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Québec affronte les épidémies au fil des siècles

Joseph Légaré a peint une toile montrant l’épidémie de choléra à Québec. Photo: (Gracieuseté Huile sur toile de Joseph Légaré - Musée des beaux-arts du Canada)

HISTOIRE. La pandémie actuelle s’ajoute à celles que la ville de Québec et la province ont déjà vécues au cours de leur histoire. En dressant un portrait d’ensemble des maladies vécues, on s’aperçoit qu’il y a eu des épidémies de manière assez régulière à Québec. Variole, choléra et grippe espagnole en sont les principales.

La variole (aussi appelée petite vérole) a été la première épidémie dont Québec a été victime, dans les années 1630 à 1640. «Les Amérindiens ont subi un choc microbien et de systèmes immunitaires différents, lorsqu’ils ont rencontré les missionnaires qui ont quitté Québec pour aller à leur rencontre. On pense que cela a décimé de 50% à 60% de la population amérindienne», indique l’historien Réjean Lemoine. Sous le Régime français, la petite vérole a encore frappé. Ce sont environ 300 personnes qui sont décédées sur les 1000 personnes que comptait alors la population de Québec en 1702. Les gens qui arrivaient par bateau pouvaient amener des maladies, de la fièvre ou encore le typhus, qui se propageaient rapidement.
Au 19e siècle, le choléra fait son entrée et frappe à cinq reprises. La pandémie vient d’Inde et trouve sa source dans l’eau contaminée que les gens buvaient. En 1832, c’est l’hécatombe. Sur les 30 000 habitants de la ville, 3000 meurent du choléra. C’est alors qu’on met en place le système de quarantaine des immigrants à Grosse-Île, afin d’endiguer la pandémie. On installe aussi un hôpital de la Marine, qui se trouve sur la rue Gignac actuelle, dans Limoilou, afin d’y placer les malades contagieux qui arrivaient d’Europe. En 1854, le choléra frappe une dernière fois. «Cela a eu pour conséquence de créer le réseau d’aqueduc, qui a réglé le problème», explique M. Lemoine. La maladie court toujours dans les pays qui n’ont pas de système de traitement des eaux, mais un médicament permet de le traiter.
La grippe espagnole arrive en 1918 dans la Capitale et s’avère être particulièrement mortifère. «Sur 90 000 habitants de la ville, 500 personnes en meurent et le tiers de la population l’a attrapé, mentionne Réjean Lemoine. «L’isolement a été la mesure mise en place. On a ouvert des écoles pour mettre les gens là où les religieuses traitaient les malades, surtout par des soins de confort puisque comme pour le coronavirus, il n’y avait pas de vaccin et pas de médicament miracle».
La grippe espagnole, qui n’a d’espagnol que le nom (l’Espagne était alors le seul pays qui n’était pas en guerre et qui ne faisait pas de la censure, permettant ainsi la transmission d’informations fiables sur le virus), est venu en deux vagues, comme pour plusieurs autres épidémies. «La grippe espagnole a eu pour conséquence de développer tout le réseau hospitalier à Québec», fait valoir M. Lemoine.

Des parallèles évidents

Réjean Lemoine identifie quatre parallèles majeurs de la pandémie actuelle avec celles du passé. D’abord, à chaque épidémie, les gens ont peur et se sauvent loin de la ville. Comme en ce moment, on a vu les gens partir dans leur chalet pour fuir les centres urbains. Ensuite, le 2e parallèle, c’est le choc de société, il y a fermeture de presque tout ce qui fonctionne normalement. Une épidémie amène également à chaque fois des transformations profondes de la société, que ce soit dans le réseau de la santé, l’économie ou le travail. Enfin, «les femmes sont toujours au front. Que ce soit les religieuses au début de la colonie qui s’occupaient des varioleux ou actuellement, ce sont surtout les infirmières et le personnel de la santé qui reste majoritairement féminin qui prennent en charge les malades».

La quarantaine : une mesure efficace
Selon l’historien Réjean Lemoine, la quarantaine a toujours été la seule mesure qui fonctionne. Depuis les pestes du Moyen Âge, c’est la manière la plus facile de contrôler une épidémie.

Les Augustines ont été au front pendant l’épidémie de grippe espagnole. (Photo gracieuseté – Archives du Monastère des Augustines)

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