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L’intuition pour bien se nourrir

DIÈTE. Depuis qu’elle a 20 ans, Manon enchaîne les régimes. Restriction calorique, régimes pauvres en graisse, hyperprotéinés, sans gluten, à la Atkins, Montignac ou Weight Watcher; rien n’y fait vraiment. Résultat: elle déteste se regarder dans le miroir et se reproche constamment son manque de volonté. Une cause perdue cette Manon? Et si le problème ne se trouvait pas au niveau de la diète, mais plutôt au niveau de la perception? C’est bien ce que croit la docteure en nutrition Karine Gravel qui vient de lancer son entreprise de services professionnels en nutrition qui a pignon sur rue sur l’avenue Maguire.

Manon, c’est en quelque sorte le portrait de nombreuses femmes qui jouent au yoyo avec leur poids. Karine Gravel s’est donnée comme mission de leur montrer – ainsi qu’aux hommes bien-sûr – qu’un régime peut être positif et agréable, à condition de s’y prendre de la bonne façon. Et on ne peut pas dire qu’elle n’a pas étudié la question puisque son doctorat, terminé en 2013, portait sur le fait de manger avec ses sens plutôt qu’avec sa tête. (Lire Le régime qui goûte bon)

La résidente du quartier Montcalm rejette la mentalité des diètes amaigrissantes, cible une relation saine avec la nourriture, vise à améliorer les comportements alimentaires à long terme et s’appuie sur des données scientifiques. Elle présente son approche via son site Web www.karinegravel.com.

C’est que les études menées pendant son doctorat lui ont permis de tirer deux conclusions. «Une meilleure connaissance théorique et pratique de l’alimentation permet de manger de façon plus intuitive, en accord avec ses besoins et son sentiment de satiété. De plus, ça permet d’établir une meilleure relation avec la nourriture. Par exemple, une femme mieux outillée décrira un biscuit comme étant rond plutôt que gras, un constat plus objectif et positif», explique Karine Gravel.

L’industrie au banc des accusés

La nutritionniste blâme l’industrie, qui vit en quelque sorte de ses échecs. «Les diètes sont à la mode. Il ne faut pas perdre de vue que c’est une industrie de plusieurs centaines de milliards de dollars par années qui est loin d’avoir réglé le problème du surpoids.»

Elle croit plutôt qu’il faut travailler sur le long terme. «L’objectif, c’est de ne pas mettre l’accent sur le poids. Par exemple, quelqu’un qui fait du sport ne doit pas simplement être déçu s’il ne perd pas rapidement quelques livres. Il faut plutôt considérer qu’on dort mieux ou qu’on a plus d’énergie. Il faut aussi comprendre pourquoi on cherche du réconfort dans la nourriture. Il faut chercher à régler le problème autrement et réapprendre à se faire confiance. J’aide les gens à trouver leur motivation; je ne vends pas du rêve», termine-t-elle.

Un intérêt qui remonte à loin

«Quand j’étais enfant, ma mère était tout le temps au régime et ne mangeait jamais de dessert. Vers 9 ou 10 ans, je suis allée manger chez un ami et j’ai vu sa mère, qui était beaucoup plus mince que la mienne, manger un gros morceau de gâteau au chocolat. Dans ma tête d’enfant, je n’ai pas compris comment ça pouvait être possible.»

Quelques-uns des principes de l’alimentation intuitive

Honorer sa faim lorsqu’elle est modérée

Se permettre de manger tous les aliments souhaités

Considérer sa sensation de satiété pour savoir quand cesser de manger

Vivre ses émotions sans nécessairement utiliser la nourriture

Être physiquement actif par plaisir, et non pour perdre du poids

Sa thèse de doctorat a permis à Karine Gravel de remporter le prix français Jean-Trémolières à Paris, prix qui lui sera remis en octobre. Pour en savoir plus sur la nutritionniste et son approche: www.karinegravel.com

L’Appel, membre du groupe Québec Hebdo

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