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Attentats de Paris et de Québec : même combat pour les urgentistes

SANTÉ. La prise en charge des blessés lors des attentats de Paris et de ceux issus de l’attaque plus récente à la Grande mosquée de Québec a représenté un défi logistique similaire pour les intervenants hospitaliers. Bien qu’à des échelles différentes, ces événements dramatiques et imprévisibles ont nécessité une gestion du chaos dans les urgences, avant de devenir une expérience riche d’enseignement pour l’avenir.

Les conférenciers Dr Julien Clément et Dr Carl Ogereau.

(Photo TC Media – François Cattapan)

Bien qu’on ne soit jamais préparé à réagir à l’impensable, après avoir traversé une situation critique majeure les acteurs du milieu médical ne peuvent qu’en tirer des leçons pour faire mieux une prochaine fois. C’est le constat qui ressort du 23e colloque annuel Traumas défis!, organisé jeudi par les équipes du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Québec au Château Frontenac.

Dans le but d’approfondir la réflexion sur la gestion de crise provoquant une arrivée potentiellement massive de blessés, deux des principales conférences portaient sur l’attentat du Bataclan en 2015 à Paris et celui de la mosquée de Sainte-Foy en janvier dernier. Le Dr Carl Ogereau, médecin et adjoint au chef des urgences de l’Hôpital Saint-Louis de Paris et le Dr Julien Clément, chirurgien général et chef du programme de traumatologie du CHU ont dressé le bilan de leurs interventions respectives.

Tous deux conviennent en rétrospective que les bons coups et les aspects à améliorer s’avèrent passablement les mêmes, peu importe l’ampleur de la tragédie. Dans pareille situation, le nerf de la guerre est la communication. «Sur le coup, il était assez difficile d’obtenir de l’information précise sur la gravité de ce qui se déroulait sur les terrasses de restos de Paris et au Bataclan. Il en va de l’organisation des ressources de première ligne. En fait, se souvient le Dr Ogereau, au moment où on en avait le plus besoin, on en a su davantage par le biais de la télé en direct que par les autorités.»

Une observation partagée par le Dr Clément, qui espère aussi des améliorations dans la chaîne de transmission de l’information. «Nous étions prêts et tout le côté soin aux patients a été fait de façon optimale. Toutefois, observe-t-il à rebours, il y a lieu de songer à établir de meilleures relations entre les services hospitaliers, la sécurité civile et la police. On a beau avoir des effectifs compétents et en nombre suffisant, rien ne vaut une planification adéquate basée sur un portrait fidèle de la situation.»

Le Dr Carl Ogereau a décrit les leçons tirées des interventions lors des attentats de Paris.

(Photo TC Media – François Cattapan)

Enseignements

Certes, les attaques de Paris et de Québec ne peuvent se comparer. La tragédie du Bataclan et des restos avoisinants a fait 130 morts, plus de 400 blessés graves et 5000 personnes traumatisées directement ou indirectement. À Québec, il y a eu six morts et une vingtaine de blessés nécessitant des soins hospitaliers. Les deux conférenciers voient néanmoins des similitudes dans la gestion de chaque crise. Il faut d’abord orchestrer le chaos, prioriser le triage des blessés, obtenir le maximum d’information sur l’état de la situation, sécuriser les hôpitaux pour éviter la cohue et agir efficacement.

«Malheureusement, ces événements tragiques ont fait évoluer la profession et permis d’enrichir la pratique de la médecine d’urgence. Nous n’étions pas prêts à affronter pareille crise, mais on a assuré et maintenant on a acquis l’expérience. Dans leur formation, les jeunes médecins sont conscients de cette réalité», confie M. Ogereau. Le médecin parisien suggère trois conseils à ses collègues québécois : être à l’affût pour prévenir et prévoir le déclenchement d’une crise; établir des plans d’action en imaginant les pires scénarios; et répéter les formations pour pratiquer la coordination.

Déjà, lors de la fusillade à la mosquée de Québec, les intervenants et praticiens avaient en tête certains réflexes tirés des attentats à l’étranger. Ils ont aussi puisé dans l’expérience des tragédies récentes, comme celles de Lac-Mégantic, de l’incendie à la résidence pour aînés de L’Isle-Verte, ou encore l’accident d’autobus aux Éboulements.

«Nous étions bien organisés en ayant établi une ligne de priorités allant des services préhospitaliers jusqu’à la salle d’opération, en passant par le triage, la stabilisation et les premiers soins aux patients. Par contre, en plus de mieux communiquer avec les autorités, nous aurions pu déclencher une alerte afin d’établir une cellule de crise. Car, il n’est pas dans ma description de tâches de rassurer des proches de victimes éplorés et inquiets», termine le Dr Clément, ajoutant que si l’affluence de blessés avait été plus importante son temps aurait été plus utile en salle d’opération.

TC Media

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