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Le roman de Naomi Fontaine adapté au cinéma – Une amitié qui résiste au choc des cultures

Une amitié solide entre ces deux adolescentes. (Photo gracieuseté) Photo:

FAMILLE. Deux amies inséparables, élevées dans la communauté innue Uashat voisine de la ville de Sept-Îles, s’épaulent mutuellement dans diverses épreuves de la vie. À l’aube de leurs 17 ans, leur amitié s’effrite lorsque l’une d’elles s’amourache d’un Blanc et se met à rêver de sortir de cette réserve trop petite pour ses ambitions. Le film Kuessipan, librement inspiré du roman portant le même nom, de Naomi Fontaine paru en 2011, a remporté récemment le Grand Prix de la compétition au Festival de cinéma de la ville de Québec.

Native de Uashat et installée à Québec depuis quelques années dont Loretteville, la romancière amérindienne Naomie Fontaine raconte que son livre regroupe des portraits présentant divers personnages. «C’est une série d’ambiances et d’individus que j’aime et qui font partie de ma vie. Mon roman a permis à la réalisatrice, Myriam Verreault, de créer une histoire autour de deux fillettes qui grandissent comme des sœurs.»

«Il ne faut pas renier qui on est pour adhérer à une autre culture et en même temps, c’est ce qu’on a voulu faire avec les Innus en tentant des assimiler pendant très longtemps.»
-Naomie Fontaine

Pratiquement tous les comédiens apparaissant dans le film, des Innus de la communauté de Uashat, en étaient à leur première expérience en cinéma. La réalisatrice et scénariste amène les cinéphiles à voir évoluer les deux amies, Mikuan (Sharon Fontaine-Ishpatao) et Shaniss (Yamie Grégoire), dans leur environnement familial et social avec une réalité déconcertante.

«On voulait montrer la vie des Innus à travers le regard d’une fille (Mikuan), et créer une histoire qui pouvait se passer ailleurs. Dire voici une Innue, c’est différent de dire voici tous les Innus», raconte Myriam Verreault. «Mikuan et Shaniss, portent en elles deux forces qui s’opposent et se nourrissent: vouloir partir, vouloir rester.»

La réalisatrice Myriam Verreault en compagnie de Naomi Fontaine. (Photo gracieuseté – Laurent Guerin)

Éxpérience

Naomie Fontaine raconte qu’il n’y a pas de mot qui désigne liberté, en innu. «Il faut avoir connu l’enfermement pour se faire une idée de ce qu’est la liberté. Une manière d’exprimer cette idée dans ma langue serait donc fin de l’enfermement. Le contraire de la réserve, finalement.»

Pour Sharon Fontaine-Ishpatao, native de Uashat, et Yamie Grégoire qui grandit dans cette ville, leur première expérience cinématographique les a transformées. Âgée de 21 ans, l’interprète de Mikuan se qualifie d’artiste multidisciplinaire qui recoupe la peinture, la photo, le photomontage et la vidéo. «Ce film m’a apporté de l’espoir et de la confiance. Mon désir secret serait qu’il change la vision du public par rapport aux autochtones. Qu’il n’y ait plus de stéréotypes», souligne Sharon Fontaine-Ishpatao, très honorée d’avoir fait partie de ce projet.

Les deux principales comédiennes, Yamie Grégoire et Sharon Fontaine-Ishpatao (Photo Métro Média – Archives)

Yamie Grégoire, qui a célébré cette année son 18e anniversaire, est une passionnée de sport et d’écriture. Elle a également fait partie de la ligue d’improvisation de son école secondaire Manikanetish. Elle avoue que le film l’a fait grandir. «J’ai vécu de beaux moments avec de bonnes personnes, et j’ai adoré mon expérience. Avant, j’étais perdue, et en faisant le film, j’ai su où j’avais envie d’être! Je me suis retrouvée et je crois qu’il aura un impact sur les gens.»

Naomie Fontaine précise que la différence culturelle paraît plus difficile parfois. «Il y a des choses que tu ne comprends pas de l’autre et c’est réciproque. Les relations qui naissent de deux cultures différentes s’enrichissent l’une et l’autre. C’est essentiel pour les Innus de se reconnaître eux-mêmes dans leur culture avant d’être ouverts aux autres.» Avec ce film, conclut-elle, les Innus sont dans un processus d’ouverture.

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