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La maison Louis-Falardeau bientôt démolie

On peut voir l'état de délabrement de la maison. Photo: /Photo Métro Média - Perrine Gruson

PATRIMOINE. La maison Louis-Falardeau, située dans la rue Éveline-Bossé, répertoriée au patrimoine de la Ville de Québec, ne sera bientôt qu’un souvenir. La Commission d’urbanisme et de conservation de Québec (CUCQ) a autorisé un permis de démolition pour la demeure, composée de plusieurs bâtiments dont au moins un daterait de la fin des années 1873. Malgré sa valeur patrimoniale supérieure, la démolition est autorisée en raison de son état de délabrement, «récupérable seulement si des travaux majeurs et coûteux y étaient réalisés».

Un ancien résident du coin, Vincent Tremblay, a alerté notre rédaction sur la démolition imminente de cette demeure, espérant qu’on lui rende hommage. «C’est un morceau de notre histoire, ça vaut la peine d’en parler», soutient-il.

Une des rares maisons de ferme du secteur

Dans le répertoire du patrimoine bâti de la Ville de Québec, on peut lire ceci, tiré d’un rapport d’experts: «La maison Louis-Falardeau possède une valeur patrimoniale supérieure en raison de son intérêt historique lié au développement de la concession de l’Ormière, pour le maintien de sa fonction résidentielle dans le corps de bâtiment principal et de nombreuses composantes architecturales propres à la maison mansardée, ainsi que pour sa présence à la jonction du boulevard de l’Ormière et de l’ancien chemin Pincourt, tracés fondateurs et pour son implantation traditionnelle, perpendiculaire au boulevard. […] Dans le quartier Les Châtels, on ne compte maintenant que moins de vingt-cinq maisons de ferme et parmi celles-ci, rares sont celles qui voisinent le boulevard de l’Ormière. […] La valeur d’art et d’architecture des bâtiments de la maison Louis-Falardeau tient du fait qu’elle est issue de l’architecture vernaculaire, témoignant ainsi des savoir-faire artisanaux».

La Ville autorise la démolition

Malgré sa valeur patrimoniale reconnue comme supérieure par la Ville, celle-ci a délivré un permis de démolition en novembre 2020 à l’actuel propriétaire. «Conformément au R.V.Q. 2823, lorsqu’une demande de certificat d’autorisation pour des travaux de démolition d’un bâtiment à valeur patrimoniale présumée est soumise à la Ville, celle-ci procède, dans les 75 jours de la demande, à une évaluation patrimoniale de sa valeur. Bien qu’elle ait pour objectif de prioriser la conservation d’un bâtiment à valeur patrimoniale supérieure ou exceptionnelle, la Commission peut en autoriser la démolition si l’état du bâtiment est jugé irrécupérable. Autrement dit, les décisions de la CUCQ ne peuvent faire en sorte de rendre déraisonnables les coûts liés aux exigences de conservation d’un immeuble, explique Wendy Whittom, porte-parole à la Ville de Québec. Malgré la valeur patrimoniale supérieure de la maison, un rapport d’expertise professionnel a démontré que l’état général du bâtiment pouvait être récupérable seulement si des travaux majeurs et coûteux y étaient réalisés. La Commission a donc émis un avis favorable pour la démolition du bâtiment d’habitation».

De bons souvenirs

Un descendant de la maison patrimoniale, Jean-Claude Falardeau, a confié des pans de son enfance dans la maison de son arrière-arrière-grand-père, où il s’est forgé des souvenirs. «Les deux sœurs de mon père, qui avait une épicerie qui s’appelait Oscar Falardeau, faisaient du lavage pour les gens de la ville [dans la partie buanderie]. Cette maison n’a pas de salage, l’eau est rentrée deux fois là-dedans, elle est très endommagée. Son système d’aqueduc est fini», explique M. Falardeau qui se souvient d’une fois où il a dû expliquer aux pompiers où se situait la pompe à eau, en arrière du frigo.

Jean-Claude Falardeau est toujours resté dans le secteur. Aujourd’hui, il habite avec sa femme dans un condo tout neuf, construit juste à côté de la maison ancestrale, où seront bientôt érigés des condos similaires, le propriétaire étant le même. «Ce sont de magnifiques condos. Je ne dis pas que ça ne me fait pas de quoi que la maison soit démolie, j’ai mes souvenirs. Mais ça ne peut pas faire de la peine à personne, elle est trop endommagée», a-t-il confié.

Potentiel archéologique d’intérêt

Le terrain sur lequel se trouve la maison possède un potentiel archéologique d’intérêt, selon le site du patrimoine bâti de la Ville de Québec. «La présence du ruisseau à proximité de la propriété offre un potentiel archéologique préhistorique. De plus, un bâtiment est visible dans le secteur de la maison actuelle sur le plan de D. Hamilton (1761), indiquant qu’une habitation s’y trouvait probablement au Régime français. Étant donné la continuité d’occupation et d’usage depuis cette époque, les traces matérielles qu’on pourrait y découvrir sont tout à fait en lien avec l’occupation de l’environnement et du site».

La Société d’histoire de la Haute-Saint-Charles dénonce cette démolition. Elle regrette de ne pouvoir rien faire de plus, étant donné que la demeure se situe dans un secteur sans protection.

Malgré d’intenses recherches, il n’a pas été possible d’établir de contact avec l’actuel propriétaire de la maison.

 

 

 

 

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