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Des bruits pour se relaxer 

Photo: /Photo 123RF

SCIENCE. Le phénomène ASMR (de l’anglais Autonomous Sensory Meridian Response) a de plus en plus d’adeptes, notamment sur le réseau YouTube, où des millions de vidéos ASMR sont offertes. Il s’agit de petits bruits anodins, souvent bizarres comme une brosse sur des cheveux ou des petits tapages de doigts sur des surfaces dures, qui réduisent fortement l’anxiété de ceux qui en écoutent. Mais qu’en pense la science? L’un des rares chercheurs québécois à s’y intéresser, Jean-Philippe Thivierge, qui travaille au département de psychologie de l’Université d’Ottawa, se penche notamment sur les effets de l’ASMR dans le cerveau.

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L’ASMR que l’on peut traduire par réponse autonome sensorielle culminante, se définit comme une sensation agréable de picotements ou frissons au niveau du crâne, du cuir chevelu ou des zones périphériques du corps.

«ASMR est un terme apparu depuis 2010, mais ce n’est pas un terme scientifique, il provient de la communauté des internautes. Ils décrivaient des sensations physiques avec des petits picotements, comme un genre de frisson de plaisir, relate le docteur en psychologie. Pour nous en tant que chercheurs, c’est assez nouveau. Cela fait depuis une dizaine d’années qu’il y a des études là-dessus».

Le but recherché?

Les personnes qui écoutent (et regardent) de l’ASMR le font parfois pour ressentir la fameuse sensation de picotement et parfois simplement pour se relaxer. «Beaucoup de personnes regardent ça pour diminuer leur anxiété», fait valoir le chercheur. Depuis deux ou trois ans, son département s’est intéressé davantage aux réponses du cerveau dans le cadre de recherches très nouvelles.

Pour le moment, une trentaine d’études totales ont été publiées et revues par les pairs sur le sujet, ce qui n’est pas beaucoup. «Mais les études tendent à montrer qu’en écoutant l’ASMR, certaines zones du cerveau sont activées, comme celle de la dopamine associée au bonheur immédiat et d’autres zones sont moins activées, les préfrontales, qui sont responsables des fonctions exécutives et associées à un certain stress. On peut dire qu’on laisse les problèmes du quotidien quand on en écoute», résume le chercheur.

Le scientifique voit en l’ASMR une avenue éventuellement intéressante comme traitement clinique complémentaire puisqu’il n’y a pas d’effet secondaire et que les bienfaits sont ressentis par des personnes, de façon très subjective cependant. «Ça ne remplace pas la psychothérapie et la médication. Ce n’est pas le temps d’abandonner la médication prescrite», avertit le chercheur.

À qui ça plaît?

Pour M. Thivierge, il faut faire attention, car la réponse au phénomène est très subjective. «Mais chez les personnes qui rapportent ressentir des bienfaits, on peut reconnaître quelques traits communs. Cela semble être des gens plus ouverts à de nouvelles expériences, avec une vie intérieure plus riche et une moins grande tendance à être extravertis. […] Mais on a aussi remarqué qu’il y a des gens qui ne répondent pas du tout à l’ASMR et qui en sont même agacés», explique celui qui mentionne que l’aspect auditif seulement peut fonctionner, mais que le visuel en plus peut augmenter la réponse. «L’ASMR a un peu un effet méditatif, on rapporte de oscillations, des ondes, comme dans un état de méditation», conclut le chercheur.

Exemples de bruits exploités dans les vidéos

Il y en a pour tous les goûts. Certaines personnes peuvent ressentir la fameuse sensation avec des bruits de papier et pas du tout par les chuchotements, tandis que d’autres raffolent des doigts qui tapent sur une surface dure, par exemple. On peut trouver des personnes qui emballent des cadeaux, qui écrivent, qui tournent des pages ou encore des livres lus en chuchotant, du rangement de sacoches ou encore une simulation de brossage de cheveux, comme si c’étaient les nôtres.

 

 

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