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Construction : les négos achoppent sur l’horaire du commercial

GRÈVE. Les affiches et les propos recueillis lors des différentes manifestations des travailleurs de la construction en grève depuis deux jours sont sans équivoque. Pas question de travailler le samedi dans le secteur commercial! Cet enjeu central bloque les pourparlers dans l’ensemble de l’industrie, ce que dénoncent les autres secteurs, dont celui résidentiel qui se sent pris en otage dans ce bras de fer.

La question des horaires de travail est au cœur des négociations dans l’industrie de la construction.

(Photo TC Media – Charles Lalande)

Les syndiqués font grand cas de cette requête des patrons du secteur commercial, représentés par l’Association de la construction du Québec. Ceux-ci veulent obtenir plus de flexibilité dans les horaires de travail, afin de pouvoir compléter davantage de chantiers en dehors des heures de bureau et d’ouverture des commerces.

Des slogans «Je choisis ma famille» et «Ma famille d’abord» sont récurrents et révélateurs.

(Photo TC Media – Charles Lalande)

Sur les piquets de grève, les travailleurs sont nombreux à afficher leur opposition pour travailler davantage le soir et la fin de semaine. Une majorité de messages plaident en faveur du respect de la conciliation travail-famille. La revendication illustre bien le changement d’époque et de priorités dans l’industrie, même si elle demeure dominée par une majorité d’hommes. Plus rarement, on entend certains grévistes préciser que rentrer au travail à temps simple le samedi est hors de question.

Pareil enjeu touche moins les représentants patronaux du secteur génie et grands travaux. En effet, les membres de l’Association de la construction des routes et grands travaux du Québec (ACRGTQ) disposent déjà d’ententes pour opérer les chantiers de soir, de nuit et la fin de semaine lorsque nécessaire. La centralisation du débat sur cet aspect indispose toutefois grandement l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) responsable du secteur résidentiel.

Attitude irresponsable et illégale

De l’avis de François-William Simard, vice-président développement stratégique à l’APCHQ, l’Alliance syndicale regroupant cinq associations de travailleurs doit entendre l’appel de la ministre du Travail, Dominique Vien, de revenir à la table de négociation. Il estime que des ententes sont envisageables incessamment dans certains secteurs.

«Bien que ce scénario soit possible, note M. Simard, l’Alliance refuse d’apposer sa signature sur une entente avec un secteur sans une entente globale dans l’ensemble de l’industrie. L’APCHQ déplore cette stratégie syndicale, qui pénalise directement des travailleurs et des employeurs du secteur résidentiel, pour lequel une entente pourrait être convenue rapidement. De plus, en agissant ainsi, l’Alliance va à l’encontre de l’esprit de la Loi R-20 qui prévoit une négociation secteur par secteur.»

Selon Jean-Sébastien Lapointe, conseiller en communication à l’APCHQ, la Loi R-20 prévaut toujours et entérine le fait que les négociations des conditions de travail doivent se faire de façon indépendante pour les secteurs résidentiel, commercial, génie et grands travaux de l’industrie de la construction. Il précise que dans le résidentiel, le litige persiste sur la question salariale. Les patrons proposaient des hausses de 1,6% par ans, tandis que la partie syndicale réclame des augmentations variant entre 3,25% et 4,25%.

Risque de loi spéciale

Pour l’instant, après deux jours de grève, l’Alliance syndicale reste intransigeante et campée sur ses positions. Elle persiste dans son exigence d’en arriver à une négociation et une entente globale.

Le souci de la conciliation travail-famille témoigne d’une nouvelle ère dans les revendications des travailleurs de la construction.

(Photo TC Media – Charles Lalande)

Cet entêtement pourrait éventuellement forcer la ministre du Travail à agir. Le spectre d’une loi spéciale forçant un retour au travail aux conditions déterminées par le gouvernement est évoqué. Plusieurs maires et grands donneurs d’ouvrage l’ont déjà réclamée. La belle saison est courte et plusieurs chantiers sont menacés par un échéancier écourté par une grève prolongée.

En voyage à l’étranger, le premier ministre Philippe Couillard, a fait part de son inquiétude à voir l’industrie de la construction paralysée. Procurant de l’emploi à plus de 175 000 travailleurs, celle-ci représente 12% du Produit intérieur brut (PIB) de la province. Chaque jour de grève fait perdre 45M$ à l’économie québécoise.

Doléances des parties

La partie syndicale dénonce les demandes patronales répétées sur la flexibilité des horaires à chaque renouvellement de convention collective. Par ailleurs, les dirigeants syndicaux démentent les rumeurs d’ententes imminentes : «si c’était le cas, on ne serait pas sorti en grève, pour donner une chance à la négo d’aboutir à un règlement.»

De son côté, la partie patronale déplore que l’Alliance syndicale arrive avec un ultimatum à la dernière minute, alors qu’elle a fait piétiner les négos au cours des 100 derniers jours. Par ailleurs, on justifie la demande de flexibilité pour s’adapter aux exigences des clients.

Rénovation exemptée

Les consommateurs qui ont des projets imminents de rénovation peuvent se rassurer. La grève ne touche pas ce sous-secteur résidentiel. C’est le cas du moins pour les travaux effectués sur la propriété d’un particulier. Toutefois, la Loi R-20 sur les relations de travail dans l’industrie de la construction s’applique par exemple à un immeuble locatif dans lequel le propriétaire ne réside pas.

TC Media

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