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La Luciole de Lucie Lauzier ferme ses portes

COMMUNAUTÉ. «Mon public, moi, c’est ma vie. Et fermer La Luciole, ça veut dire…» La voix nouée d’émotion, Lucie Lauzier dit au revoir à 55 ans de charité dans le secteur de Loretteville. Un «immense deuil» dont ce petit bout de femme de 91 ans se remet tranquillement.

Lucie Lauzier a remis les clés de son local de la rue Racine le 30 novembre. Sur le comptoir de sa cuisine, là où elle le posait, «le trousseau de la Ville n’est plus là», constate-t-elle, comme frappée par l’évidence. Dans son appartement du Manoir de Lorette, des boîtes, des jouets et des vêtements à donner sont entassés dans un coin. «C’est un gros changement. C’est pour ça qu’il y a des traineries partout», justifie-t-elle.

Quelques jours avant la fermeture de son organisme de dépannage vestimentaire, elle et ses bénévoles ont travaillé à redistribuer la majorité des articles à des organismes du secteur: Saint-Vincent-de-Paul, Maison Job, Chevaliers de Colomb. «Ça ne doit pas être vendu» a-t-elle insisté. «Parce que moi, ça n’a jamais été vendu».

«La Luciole, c’est le partage»

Quand elle a jeté les bases de La Luciole en 1960, c’était pour aider la famille de son frère, mort dans un accident de travail. Le souvenir est encore douloureux pour Lucie Lauzier, qui le ressasse par nécessité. «Je me suis mise à téléphoner à tout le monde que je connaissais et ça a commencé à rentrer». Les dons ont alors été tellement nombreux qu’elle décidera d’élargir sa charité aux gens du secteur.

Pendant 55 ans, la demande ne s’essoufflera jamais, rapporte la nonagénaire. Pour pouvoir y répondre, elle fera de l’équité et du partage ses mots d’ordre. «Une fois, j’avais trois grandes serviettes de plage», raconte-t-elle. À une mère de quatre enfants qui les avait toutes prises, elle a expliqué qu’elle pouvait lui en donner une, mais pas plus. «La dame est restée surprise. J’ai dit: “Après vous, il va y en avoir d’autres qui vont avoir besoin d’une serviette de plage”.»

Les dons ont heureusement toujours été constants, rapporte Lucie Lauzier. Elle n’a d’ailleurs que des bons mots pour «son public»; ses clients et ses bénévoles qui lui ont tellement donné. «J’ai formé une clientèle énorme qui m’a fait confiance. C’est ça aussi: c’est la confiance des gens. Si tu ne les trompe pas, ils reviennent, ils te donnent.»

Pour la suite

La femme se répète «chanceuse» d’avoir eu autant d’aide, mais sans relève et avec l’âge, elle ne pouvait plus garder la cadence. «Je me suis gardé quelque chose à faire», confie cependant le petit bout de femme, qui bataille ferme pour ravir chacune de ses énergies au temps.

Des bénévoles se sont proposés pour lui acheminer des dons en denrées, qu’elle compte redistribuer à une poignée de «personnes qui ont besoin; vraiment besoin». Elle a déjà

des noms en tête. Elle a la santé, aussi, assure-t-elle, mais surtout encore la volonté. «J’ai encore du bien à faire», conclut-elle, songeuse.

Sur le même sujet: Une somme de 2500 $ pour La Luciole

Québec Hebdo

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