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La foi pour perpétuer la charité

Photo: (Photo Métro Média - Perrine Gruson)

Rencontre avec la plus jeune Augustine du Québec

RELIGION. Entrée chez les Augustines à l’âge de 29 ans, Sarah MacDonald n’était pas particulièrement prédisposée à une vie en communauté. Son choix s’est effectué progressivement, dans un contexte sociétal de diminution de la sphère religieuse.

Une foi qui s’est bâtie au fur et à mesure

Sarah MacDonald a prononcé ses vœux perpétuels en 2015, à l’issue des étapes de postulat, noviciat et de vœux temporaires. Née et élevée en Ontario de parents croyants mais non pratiquants, ce sont ses grands-parents qui l’ont orientée vers la religion. «Ce sont des personnes qui ont perdu deux enfants et qui ont vécu beaucoup de peine», explique Sœur Sarah McDonald. À l’âge de 16 ans, une amie de Sarah a perdu subitement son père. «Ça a été un éveil pour moi, je me suis tournée vers le Seigneur pour qu’il l’aide», explique celle qui a été confirmée à 18 ans seulement. En 2004, Sarah McDonald a eu le désir de rentrer en communauté mais ne trouvait pas la bonne. Lors d’un congrès eucharistique dont elle s’occupait pour la région de Québec, les Augustines l’ont hébergée. «Je suis tombée en amour». La décision de Sarah ne coulait pas de source pour sa famille. «Ma mère est très heureuse comme mère de famille et elle voulait ça pour moi. L’inconnu faisait peur à mes parents, la hiérarchie de l’église aussi. Mais ils ont vu que je suis heureuse, ils l’ont accepté», explique l’aînée d’une fratrie de trois.

Changement de paradigme

Les trois vœux principaux des congrégations religieuses sont ceux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance. Ce qui a décidé Sarah MacDonald à rejoindre les Augustines c’est leur vœu de servir les pauvres et les malades. «De nos jours, c’est l’État qui a pris en charge les besoins sociaux. Mais parfois, en plus de s’occuper des besoins physiques à l’hôpital, on aurait encore besoin de la tendresse, de l’amour et de la miséricorde aujourd’hui», avance Sœur Sarah. Pour elle, la disparition de la charité est le danger. «On a moins d’œuvres communes», déplore la religieuse.

Participer au système en place

Pour celle qui travaille à temps partiel en tant qu’infirmière auxiliaire dans une résidence pour aînés, «il est important de participer au système en place». Puisque la religieuse perçoit un salaire, celui-ci est directement remis à la communauté des Augustines qui gère et prend des décisions de façon concertée. «Pour aller travailler, j’ai besoin d’une voiture. Elle appartient à la communauté», illustre-t-elle. Sœur Sarah ne parle pas de son travail en termes de carrière. «Pour moi c’est une mission. J’ai celle de prendre soin des pauvres et des malades [le vœu des Augustines qu’elle accomplit entre autres dans la vie civile] et celle que j’effectue au monastère en étant responsable du centre Catherine de Saint-Augustin et de ses visiteurs».

Une renaissance de la spiritualité?

Est-ce que la vie en communauté est appelée à s’éteindre? «On ne sera jamais ici 220 comme en 1940. Mais le Seigneur appelle encore à la vie consacrée. On a un grand besoin de familles chrétiennes, alors on peut vivre la spiritualité d’autres façons. La première étape est le retour en soi. La spiritualité entre en jeu lorsqu’on réalise qu’il n’y a pas juste soi. Il y a quelque chose de plus grand que moi et pour moi, c’est Jésus-Christ. C’est ce Dieu-là qui me fait tourner vers les autres», révèle-t-elle.

Un choix de vie avec des défis

La vie religieuse comporte des défis. «Il ne faut pas croire que c’est facile. Il y a des défis, mais les relever apporte de la joie, confesse Sœur Sarah MacDonald. On peut avoir envie de se lever plus tard, ou de terminer un projet sans être interrompue par nos obligations [l’engagement religieux est ponctué par des routines : laudes, vêpres, messes quotidiennes, repas]. Est-ce qu’il est difficile de renoncer à une vie de couple? «On doit vivre notre sexualité autrement. On reste une femme! La vie de religieuse comporte des renoncements. Mais dans la vie de couple aussi, il y en a. Ce n’est pas pareil, bien sûr, mais je crois que beaucoup de choses se rejoignent. Nos vœux nous offrent une grâce. Le Seigneur nous appelle à être heureuse et je le suis», fait-elle valoir.

Sœur Sarah MacDonald perpétue le vœu des Augustines en s’occupant des malades comme infirmière auxiliaire.

Petite histoire des Augustines à Québec

Le 1er août 1639, trois jeunes femmes venues de France débarquent à Québec. À la demande de la duchesse d’Aiguillon, elles y établissent un hôpital pour soigner les autochtones et les rares colons. L’Hôtel-Dieu de Québec devient alors le premier hôpital d’Amérique du nord. Fondatrices de 12 monastères-hôpitaux, les Augustines ont jeté les bases du système de santé actuel au Québec.

Elles y ont contribué activement, principalement en tant que propriétaires et gestionnaires d’hôpitaux, infirmières et pharmaciennes. Tous les hôpitaux fondés par les Augustines ont été intégrés au réseau public de santé québécois et sont encore en fonction. Quant à leurs monastères, six sont toujours actifs tandis que six autres ont été reconvertis à d’autres usages.

L’Ordre des Augustines du Québec compte actuellement moins d’une centaine de religieuses, alors qu’il en a déjà compté près de 800. Face à la diminution progressive et au vieillissement des membres de leurs communautés, les Augustines ont décidé de confier la sauvegarde de leur patrimoine culturel à la société québécoise en créant une fiducie d’utilité sociale. On peut visiter une partie de leur patrimoine en visitant la partie du monastère des Augustines transformée en musée qui jouxte l’Hôtel Dieu de Québec, en Haute-ville.

(Source : monastère des Augustines)

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