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Devon Matsalla: cornemuseur pour les soldas tombés au combat

Un corridor de milliers d’hommes et de femmes s’est formé, l’émotion est à son comble lorsque les porteurs avancent, ayant dans leurs bras un cercueil arborant un drapeau. L’aumônier rappelle ce sacrifice et le chant funèbre d’une cornemuse s’élève en entamant la chanson Amazing Grace. Par huit fois, Devon Matsalla, un résidant de Québec, était présent, cornemuse à la main, pour rendre hommage à ses confrères Américains et Canadiens, morts au champ de bataille en Afghanistan.

Ce militaire n’a pas fait de son instrument son premier métier. Dans la vie de tous les jours, il est officier des opérations de l’élément de support national. En clair, cela veut dire qu’il coordonne l’approvisionnement des troupes, le transport et la maintenance des véhicules. C’est un concours de circonstances qui l’a amené à rendre hommage à ses camarades tombés au combat. «Le commandant m’a demandé si j’allais apporter ma cornemuse. J’ai dit que oui que je l’apportais pour le plaisir. Il m’a alors dit que mon instrument allait sûrement devenir quelque chose de plus officiel. Je me suis donc porté volontaire lors des cérémonies de la rampe (cérémonie de rapatriement des soldats tombés au combat).»

Le jeune homme, originaire de Calgary, mais dont toute la famille habite maintenant à Québec, a joué ses premières notes sur cet instrument dans les cadets lorsqu’il avait 12 ans. «C’était pour pogner des filles… À 14 ans, je me suis rendu compte que je pouvais avoir des contrats pour les mariages et les funérailles. On me payait 100 $, ce qui était beaucoup d’argent pour un garçon de mon âge.» D’ailleurs, lorsqu’il entre dans la réserve, il le fait à titre de musicien. Mais, par la suite, la vie suivant son cours, il change de branche et la cornemuse est alors reléguée au rang de passe-temps. Un divertissement qu’il avait décidé d’apporter en Afghanistan.

Une fois sur place, il s’est bien vite rendu compte que cet instrument était loin d’avoir sa place dans un environnement comme Kandahar. «C’est un instrument puissant et bruyant et quand je finis de travailler, il est déjà tard, donc je ne peux pas vraiment pratiquer.» Si cet instrument est un peu indésirable auprès de ses collègues de la base, il en est tout autrement lors d’un décès. À ce moment, son rôle devient très important. «La musique remplit le silence. Elle accompagne notre camarade. Quand il n’y en a pas, il manque quelque chose. C’est funèbre, mais nécessaire, car cela rend la cérémonie plus belle et on reconnaît ainsi davantage le sacrifice que cette personne a fait.» Le musicien souligne également que, pour la famille du défunt, cet aspect de la cérémonie est très important.

M. Matsalla est le seul soldat sur la base de Kandahar qui tienne ce rôle. Même s’il ne trouve pas cela agréable, cela le rend tout de même fier. Cependant, cette tâche est loin d’être facile lorsque les gens qu’on ramène entre les planches d’un cercueil sont des amis ou des connaissances. «C’est arrivé que ce soit des gens que je connaisse. C’est difficile, mais je continue.»
* (Collaboration spéciale Julie Roy, hebdo L’Action)

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