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Crise au SPVM : un directeur adjoint suspendu

MUNICIPAL. Le directeur adjoint du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Bernard Lamothe, a été suspendu temporairement, vendredi après-midi, alors que les voix s’élèvent pour réclamer que le son chef, Philippe Pichet, soit démis de ses fonctions le temps de démêler la crise qui secoue l’organisation.

Le ministre québécois de la Sécurité publique et des Affaires municipales, Martin Coiteux, a évité de commenter la nouvelle, en point de presse, arguant que cette suspension relevait du directeur Pichet. Ce dernier dit avoir pris cette décision à la lumière de renseignements de la Sûreté du Québec (SQ) dont il refuse de préciser la nature.

D’anciens policiers cités dans un reportage du réseau TVA, à l’émission «J.E.», accusent des collègues d’avoir fabriqué de la preuve afin de les empêcher de dévoiler des allégations de corruption au sein du SPVM.

Plus tôt cette semaine, «La Presse» faisait état d’une lettre de ces mêmes ex-policiers, transmise en 2014 au prédecesseur de M. Pichet, Marc Parent, et qui pointait notamment du doigt Bernard Lamothe.

Philippe Pichet maintient que la SQ l’a uniquement alerté à propos de son numéro deux, mais il n’exclut pas que d’autres haut placés puissent être écartés du corps policier, l’un des plus importants de la province.

«Ce qui est important de voir, c’est que le service de police prend ses responsabilités et veut faire la lumière par rapport à tout ce qu’on dit», a-t-il martelé. 

«Un changement de culture, ça prend des années et ça prend des gestes concrets et c’est ce que je fais depuis un an et demi», a-t-il tenu à souligner.

Alors que le ministre Coiteux n’a pas réitéré sa confiance à son endroit, Philippe Pichet dit se concentrer sur son mandat d’élaborer un plan d’action afin de rétablir la confiance du public, mais aussi celle «de la base par rapport à la direction et aux affaires internes».

«Est-ce que c’est facile? La réponse c’est non. Mais est-ce que je vais continuer à le faire? La réponse c’est oui», affirme-t-il.  

«Quand c’est difficile, c’est pas le temps de quitter le bateau, a-t-il lancé. Le service de police continue à patrouiller jour, soir et nuit.»

La nouvelle de vendredi survient une semaine après celle, le 24 février, de l’élargissement de l’enquête sur la gestion des affaires internes au sein du SPVM. La Sûreté du Québec (SQ), chargée du dossier, est épaulée par d’autres corps policiers tels que ceux des villes de Québec, Gatineau et Longueuil. La directrice du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) a aussi été mise à contribution.

Du côté du Parti québécois, le porte-parole en matière de sécurité publique, Pascal Bérubé, réclame la mise sous tutelle du SPVM, en plus d’une enquête indépendante menée par le BEI. Par voie de communiqué, M. Bérubé a dit vouloir «éviter à tout prix que la police enquête sur la police».

Le commissaire de l’enquête nommé

Peu de temps avant l’annonce de la suspension de M. Lamothe, le ministre Coiteux avait dévoilé la nomination de l’ancien sous-ministre de la Justice du Québec, Michel Bouchard, qui sera à la tête de l’enquête administrative visant à faire la lumière sur les pratiques du SPVM en matière d’enquêtes internes.

Le ministre a déclaré par voie de communiqué que Me Bouchard, avec sa «vaste expérience et (sa) réputation sans faille», saura suggérer «les meilleures solutions possible» à la crise qui sévit au SPVM depuis un peu plus d’une semaine.

«Me Bouchard a tous les pouvoirs d’un commissaire selon les (dispositions sur les) commissions d’enquête, a insisté M. Coiteux en mêlée de presse. Et donc il a le pouvoir de contraindre. Il a le pouvoir d’aller chercher toute l’information qui est nécessaire (…) qui peut avoir une incidence sur le lien de confiance entre le SPVM et la population.»

Il reviendra donc à Me Bouchard de dresser le portrait de la situation sur différents aspects touchant les enquêtes internes du SPVM, soit «la gestion, l’encadrement, les processus et les difficultés liés à ce type d’enquête», énumère Québec dans son communiqué. Un rapport devra être déposé d’ici au 15 septembre 2017, indique-t-on.

«On prend des décisions lorsqu’une lumière a été faite, lorsque les enquêtes ont été faites, a tempéré le ministre Coiteux vendredi. Soyons un peu patients, mais surtout soyons sérieux. On ne prend pas des décisions précipitées sur la base de ce qu’on a lu le matin dans le journal», avait plus tôt fait valoir M. Coiteux.

Les enjeux «plus systémiques» et «susceptibles d’affecter la confiance du public» devront aussi être passés sous la loupe, précise le gouvernement.

(Source : La Presse Canadienne – Roxanne Ocampo et Émilie Bergeron)

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