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Jean-Pierre Paré : collectionneur passionné avant tout

Pour Jean-Pierre Paré, la retraite n’est pas synonyme d’ennui, loin de là. L’auteur du livre Les banques au Québec, qui a également donné son nom au Fonds bancaire Paré du Musée de l’Amérique française, est un passionné. Son dada : les banques et tout ce qui se rattache de près ou de loin à ces institutions et, bien sûr, la monnaie, mais aussi les cartes postales anciennes et l’histoire en général.

Il n’est d’ailleurs pas rare de voir de la lumière tard le soir, voire en pleine nuit, filtrer par la fenêtre du petit bureau du résident du Manoir Duberger. Le numismate l’avoue, il se réveille en pleine nuit pour s’adonner à sa passion. «Mes collections m’apportent toujours autant de plaisir après 40 ans et même plus encore», affirme-t-il, le visage éclairé d’un grand sourire.

De la curiosité à la passion

L’intérêt de Jean-Pierre Paré pour les banques s’est éveillé quand il était encore tout jeune, alors qu’il était enfant de choeur dans sa paroisse natale de Sainte-Anne de Beaupré. Les pères rédemptoristes, et surtout les prêtres étrangers, donnaient quelques sous aux servants de messe. De quoi permettre au jeune garçon de gagner plus d’une trentaine de dollars par semaine, une vraie fortune pour l’époque. Quand son père lui a suggéré de mettre son argent à la banque afin d’accumuler des intérêts, le jeune Jean-Pierre a accepté. Il avait alors deux bouteilles de lait remplies de précieux sous. À la banque, le temps nécessaire au commis pour rouler les pièces a permis au jeune garçon de contempler les lieux. L’intérieur en marbre, la lourde porte de la voute et, surtout, le revolver du commis lui ont laissé toute une impression. Par contre, le petit livret BNC qu’on lui remet en échange de son dépôt lui cause une déception. «Pour tout l’argent que je leur avais laissé, il me semble que je n’avais pas grand-chose en échange!», se souvient M. Paré. Qu’à cela ne tienne, sa curiosité avait été éveillée et sa passion allait naitre bientôt.

Puis à l’adolescence, un marchand local lui propose de lui refiler les pièces particulières qu’il reçoit parfois et Jean-Pierre commence à collectionner les pièces de monnaie. «Presque tous les collectionneurs commencent de cette manière : ils n’ont pas beaucoup de connaissances alors ils collectionnent les pièces par dates», explique M. Paré.

Puis, après son mariage dans les années 1960, alors qu’il travaille pour le Séminaire de Québec, il commence ses recherches sur les banques. Il fonde également, avec quelques autres collectionneurs, la Société numismatique de Québec qui regroupe les passionnés de médailles, de papier-monnaie, de monnaie et de jetons. Rapidement, M. Paré ressent l’envie d’étendre son domaine d’intérêt et commence à réunir des cartes postales anciennes. Il en possède d’ailleurs plus de 600 qui montrent des images de banques. Inutile de dire que le sous-sol de la maison familiale est alors un véritable musée.

Pourtant, la vie de collectionneur passionné n’est pas toujours facile. Jean-Pierre Paré travaille alors 7h par jour au Séminaire de Québec et il passe au moins autant de temps à faire des recherches pour sa collection.

Honneurs et récompenses

Les honneurs n’ont pas manqué de jalonner la «carrière» de numismate de Jean-Pierre Paré. Aux multiples invitations à donner des conférences se sont ajoutées différentes distinctions. Il a ainsi été le premier Canadien de langue française à être distingué par la Canadian Numismatic Research Society et il a aussi reçu la médaille Douglas Fergusson, la plus haute décoration en numismatique.

Mais en 1992, le collectionneur tombe malade et son épouse craint de se faire voler la fameuse collection qui, avec le temps, a pris de la valeur. M. Paré envisage alors de se départir de ses trésors. Toutefois, pas à n’importe quel prix. «J’aurais été insulté de voir les objets que j’avais mis tant de temps à réunir en vente chez les antiquaires. Je voulais qu’ils restent ensemble», se souvient M. Paré. Or celui que l’on appelait à l’époque la mémoire du Musée au Musée de l’Amérique française suggérait souvent des sujets de recherche aux étudiants à partir des connaissances acquises en réunissant les objets de sa collection. Il décide donc, en 1997, de donner sa collection au Musée de l’Amérique française, formant ce qui s’appelle maintenant le Fonds bancaire Paré.

Ce don ne l’a pas empêché de publier l’année dernière le premier livre jamais écrit sur les banques au Québec, le résultat de 20 ans de recherche. Et comme rien n’arrête le retraité passionné, il prépare un autre livre sur les jetons au Québec à la demande de la Société numismatique. Pourtant, Jean-Pierre Paré reste humble par rapport à l’ampleur de son travail. Il explique tout simplement son succès par sa façon de faire. «Ce qui me différencie des autres collectionneurs, c’est que je ne m’arrête pas seulement aux dates, comme un robot. Je tente de retracer l’histoire.»

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