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Défroquer en 2016: mythe ou réalité?

RELIGION. La Révolution tranquille a imprimé dans l’imaginaire collectif le spectacle de vastes cohortes de prêtres claquant la porte de l’Église catholique. De 1966 à 1988, au Québec, leur nombre passera de 8758 à 6428*. Aujourd’hui, on s’entend pour dire qu’il y a peu d’appelés, peu d’élus, mais, parmi ces rangs dégarnis, l’abandon volontaire de la vie religieuse est-il encore une réalité?

«Il y en a toujours eu, des prêtres qui ont quitté l’exercice du ministère après avoir été ordonnés – que ce soit peu de temps après, ou au mitan de la vie, ou plus tard», confirme d’emblée l’abbé Marc Pelchat. Mais d’intense dans les années 1960, à la suite du Concile de Vatican II qui a occasionné de «grands changements dans l’Église», la désaffection se compte depuis les années 2000 sur les doigts des deux mains.

Dans le diocèse de Québec, où l’abbé Pelchat agit comme vicaire général, on rapporte moins d’une dizaine de départs depuis l’an 2000, dont deux cas depuis 2011. Les raisons? «Les motifs peuvent être divers, souvent personnels: incapacité de poursuivre parce que la personne n’est plus à l’aise dans le ministère, parce qu’elle a décidé de se marier…»

Le vicaire insistera trop sur l’exigence de la vocation pour qu’on n’y voit pas là aussi une cause de désertion. Le célibat imposé, la lourde tâche de desservir plusieurs lieux de culte faute de ressources suffisantes, sans compter l’air du temps. Dans la population, «la pratique religieuse a diminué, il y a un certain rejet de la religion qui se manifeste parfois, ou certainement une indifférence», remarque l’abbé Pelchat.

Vers un retour à la vie laïque

Le prêtre qui réfléchit à son avenir au sein de l’Église agit rarement sur un coup de tête. «C’est un cheminement un peu difficile, ça ne se fait pas à la légère», observe le vicaire. Crise, remise en question, consultation, réflexion, prière marquent généralement le processus vers un retour à la vie laïque. Autrefois, précisera le vicaire, on disait «réduction à l’état laïc», mais «ça fait péjoratif comme expression»; on parlera plus volontiers aujourd’hui de «sécularisation».

Dans cet auto-examen, la personne n’est pas laissée à elle-même, l’évêque l’accompagne – «pas pour faire des pressions, mais pour échanger avec elle sur son itinéraire, son parcours de vie, pourquoi elle en arrive là, est-ce qu’on ne pourrait pas faire quelque chose de plus, offrir un accompagnement, une thérapie, un autre ministère plus stimulant…» énumère l’ecclésiastique.

Mais voilà, au terme d’une «réflexion raisonnable», si le prêtre confirme son désir de défroquer, sa demande officielle est transmise à Rome qui l’entérine. «Il n’y a personne qui est forcé de rester», conclut l’abbé Pelchat.

* Nombres tirés de l’ouvrage «Brève histoire socioéconomique du Québec» de John A. Dickinson et Brian Young (Septentrion, 1995).

À lire aussi : Devenir prêtre en 2016: mythe ou réalité?

Québec Hebdo

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