Soutenez

Un huron-wendat à la tête de l’armée

L'une des missions du brigadier-général Jocelyn Paul. (Photo gracieuseté- Armée canadienne) Photo:

PORTRAIT. Jocelyn Paul, natif de Wendake, démontre qu’être autochtone et haut gradé de l’Armée canadienne peuvent aller de pair. Il a été nommé brigadier-général des Forces armées canadiennes en mai 2018.

Soulignant que ses parents décédés, Jean-Claude Paul et Nicole Mailly, l’avaient toujours encouragé dans ses décisions, le brigadier-général a connu tout un parcours avant de joindre l’armée régulière. «J’avais des membres de la famille, du côté de ma mère, qui étaient dans l’armée et c’est quelque chose qui m’intéressait depuis mon jeune âge. J’avais fait un peu de cadets à Neufchâtel pendant un an et demi ou deux ans.»

La photo officielle du brigadier-général Jocelyn Paul. (Photo gracieuseté- Armée canadienne)

Le brigadier général Paul raconte que c’est en finissant son baccalauréat que la carrière militaire l’a intéressée mais qu’il n’avait jamais fait les premiers pas. «Un de mes amis, qui était réserviste, l’a convaincu. «Un soir, je suis allé à Jonquière pour m’enrôler au régiment du Saguenay. Cela s’est fait très rapidement.» Par la suite, il s’est retrouvé à Montréal pour compléter sa maîtrise.

«À 24 ans, j’étais à un moment de ma vie où je me demandais si je continuais à travailler ou je débutais un doctorat qui m’a mené à l’Armée canadienne.»
-Brigadier-général Jocelyn Paul

Un premier emploi à temps complet l’a ramené à Wendake. «À un certain moment, il manquait d’officiers dans la force régulière et comme j’avais complété tous les cours, on m’a demandé si je souhaitais me joindre à l’armée régulière. J’ai décidé de sauter sur l’opportunité, c’est aussi simple que ça. Ça tombait bien, car la base militaire de Valcartier était à côté de chez-moi», raconte celui qui compte aujourd’hui 15 000 personnes sous son commandement, dont 6500 militaires, 6500 réservistes, des Rangers canadiens qui patrouillent dans le nord de l’Ontario et plus de 1000 employés civils.

Carrière

Au fil des années, Jocelyn Paul a accepté plusieurs mutations à l’intérieur du Canada auxquelles se sont ajoutées trois missions à l’étranger, sa première étant en Croatie en 1993. «C’était une guerre civile, au cœur de l’Europe. Ce n’était pas facile, mais j’avais une belle équipe, un peloton de 35 militaires.» Il indique, sans détour, que celle de Kandahar, en 2009, à titre de commandant de groupement tactique, composé de 1200 personnes, l’a le plus marqué. «À ce moment, je commandais la Citadelle de Québec et 2e bataillon du Royal 22e Régiment. Cela a été très demandant tant au niveau physique que psychologique. On est tous revenus transformés de cette mission-là.»

Le brigadier-général photographié avec des Rangers canadiens de l’Ontario.
(Photo gracieuseté – Caitlin Paterson)

Étant le plus haut gradé autochtone de l’armée canadienne, le brigadier-général n’oublie pas pour autant ses racines. «On est ici depuis des millénaires. Les Jésuites avaient créé des missions de conversion au début des colonies françaises dans la vallée du Saint-Laurent. Les deux plus anciennes au Canada sont celles de Kahnawake et Wendake, cette dernière ayant été fondée en 1697.»

Il rappelle que ces missions permettaient à la Couronne française et anglaise, après la conquête, de disposer de soldats et de guerriers autochtones de la vallée du Saint-Laurent. «Lorsqu’on regarde cette période-là, il y avait le Canadien français et le milicien qui se battaient à l’indienne et qui étaient toujours accompagnés de guerriers autochtones.» Il rappelle qu’à la bataille de Châteauguay, en 1813, à peu près toutes les communautés de la vallée du Saint-Laurent étaient impliquées dans ce conflit. «Nous étions des milices.»

L’une des missions du brigadier-général Jocelyn Paul. (Photo gracieuseté)

Rappelant l’histoire autochtone, il mentionne qu’un élément a été oublié, celui des biens du Roi. «Une fois par année, l’agent des Indiens, qui était souvent un officier de l’armée, faisait sa distribution de poudre à fusil, de couvertures, etc., pour entretenir une relation étroite entre la Couronne et ces guerriers autochtones. Avant la loi sur les Indiens, on avait deux chefs à Wendake. Il y avait le chef civil, celui du village, et le chef guerrier.»

La Base des Forces canadiennes à Valcartier annonçait, en novembre, qu’elle offrirait l’été prochain un programme de six semaines qui sera destiné aux autochtones.
(À lire)

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Toute l'actualité locale au même endroit.

En vous inscrivant à Mon Métro, vous manifestez votre engagement envers la presse locale. + Profitez d’une expérience numérique personnalisée en fonction de vos champs d’intérêt et du quartier où vous résidez. + Sélectionnez vos articles favoris pour une lecture en différé.