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Travaux sur la rivière Lorette : inquiétudes pour la valeur des propriétés

ENVIRONNEMENT. Le projet de réaménagement de la rivière Lorette semble inquiéter plusieurs propriétaires touchés par les interventions prévues principalement pour les impacts sur la valeur de leur propriété. C’est du moins le propos qui a dominé la seconde partie des audiences du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), tenues mardi soir.

Le président et la commissaire, Denis Bergeron et Jeanne Charbonneau, ont reçu les présentations de mémoires dans le cadre de la seconde partie des audiences du BAPE sur le projet de réaménagement de la rivière Lorette.

(Photo TC Media – François Cattapan)

La crainte a été évoquée par le premier propriétaire venu présenter un mémoire à la commission. Habitant sur la rue Saint-Gérard depuis 1976, Yvon Frenette prétend que le mur anti-crue dans son secteur s’avère inutile en rapport aux études historiques des crues au fil des années. Il ajoute que le projet évoque sentiment de sécurité, sans soumettre d’arguments justificatifs.

M. Frenette indique avoir planté un arbre à l’endroit de la plus haute crue. «L’eau ne l’a jamais dépassé depuis, dit-il, et on ne craint pas pour l’avenir, compte tenu des nouveaux aménagements pour réduire et contrôler les crues éventuelles.» Il souhaite préserver sa zone inondable sur son terrain, mais ne pas subir l’ajout d’un mur anti-crue de 1,3 mètre. Celui-ci couperait sa propriété en partie. En plus d’en perdre l’usage, il estime que cela aura un impact sur la valeur de sa propriété.

Un voisin, Alain Gagné, soutient que l’initiateur du projet prévoit des mesures inutiles à certains endroits. À son avis, cibler les points critiques plutôt qu’uniformiser l’intervention limiterait les coûts d’installation et augmenterait l’acceptabilité sociale. «Le développement durable semble un concept à géométrie variable dans notre cas. On n’enlève pas les sédiments pour protéger les têtards dans la rivière, mais on ne fait rien pour protéger l’intégrité de la propriété des animaux à deux pattes qui les habitent», déplore-t-il, en disant espérer des ajustements au concept élaboré.

Autre voisin du même secteur, Jacques Dion émet aussi des doutes sur la nécessité d’un mur anti-crue dans son secteur plus haut que la portion du territoire inondable. Il voit une forme d’expropriation déguisée dans l’imposition d’une servitude permanente et déplore le manque de communication et de transparence de l’agglomération de Québec, promoteur du projet de réaménagement.

Olivier Simon corrobore les propos de ses prédécesseurs. Sa maison ne se trouve pas en zone inondable et il n’a pas de problème à l’assurer, car ce fait est reconnu. Il risque de perdre 35% de son terrain. Il conçoit de devoir contribuer au mieux-être de ceux qui subissent les inondations, mais demande à être dédommagé. «On déshabille Pierre pour habiller Jacques en dévaluant des maisons avec un mur anti-crue, pour sauver des maisons déjà dévaluées parce qu’en zone inondable», dénonce-t-il.

Craintes en aval

Habitant plus loin dans le quartier Les Saules à Québec, Georges Lupane, président du syndicat de la copropriété Le Verlaine, évoque lui aussi des craintes. D’une part, que les nouvelles interventions n’accélèrent l’évacuation de l’eau sur la portion touchée de la rivière Lorette et causent des débordements en aval. D’autre part, les copropriétaires veulent se faire garantir la préservation de la valeur de leur investissement immobilier et exige que les portions de terrain perdues soient expropriées et dédommagées par le promoteur.

Enfin des porte-paroles de l’Organisme des bassins versants de la Capitale sont venus souligner l’importance d’une meilleure gestion de l’eau dans l’aménagement du territoire. Par ailleurs, un représentant du Conseil régional de l’environnement de la Capitale a signifié son appui au projet, mais émet deux réserves sur la préservation du milieu à long terme. Il estime que la solution retenue avec des murs anti-crue n’assure pas le succès du projet dans un contexte de changements climatiques.

En début d’audience, le président de la commission du BAPE, Denis Bergeron, a rappelé que le rapport des audiences sera soumis au ministre de l’Environnement à la mi-septembre. Celui-ci disposera de deux semaines pour en prendre connaissance. Il reviendra ensuite au conseil des ministres de décider de la faisabilité ou non du projet de réaménagement de la rivière Lorette et, si oui, si des ajustements sont requis.

TC Media

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