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La mode subversive d’Alexandre Deslauriers

Alexandre Deslauriers vient de recevoir le prix Under 40 de l’ABA qui reconnaît son travail. Photo: (Photo gracieuseté)

BEAUTÉ. «L’artiste de l’image et de la beauté au sens large» originaire de Québec Alexandre Deslauriers vient de recevoir le prix de l’Allied Beauty Association (ABA) dans la catégorie Artistry, qui vise à reconnaître et encourager la génération montante de leaders et créateurs de l’industrie canadienne de la beauté. Le jeune homme reçoit ce prix avec gratitude, dans un contexte où les normes en matière de mode se transforment.

Il est loin le temps où le photographe et maquilleur autodidacte, qui possédait son studio dans Saint-Roch, photographiait ses amies du secondaire. Maintenant établi à Toronto d’où il parcourt habituellement le monde pour donner des conseils aux bureaux de cosmétiques internationaux et maquiller dans les plus prestigieux défilés, Alexandre Deslauriers continue de créer et promouvoir sa propre vision, mais surtout questionne sans cesse l’ordre établi.

«Le maquillage est un prétexte pour mes conférences. J’explique qu’on peut faire d’une autre façon. Souvent c’est saisissant et confrontant pour les gens. Les règles [par exemple, les étapes de maquillage à respecter], c’est devenu la seule façon de faire», mentionne-t-il. Son but est de faire réaliser au public qu’on peut sortir d’un tel carcan. Pourquoi ne pas déconstruire les règles, notamment pour une façon de faire plus rapide? C’est en tout cas ce qu’Alexandre Deslauriers a expérimenté et l’a amené à être maquilleur pour le défilé de Gucci à Florence, entre autres.

Une mode qui part de l’individu

«Pour moi, la mode n’est pas quelque chose de fixe, c’est une réponse aux enjeux de la société. […] Quand on voit sur Instagram les personnes qui copient Kim Kardashian et lui ressemblent tous, pour moi c’est de l’anti-individualisme. Ça va à l’encontre de l’émancipation de la femme», fait-il valoir. Pourtant, l’industrie de la mode et de la haute-couture promeuvent plutôt des standards rigides et conformistes. Selon M. Deslauriers, la tendance est en train de s’inverser. «Avant ça, il y avait un seul et même maquillage par défilé pour tous les mannequins, mais dans les dernières saisons, on a commencé à faire différents maquillages pour un défilé. C’est quelque chose de très nouveau. Également, avant, le mannequin, on ne voulait pas vraiment le voir, il servait uniquement à montrer le vêtement. Mais on commence à voir un changement, des mannequins avec des physiques atypiques qu’on met en valeur. On adapte même le vêtement à leur personnalité», se réjouit-il. Il donne également comme exemple le défilé de la marque Chanel, plutôt reconnue comme une marque traditionnelle, voire conservatrice, qui pour la première fois a mis sur le podium un premier mannequin transgenre.

Selon lui, ce changement de paradigme se fait surtout grâce aux jeunes qui se réapproprient la mode. «Ils n’attendent plus qu’un catalogue leur présente une façon de s’habiller. Ils choisissent leur propre style éclectique et l’industrie s’adapte». La perfection est par chance en voie d’être délaissée «car les gens ne s’y sentent pas représentés».

Vers plus d’authenticité?

Pour le jeune homme, le confinement a du bon, car on a pu voir des gens chez eux très peu maquillés dans des émissions. «Je souhaite à l’industrie de continuer à s’instruire et de ne pas avoir peur d’oser des nouvelles choses». Et pour lui, quelle suite à donner? «J’aimerais continuer de mettre à profit mon expertise au profit de l’industrie de la beauté pour l’élever et dresser de nouvelles perspectives».

 

 

 

 

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