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Covid-19: pas de solution unique pour les étudiants 

«On nous dit de parler à nos professeurs. Mais, pour beaucoup, c’est gênant d’expliquer sa situation personnelle», affirme Elizabeth Leblanc-Michaud, étudiante à l’UQTR. (Photo – Pixabay) Photo:

UNIVERSITÉ. Malgré certaines directives émises par le Ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Jean-François Roberge, aucun établissement universitaire n’a pris exactement les mêmes mesures en ce qui concerne l’avenir des étudiants en ces temps pandémiques. Si chaque établissement est maître entre ses murs, les cours à distance ont été largement préconisés. Une solution qui dérange bon nombre d’étudiants.

Depuis maintenant quelques semaines, plusieurs étudiants universitaires expriment sur différentes tribunes leur mécontentement en ce qui a trait aux mesures prises par les universités québécoises. La mesure la plus populaire, dont celle prise par l’Université Laval: la poursuite de la session à distance avec l’option d’afficher, sur le bulletin, une mention d’échec ou de réussite ou la véritable note finale obtenue.

Cette mesure ainsi que le manque d’uniformité entre les décisions des universités dérangent profondément certains étudiants dont Elizabeth Leblanc-Michaud, étudiante à l’UQTR. «C’est un contexte difficile pour plusieurs étudiants. Certains ont perdu leur emploi, d’autres sont dans le milieu de la santé ou ont des enfants à la maison», explique la jeune femme qui a mis en ligne une pétition afin qu’elle et ses collègues soient entendus par le ministre Roberge.

Le but d’Elizabeth: obtenir un traitement équitable entre tous les étudiants de la province et non pas «un traitement différentiel». «On veut avoir des mesures claires du ministère. Parce que là, les mesures sont différentes d’une école à l’autre, d’un programme à l’autre et même d’un cours à l’autre», souligne-t-elle. Ce que l’étudiante propose dans sa pétition, c’est la suspension des cours dans tous les établissements et une reconnaissance des crédits pour lesquels des notes ont déjà été données. «Les cours en ligne, c’est beau sur papier, mais c’est différent dans la réalité», exprime Elizabeth.

Des cours en ligne de qualité

Les cours en ligne sont-ils la solution miracle en ces temps de Covid-19? Pas à moyen ni à long terme selon Serge Gérin-Lajoie, professeur spécialiste en formation à distance à l’Université TÉLUQ. «Une adaptation rapide à la situation actuelle était nécessaire. Les cours en ligne sont une solution pour les universités. Mais à moyen terme, ça ne peut pas fonctionner. On parle beaucoup de Zoom par exemple. Zoom, ce n’est pas une plateforme d’enseignement. C’est une plateforme de communication. Il faut prendre le temps de monter les cours à distance avec les bons outils», précise M. Gérin-Lajoie.

Un professeur qui doit monter un cours en ligne doit, selon M. Gérin-Lajoie, réfléchir à sa clientèle et au matériel didactique dont elle aura besoin. «On ne peut pas lancer du contenu pendant trois heures et penser que les étudiants vont suivre. Un cours à distance, on doit le réfléchir, le planifier et le développer. Il faut le penser», affirme M. Gérin-Lajoie.

Les cours en ligne sont une solution qui inquiète en partie Sylvie Royer, psychologue privée, spécialisée, entre autres, dans les troubles d’anxiété et les difficultés scolaires. Même si, pour Mme. Royer, les cours en ligne ont un certain aspect positif, le danger avec cette mesure, c’est l’isolement qu’ils peuvent créer chez certains étudiants. «Ce n’est pas tous les étudiants qui vont nécessairement vers les autres. L’isolement augmente les risques de dépression», explique-t-elle. La psychologue souligne que pour prévenir l’isolement, certaines mesures peuvent être mises en place comme des petits groupes d’entraide en ligne et faciliter l’accès pour les étudiants à des psychologues.

Avec la fin de la session qui approche, Elizabeth Leblanc-Michaud admet que des assouplissements ont été mis en place dans les universités, mais se dit déçue de la situation. «Ces mesures sont arrivées trop tard. Je pense que, dans toute cette histoire, on oublie beaucoup d’étudiants, de parents et même d’enseignants. C’est dommage. J’ai l’impression qu’on nous a entendus, mais qu’on ne nous a pas écoutés», conclut-elle.

À lire également : COVID-19: l’Université Laval complète ses cours à distance.

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