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Ange-gardiens: la peur de contaminer leur famille plus grande que celle du virus

Photo: (Photo gracieuseté)

ANGE-GARDIENS. Comment se vit la pandémie de l’intérieur? Québec Hebdo a recueilli le témoignage d’une préposée aux bénéficiaires et d’une infirmière qui travaillent dans un hôpital. Si leurs tâches sont plus stressantes en raison du virulent virus, ce qu’elles trouvent le plus difficile est sans aucun doute la peur de le transmettre à leurs proches.

Suzie Reeves est prête pour son quart de travail. (Photo gracieuseté)

Modifications de pratiques

Mireille Drapeau est infirmière clinicienne à l’urgence de l’Hôpital Saint-François d’Assise, autant au triage qu’en salle de réanimation où elle travaille depuis bientôt 11 ans. Depuis la crise, sa tâche est considérablement alourdie. «Pour chaque patient chez qui l’on suspecte la Covid, nous devons nous vêtir complètement, parfois de façon plus intense si l’on croit qu’il a de très fortes chances de l’avoir ou de le transmettre. Le déshabillage se fait en plusieurs longues étapes minutieuses et on ne doit pas se contaminer», fait-elle valoir. Les interventions directes avec les patients sont également plus longues entre autres parce que l’infirmière doit être le moins possible avec de personnes qui entrent en contact avec le patient. «On est souvent seule, alors que c’est un travail d’équipe en temps normal», regrette celle qui n’a pas de crainte particulière de manquer de matériel pour le moment.

Suzie Reeves est également employée à l’urgence de l’Hôpital Saint-François d’Assise en tant que préposée aux bénéficiaires. «La seule différence c’est que je dois porter un masque en permanence lorsque je suis dans l’urgence», fait valoir celle qui maintient les mêmes mesures d’hygiène. Contrairement à sa collègue, Mme Reeves entretient certaines craintes concernant la pénurie de matériel, en particulier pour les masques. «Les patients sont presque tous en isolement préventif pour la Covid alors nous utilisons énormément de matériel. Nous travaillons le plus possible pour ne pas en utiliser pour rien, mais reste que les réserves descendent rapidement», indique-t-elle.

Loin des siens: la plus grande difficulté

«Ma principale crainte c’est que j’ai peur de contaminer ma famille», indique Mireille Drapeau. Celle-ci a d’ailleurs bénéficié d’un appartement Airbnb voisin de l’hôpital, prêté par un propriétaire de bloc qui met gratuitement ses appartements à la disposition du personnel de la santé en ce temps de crise. Elle l’habite pendant ses journées de travail afin de ne pas contaminer ses proches.

Il y a eu quelques cas positifs à l’Hôpital Saint-François d’Assise, mais Mme Reeves ne tremble pas non plus. «Je n’ai pas peur d’avoir ce virus. Ce qui me fait peur, c’est que si je l’ai, je le transmette à mon fils, qui lui est à risque puisqu’il est sensible au niveau des bronches et des poumons», mentionne-t-elle. Depuis le début de la crise, elle doit d’ailleurs le laisser plus souvent chez son père. Lorsqu’elle est exposée à des cas positifs, elle s’assure d’attendre quelques jours pour être certaine de ne pas développer de symptômes. «J’ai dû aller passer le test il y a quelques jours, car j’avais des symptômes qui s’avèrent finalement un rhume. Mais pendant ce temps, je n’ai pas vu mon fils pendant onze jours. Le plus difficile c’est de devoir me priver de le voir. D’entendre sa petite voix au téléphone me demander dans combien de dodos je vais le voir et ne pas pouvoir lui donner de réponse», illustre-t-elle.

Une station de triage est installée à l’extérieur, où Mireille Drapeau travaille parfois le temps de la pandémie. (Photo gracieuseté)

 

 

 

 

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