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Entretiens avec sa grand-mère

Photo: Photo gracieuseté

Lorsque la comédienne Camille Paré-Poirier a atterri à Montréal en 2016 à l’âge de 22 ans, elle en a profité pour se rapprocher de sa grand-mère en dégénérescence cognitive, qui devait alors déménager dans une résidence privée pour aînés dans la même ville. De ces visites à fréquence soutenue est né le projet de balado Quelqu’une d’immortelle, qui vise à parler de la vieillesse de son aïeule en s’adressant aux jeunes adultes.

«Ma grand-mère était à Montréal et je déménageais là. J’avais 22 ans et c’est comme si je commençais à comprendre qu’elle avait eu une vie avant moi», confie Camille, qui a vécu toute sa vie à Québec, dans Saint-Jean-Baptiste.

Dès ses premières visites, la comédienne a commencé à enregistrer sa grand-mère avec son téléphone, documentant la perte de mémoire et le début de démence de Pauline, 91 ans. «On avait beaucoup de conversations plus quotidiennes. Même quand elle ne me reconnaissait pas, ses valeurs ne changeaient pas et sa personnalité non plus», raconte la jeune femme. Par la suite, les deux femmes ont abordé l’amour, le bonheur, des sujets plus philosophiques. «Ensuite est née l’idée d’en faire un sujet plus artistique».

Échelonnés sur quatre ans, les entretiens sont devenus de plus en plus politiques, lorsque la Covid-19 est arrivée et que les rencontres ont dû se faire par téléphone. «Lorsque ma grand-mère est décédée [en 2020], une étape a changé pour moi. J’ai décidé d’en faire un documentaire poétique. J’explore les liens entre ma grand-mère et moi. Par exemple, toutes les deux on a vécu un déracinement et une perte d’ancrage: moi quand j’ai déménagé à Montréal et elle lorsqu’elle perdait ses repères dans un nouveau milieu de vie».

Pour les jeunes

L’actrice originaire de Québec avait vraiment envie de parler de l’âge avancé en s’adressant aux gens de son âge. «Se questionner sur la vieillesse, prendre conscience de la sagesse des aînés, qu’ils ont passé par les mêmes étapes que nous… […] J’avais envie de montrer pas juste la chronologie de la vie de ma grand-mère, mais voir sa vieillesse comme une partie de sa vie, comme les autres. Pas juste de l’attente de la mort», exprime la jeune femme qui croit que trop de projets sur la vieillesse ne s’adressent pas aux jeunes adultes.

Aborder la démence avec délicatesse

«Comme toutes les personnes qui en côtoient d’autres en perte de mémoire, je me demandais si je devais lui dire qu’elle se trompait sur certains éléments. Pour lui donner la permission de mentir, je lui disais: tu me reconnais, c’est moi ta petite-fille Camille», illustre la comédienne qui ne souhaitait pas la confronter à sa perte de repères mentaux.

Un balado pour l’imaginaire

La jeune femme a enregistré au-dessus d’une cinquantaine d’heures avec son téléphone. Sa grand-mère lui avait donné son consentement, mais elle le lui a redemandé à plusieurs reprises. «Des fois, j’ai fait un tri dans les enregistrements pour les moments où je n’étais pas sûre qu’elle avait un consentement éclairé ou pour nos discussions trop intimes. Je voulais faire un projet que j’aurais été fière de lui faire écouter», exprime la petite fille de Pauline.

Pour l’autrice le balado est un médium qui permet une belle liberté. «Les gens vont être capables de se créer un imaginaire. Ça donne une permission de se spatialiser dans sa tête comme on le souhaite».

Les trois épisodes de ce balado sont disponibles depuis le 10 décembre sur toutes les plateformes d’écoute.

 

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