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Les places en garderie: pas que des heureux dans les circonscriptions de Vanier et Chauveau

Le ministère de la Famille dévoilait la semaine dernière, à quelques jours de la rentrée, la répartition, d’ici 2010 au Québec, des 18 000 places en garderie, dont les 849 pour la Capitale nationale. Le comté de Vanier qui pourtant connaît déjà des besoins criants dans ses secteurs en développement, tel Lebourgneuf, n’obtient que 97 nouvelles places.

«C’est très peu, estime le député de Vanier, Sylvain Légaré. Ça me désole qu’autant de familles soient laissées pour compte dans la circonscription. On fait partie des six zones au Québec où il y a un baby-boom. Même si nous avons eu notre lot d’échanges enflammés, la ministre Courchesne et moi, j’ose croire que cela n’a rien à voir avec le fait que la circonscription de Vanier n’obtienne que 97 places.»
À la garderie privée du Faubourg Le Raphael, Le Monde Enchanté, dont des parents d’enfants inscrits se sont rendus jusqu’au parlement pour obtenir des places subventionnées à 7$; on déchante. Geneviève Côté, propriétaire de l’établissement de l’arrondissement des Rivières, devenu symbole de la lutte pour des places subventionnées dans la région de Québec, était très confiante d’obtenir ces places. «La ministre Courchesne a fait un choix très clair, elle a décidé de privilégier le secteur public», affirme-t-elle.

Les chiffres semblent lui donner raison. Sur les 849 places pour la Capitale nationale, 533 le sont en CPE public, 123 en milieu familial et 193 en garderie privée, soit moins de 20% des places. Et ce n’est pas seulement une question de coût puisqu’une place en milieu familial coûte 18,50$ par jour au gouvernement contre 32,15$ pour la garderie privée. Mais c’est tout de même moins que les 35,25$ des CPE publics qui reçoivent la grande majorité des places.
«Ça aurait dû être un tiers, un tiers, un tiers, évalue Mme Côté. J’ai investi plus d’un million pour rendre ma garderie conforme. Les places en milieu familial sont moins chères, mais on y compte beaucoup de roulement, de fermetures. N’importe qui peut ouvrir un service en milieu familial. Ce sont souvent des mamans qui ont déjà des enfants en bas âge, qui parfois n’ont pas trouvé de places en garderie. Elles gardent des enfants à la maison de façon temporaire en attendant de reprendre leur vraie carrière. Le volet santé-sécurité est certainement excellent, mais pour le volet stimulation ça peut être différent. Les CPE et les garderies privées engagent des professionnels.»
«Le problème, explique M. Légaré, c’est qu’au ministère de la Famille ça fait des années qu’on demande aux garderies privées de faire ça et ça. On leur disait: si vous faites tout ce qu’on vous dit, c’est sûr que vous aurez des places. Aujourd’hui, on ne crée que de nouvelles places; pas de conversions de places existantes. On ne reconnait pas les efforts et les investissements pour les places qui existaient déjà.»
«Nous savons que nos places ne seront pas subventionnées pour plusieurs années, renchérit Mme Côté. Nous sommes extrêmement déçus, des parents sont fâchés. Certains m’ont déjà annoncé qu’ils quittaient, qu’ils ne pouvaient plus assumer les frais non subventionnés. Ce sont les enfants les premières victimes. À cet âge, c’est tout un choc que de vivre une intégration à un nouveau service de garde. C’est sûr que la ministre ne pense pas à ça quand elle prend ses décisions.»

Même si Mme Côté, qui possède deux autres garderies, est déçue, ça ne l’empêche pas d’aller de l’avant avec la construction d’une nouvelle garderie dans le secteur des Méandres. «Nous rejoignons une clientèle privilégiée, expose-t-elle. Dans d’autres secteurs, les garderies seront touchées plus durement.»

Le député de Vanier affirme, quant à lui, qu’il y a toujours 73 000 familles laissées-pour-compte au Québec. «Il y a un modèle unique au Québec. Les 18 000 nouvelles places annoncées ce matin coûteront aux contribuables 251$ par semaine, par enfant. Il me semble que la proposition adéquiste d’offrir 100$ par semaine, par enfant, aurait été nettement avantageuse et ne laisserait pas 73 000 familles sans aide», calcule M. Légaré. Il rappelle que l’annonce de la ministre arrive à minuit moins une. «Il y a des limites à s’amuser avec l’humeur des parents! Initialement, la ministre Courchesne avait promis que les nouvelles places seraient annoncées en juin dernier.»

Une décision qui s’est fait attendre trop longtemps

De son côté, le député de Chauveau, Gilles Taillon, croit que cette décision était prise depuis le budget en avril dernier et que l’on a créé de faux espoirs chez les parents. «On a laissé croire à la conversion de certaines places et là, à quelques semaines de la rentrée, on dit non aux parents. Pourquoi ne pas l’avoir dit en avril dernier si c’était pour en arriver au même résultat?», a réagi M. Taillon par l’entremise de son attaché politique, Martin Comeau.

L’argument du crédit d’impôt ne tient pas non plus, affirme le député de Chauveau. «La réalité de parents dans la classe moyenne, c’est qu’ils ont rarement assez d’argent pour se permettre d’en prêter au gouvernement jusqu’au retour d’impôt.»

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