

«On a des représentants formés. On va mettre l’accent sur l’éducation et parler de santé-sécurité. (On va aborder) les différentes perceptions entre les générations. On ne se le cachera pas: ceux de 55 ans ont une perception du pot pas pareille comme les 18-20 ans. Notre message, il faut qu’il s’adresse à chaque strate de génération. On va mettre une préoccupation particulière chez les jeunes, qui ont tendance des fois — et ce n’est pas un jugement que je fais — à banaliser les impacts que ça peut avoir», a expliqué M. Trépanier.

Lia Lévesque, La Presse canadienne

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