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Les conseils de quartier en danger

Photo: (Photo - iStock Photos)

DOSSIER. Instances municipales, les conseils de quartier servent d’intermédiaire entre la Ville et les citoyens et leur rôle est d’émettre des opinions ou des suggestions. Au nombre de 27 dans la Ville et méconnus d’une grande partie de la population, ils pourraient être amenés à bientôt disparaître si les citoyens ne s’y impliquent pas davantage.

Les conseils de quartier font actuellement face à des défis majeurs de recrutement qui mettent en péril leur survie. Même s’ils sont bien perçus par les élus de la Ville, ils ne bénéficient pas tous du même soutien. Les manques d’intérêt et d’implication citoyens leur portent particulièrement préjudice, alors qu’un rapport initiant une refonte de la politique de participation publique municipale est attendu sous peu.

Relations inégales avec la Ville

«On ne veut pas se mettre à dos les élus. Mais ce n’est pas facile, c’est très démotivant. Certains conseillers ne semblent pas démontrer de bonne volonté», explique Monique Gagnon, vice-présidente du conseil de quartier des Jésuites qui a failli démissionner en octobre dernier, découragée.

Plusieurs membres dénoncent l’absence de suivi et les difficultés à obtenir des réponses, surtout lorsque les conseillers ne sont pas toujours présents aux rencontres. «Les temps sont plus difficiles. […] La machine de la Ville va avoir ce qu’elle veut au bout du compte», exprime Lucette Bouchard, présidente du conseil de quartier de Loretteville. Elle estime que la Ville devrait mieux utiliser «ces bras pour aider».

La présence des élus est également inégale selon les endroits. Certains brillent par leur absence à la majorité des rencontres, alors qu’a contrario, le conseil des Chutes-Montmorency à Beauport accueille à chaque fois le conseiller de l’opposition Stevens Melançon, par exemple. «On a beaucoup d’écoute. L’arrimage avec la Ville va bien», mentionne également Yan Turgeon du conseil de quartier Lairet, qui accueille à ses rencontres deux élues d’Équipe Labeaume.

Bien que les administrateurs d’un conseil de quartier ne fassent pas de politique, leurs idées peuvent rentrer en confrontation avec la volonté de l’administration municipale, ce qui crée des tensions. «On transmet l’opinion des gens. Les élus eux, suivent la politique de la mairie», explique Michel Voisard, président du conseil de quartier Des Jésuites. «Je crois que notre travail est utile, c’est le résultat qui l’est moins», exprime Michel Lambert, du conseil de quartier Notre-Dame-des-Laurentides.

Désintérêt populaire

Le découragement des bénévoles qui siègent aux conseils de quartier de la Ville est aussi dû au manque d’affluence, encore pire lorsqu’on s’éloigne du centre-ville. Les citoyens s’intéressent peu à ce qui s’y dit, sauf si un dossier les touche personnellement.

«On n’est pas tant que ça appuyés par la population, avance Monique Gagnon. C’est vrai qu’un citoyen qui a un problème avec le déneigement, par exemple, il faut qu’il aille voir la Ville. On est les premiers à le dire».

Jacques Turgeon, trésorier du conseil de quartier NDL, croit qu’il y a un désintérêt pour la vie municipale. «Les gens ne connaissent pas l’apport qu’ils peuvent avoir avec nous, c’est décevant», fait valoir quant à elle Lucette Bouchard du conseil de quartier de Loretteville.

Survie menacée

Le recrutement reste le principal défi pour tous. «Il faut savoir que si on tombe en bas de cinq personnes, on ne pourra plus exister. Notre survie est menacée», indique le président du conseil de quartier des Chutes-Montmorency, Mathieu Goupil, qui comprend cinq membres. Cette situation pèse lourd sur leurs épaules, puisqu’une seule absence empêche le chorum d’avoir lieu et la séance doit être annulée.

«On a tenu une élection le mois dernier. Il n’y a malheureusement eu aucune candidature. On avait pourtant mis des papiers aux portes», se désole le président. Si les gens ont peur de l’implication, ils ne devraient pas, selon celui qui s’implique une heure par mois en plus des rencontres, ce qu’il considère comme «pas effrayant».

Budget insuffisant

«On n’a pas les budgets pour travailler. Si la Ville était sérieuse dans sa démarche, elle nous donnerait plus d’argent et un espace de travail», croit Lucette Bouchard. Le budget de fonctionnement annuel est de 1500$. S’il n’est pas utilisé au complet, la Ville se contente de compenser la différence pour arriver à 1500$, un montant qui n’a pas été revu depuis 10 ans. En revanche, l’administration municipale pallie le manque si l’enveloppe est à sec trop rapidement.

Les conseils de quartier ont aussi accès à des montants ponctuels, selon les dossiers sur lesquels ils travaillent, appelés budgets d’initiative, pour une somme qui peut aller jusqu’à 5000$. «Lorsque les rencontres de comités de la Ville se font de jour, (le budget de 1500$, qui couvre nos frais de déplacement, ne couvre pas la perte salariale si on prend congé», note le président du conseil de quartier des Chutes-Montmorency.

À LIRE: notre dossier intégral sur les conseils de quartier sur quebechebdo.com:

 

 

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