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Cyberdépendance des adolescents: Retour difficile à la vie réelle

(Photo 123RF) Photo:

SANTÉ. Tenus loin de leurs amis, incapables de socialiser et contraints à s’isoler par des mesures sévères de confinement, un bon nombre d’adolescents ont été laissés à eux-mêmes. Alors que certaines familles sont parvenues tant bien que mal à maintenir un équilibre dans l’usage du temps d’écran, d’autres ont sauté à pieds joints dans ce buffet et développé une cyberdépendance dont le sevrage s’avère difficile.

(Photo gracieuseté)

Directrice générale du Centre cyber-aide de Québec, Cathy Tétreault confirme que le retour à une vie plus normale est difficile surtout pour certains adolescents. «L’écran a comblé le plaisir, la socialisation, celui de se défouler et pour d’autres, leurs besoins sexuels. Certains ont choisi de demeurer devant l’écran après le déconfinement, car c’est plus facile pour eux de rester dans leur bulle.»

«On peut tout faire à Noël, manger plus, dormir tard et aller dans les excès. La COVID, ç’a été Noël pendant six mois pour certaines personnes.»
-Cathy Tétreault

L’organisme à but non lucratif est devenu une référence au Québec pour la prévention à l’hypersexualisation, la cyberdépendance et la cybercriminalité. Pour la directrice générale, les parents ne pouvaient pas connaître le côté ludique versus le temps utile de l’ordinateur. «Cela a donné beaucoup plus de pouvoir aux adolescents qui n’allaient pas à l’école, ne voyaient pas leurs amis, ne s’amusaient pas et ne pratiquaient plus de sport.» Elle ajoute qu’il devenait difficile pour les parents de bien encadrer l’usage du temps d’écran.

Cathy Tétreault sillonne le Québec et donne des conférences dans plusieurs établissements scolaires. (Photo gracieuseté)

Ce sont surtout les enfants vivant dans un milieu défavorisé qui ont été les plus touchés par la cyberdépendance, soutient-elle. «Les parents ne pouvant pas leur payer des activités ou leur permettre de faire du sport, les adolescents sont demeurés plus longtemps à la maison.» Mme Tétreault indique que l’Association des pédiatres du Québec suggère un temps d’écran de deux heures pour les personnes âgées de 5 à 17 ans, d’une heure pour celles de 3 à 5 ans et aucune pour les bambins ayant moins de trois ans. «Ce temps inclut celui de la télévision. Elle capte l’attention, mais elle ne fait pas bouger.»

Retour en classes

La récente réouverture des écoles secondaires en mode présentielle, fermées depuis la mi-mars, a amené joie et frustrations dans plusieurs cas soutient Cathy Tétreault. «De quoi les adolescents ont-ils manqué le plus durant ces derniers mois? Socialiser et être face à face. Là, on leur dit qu’ils peuvent se voir, mais qu’ils ne peuvent pas se coller. Ce retour à l’école a mis de côté le fun facile.»

Pour les établissements scolaires qui maintiennent un enseignement virtuel, la durée du temps d’écran doit être saccadée. «Un enseignant pourrait expliquer un devoir, laisser un temps de pose en forçant la fermeture de l’écran pendant 30 minutes, et revenir par la suite.» Le manque de civisme envers des enseignants et des élèves a également été rapporté. «Ce n’est pas l’écran qui développe les mauvais comportements. Souvent, lorsqu’on pose des actes de violence en ligne, c’est parce qu’on les commets aussi dans la réalité.»

Quant aux règles familiales dont certaines ont été durement éprouvées ces derniers mois, elles doivent revenir graduellement, soutient la directrice. «<@Ri>Gamer<@$p>, ça va dans le circuit neuronal du plaisir comparable à celui de la drogue et des médicaments. Ça peut devenir une dépendance et jouer dans le circuit de la récompense lorsque c’est le seul plaisir.»

Le Centre cyber-aide fournit un outil pour les parents d’enfants et d’adolescents permettant de revenir graduellement à un horaire quotidien des écrans à la maison ou ailleurs. «Les enfants qui ont passé beaucoup de temps devant l’écran peuvent avoir manqué des apprentissages qu’ils auraient acquis à l’école ou en socialisation.»

:https://centrecyber-aide.com/pdf/horaire-confinement.pdf

Certains enfants du primaire développent tôt diverses formes de cyberdépendance. (Photo 123FR)

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