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L’incinérateur: «une vieille voiture à retaper»?

L’incinérateur est le seul en opération au Québec de cette envergure. Photo: (Capture d'écran - Google Streeview)

Poubelles. Malgré un comité de vigilance et les résultats encourageants de la dernière campagne d’échantillonnage, l’incinérateur peine à obtenir une acceptabilité sociale et ses mesures n’ont pas souvent été à la hauteur des exigences environnementales ces dernières années. Pourtant, pour que la Ville de Québec puisse réaliser son projet de 40M$ d’acheminer la vapeur excédentaire de l’incinérateur vers l’hôpital voisin, elle devra avoir respecté toutes les exigences demandées par la Direction de la santé publique.

Celles-ci comprennent, entre autres, de procéder à un audit externe des procédés d’épuration des gaz et de respecter toutes les normes d’émission du ministère de l’Environnement et des changements climatiques.

L’incinérateur de Québec, mis sur pied en 1976, est la seule usine d’incinération des déchets en opération au Québec en plus de celle, à moins grande échelle, de Lévis. Il en existe deux autres en activité dans la province, mais qui sont utilisés pour les boues des eaux usées.

Dans un but d’amélioration continue des performances, tout récemment, un brûleur à gaz a été installé sur le four numéro 1 (il y en a quatre en tout), ce qui a permis à la Capitale d’avoir un résultat conforme aux normes d’émission du ministère pour ce four.

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Toujours moderniser

Cependant, pour Karel Ménard du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets (FCQGED), ces efforts ne sont pas suffisants. «On a une vieille voiture qu’on essaie de retaper. L’incinération est un mode d’élimination des déchets désuet. Ça coûte des millions de dollars», fait valoir M. Ménard qui voit l’incinérateur comme un frein au développement durable. Le FCQGED considère d’ailleurs toujours que l’incinérateur devrait fermer de façon progressive.

«La Ville de Québec a de toute façon un lieu d’enfouissement obligatoire. Là, elle brûle les déchets et doit enfouir les cendres ensuite au site d’enfouissement. Ça oblige à avoir deux infrastructures et les coûts qui vont avec», se désole-t-il, arguant que tout cela va à l’encontre d’une réduction des déchets à la source.

Vapeur excédentaire vers l’hôpital, un cercle vicieux?

À ce jour, la Ville confirme n’avoir toujours pas établi d’échéancier pour la réalisation des travaux du projet d’énergie à transmettre à l’hôpital, mais cela devrait être «précisé prochainement. Toutes les mesures du plan d’action déposé en 2017 pour l’amélioration du fonctionnement de l’incinérateur seront réalisées d’ici la fin de l’année avec l’installation de brûleurs au gaz naturel dans tous les fours. La Ville répondra ainsi à toutes les recommandations du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques», soutient Mireille Plamondon, conseillère en communications pour la Ville de Québec.

En attendant, la Ville de Québec utilise 20% de l’énergie créée par la vapeur dans l’usine et en vend 40% à ses voisins, l’usine Stadacona de pâtes et papiers White Birch et également à l’usine Glassine. Le restant n’est pas utilisé.

Rappelons que la Direction de santé publique a posé comme condition au centre hospitalier de maintenir en fonction une centrale énergétique autonome pouvant combler les besoins du site hospitalier indépendamment de l’approvisionnement en vapeur.

Malgré tout, pour Karel Ménard, la relation de dépendance qui va s’instaurer est néfaste. «C’est un engrenage d’approvisionner un client. Il faut au contraire sortir de cette relation de dépendance. On trouve des justifications pour faire rouler l’incinérateur. On va avoir besoin d’un carburant pour honorer les contrats. Qui sait, on va peut-être mettre moins d’emphase sur le recyclage?», avance l’environnementaliste.

Détails du projet de 40M$ dévoilé en 2019

Le projet de partenariat prévoit la mise en place d’une conduite souterraine de 2,2 kilomètres qui transportera la vapeur produite en surplus à l’incinérateur vers une centrale de triénergie, située sur le site de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus. Cette centrale transformera la vapeur en énergie pour répondre aux besoins de l’hôpital en chauffage et climatisation.

 

 

 

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