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Taxer les produits nuisibles, solution durable contre le déficit

Des organismes en santé interpellent le ministre des Finances du Québec, Éric Girard, en vue de la confection de son budget provincial 2021. /Photo gracieuseté – CAQ, Émilie Nadeau) Photo:

Économie de coûts de soins de santé et revenus potentiels de 2,5G$ sur 5 ans

SANTÉ. Au moment où le ministre des Finances du Québec, Éric Girard, annonce que le dépôt du prochain budget aura lieu le 25 mars prochain, plusieurs organismes de santé sonnent la charge. Ils réitèrent l’importance de mettre en place des mesures fiscales ambitieuses pour réduire la consommation de produits nuisibles à la santé et coûteuse au trésor public.

La solution de taxer ces produits a mainte fois démontré son efficacité tant par les études scientifiques, que par son application dans plusieurs juridictions. Ces mesures fiscales permettent à la fois de protéger la santé de la population, de diminuer la pression sur le système de soins, de réduire les pertes associées à la consommation de ces produits en termes de productivité, d’absentéisme et même de réduire les coûts en matière de traitements et de médicaments, tout en contribuant à la santé des finances publiques du Québec.

Impact de la Covid-19

La pandémie nous rappelle l’importance de la santé et de sa précieuse valeur. Dans ce contexte, investir en prévention des maladies chroniques et mettre en place des conditions favorables à la santé est essentiel.

«Au Québec, une personne en santé coûte environ 544$ par année. Malheureusement, une personne atteinte de plusieurs maladies engendre des coûts de 4822$ par année et diminue grandement sa qualité de vie. Il apparait donc important que le gouvernement mette en place des mesures qui auront un double impact», indique Kevin Bilodeau directeur des relations gouvernementales chez Cœur + AVC.

Taxer le tabac générerait 2G$

Le tabac tue 13 000 Québécois.es et envoie des milliers de fumeurs aux urgences chaque année. Bien que nous ayons un taux de fumeurs réguliers supérieur à la moyenne nationale, c’est au Québec que les taxes sur le tabac sont le moins élevées au pays. Si le ministre des Finances choisit de taxer le tabac à la hauteur de l’Ontario, le Québec pourrait générer près de 2G$ supplémentaires sur cinq ans tout en provoquant une réduction des coûts de soins de santé associés.

Chaque année, un décès sur six est lié aux conséquences du tabagisme et ce dernier coûte environ 4G$ en coûts, en frais directs et indirects au Québécois. C’est aussi environ 30 % des lits d’hôpitaux qui sont occupés par des fumeurs. Pour chaque diminution de 1 % du taux de fumeurs régulier, le Québec pourrait économiser 41M$ en coûts de soins de santé directs et 73M$ indirects. Ces économies contribueraient à rembourser la dette causée par la bataille que nous menons tous contre la Covid-19.

«Le gouvernement du Québec a comme objectif de faire passer le taux de fumeurs réguliers de 17% à 10%, d’ici 2025. Atteindre cet objectif sans avoir de nouvelles mesures de lutte contre le tabagisme sera tout simplement impossible. La taxe sur le tabac est l’une des meilleures façons de diminuer le taux de tabagisme. D’ailleurs, la Direction de la santé publique du Québec recommande l’augmentation de la taxe sur le tabac, dans sa Stratégie pour un Québec sans tabac 2020-2025», déclare Annie Papageorgiou, directrice générale du Conseil québécois sur le tabac et la santé.

50M$ sur les boissons sucrées

En 30 ans, les taux d’obésité ont triplé au Québec. À elle seule l’obésité représente pour les contribuables québécois 3G$ chaque année. Les boissons sucrées représentent la plus importante source de sucre ajouté dans l’alimentation et leur consommation quotidienne est la seule pratique alimentaire constamment associée à l’obésité chez l’enfant. Elles contribuent également au développement de maladies cardiovasculaires, de plusieurs cancers et de diabète de type 2. Ces bonbons liquides se retrouvent partout, sont constamment en rabais et sont largement promus.

À travers son plan d’action visant à réduire la consommation de boissons sucrées, le gouvernement s’est engagé à agir sur ces boissons et leur redonner une juste place dans notre alimentation. «Ailleurs dans le monde, la taxation des boissons sucrées démontre qu’elle permet non seulement de réduire la consommation, mais également d’investir dans des actions concrètes pour la saine alimentation et nourrir des milliers de familles dans le besoin en période de crise. La santé de la population est une ressource économique précieuse et il faut décourager la consommation de ces produits néfaste à la santé et non essentielle», souligne Corinne Voyer, directrice de la Coalition québécoise sur la problématique du poids.

80M$ sur le vapotage

Les organismes de santé publique sont également préoccupés par la popularité croissante des produits de vapotage chez les jeunes. Les dernières années ont été marquées par une augmentation exponentielle du nombre de jeunes Québécois qui utilisent les produits du vapotage. Selon l’Institut de la statistique du Québec, c’est un élève du secondaire sur trois qui vapote. De plus, une étude récemment publiée dans la prestigieuse revue scientifique Pediatrics avance que les jeunes qui vapotent avant l’âge de 18 ans ont trois fois plus de risques de devenir fumeurs. Si on se base sur les revenus estimés de la taxe sur les produits de vapotage de l’Alberta, le Québec pourrait potentiellement aller chercher des revenus du 80M$ sur une période de cinq ans.

«Nous demandons d’instaurer une taxe spécifique sur les produits de vapotage afin de les rendre moins abordables auprès des jeunes. Une taxe sur ces produits permettrait de répondre à l’augmentation exponentielle de leur consommation chez les jeunes Québécois et au fait qu’ils sont beaucoup moins chers que les cigarettes régulières. Plusieurs autres provinces canadiennes comme la Colombie-Britannique, la Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve et au moins 28 États américains ont déjà mis en place de telles taxes et nous pensons que le Québec devrait être la suivante», commente Robert Cunningham, analyste principal des politiques à la Société canadienne du cancer.

Acceptabilité sociale au rendez-vous

Selon un sondage Léger (décembre 2020), 76% des Québécois.es sont d’accord avec une augmentation des taxes sur les produits néfastes à la santé (cigarettes, produit de vapotage et boissons sucrées). De plus, 83% des Québécois.es sont en faveur de l’imposition d’une taxe sur les produits de vapotage afin de réduire le taux de jeunes vapoteurs (sondage Ipsos février 2021).

Alors que les dépenses en santé accaparent autour de 50% du budget de fonctionnement du Québec, il est urgent d’agir. «Investir dans la prévention des maladies chroniques et mettre en place des conditions favorables aux saines habitudes de vie pour le bien-être collectif est essentiel, et encore plus dans le contexte actuel. La taxation de produits nuisible à la santé serait l’un des moyens les plus efficaces dans un contexte ou la pandémie démontre la fragilité de notre système de santé, et de nos populations vulnérables, en plus d’être bénéfique pour nos finances publiques qui ont grandement besoin d’aide», conclut Guy Desrosiers, chef de la direction chez Capsana.

(Source: Capsana, CQPP, ASPQ, Coeur+AVC, CQTS et SCC)

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