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Conseiller de l’armée afghane: une mission différente

Une grande salle, des lits superposés et, dans un coin, un poêle pour se réchauffer de l’un des hivers les plus froids qu’ait connu le pays depuis 10 ans. C’est dans cet environnement, un peu austère, que sont rassemblés sur des tapis plusieurs soldats afghans affairés à préparer leurs armes. Dans cette atmosphère bizarrement tranquille, se trouve parmi eux un étranger du nom de Greg Branch. Cet homme, qui a vécu plusieurs années à Québec, est leur conseiller, leur mentor. Il est là pour leur enseigner les bases du métier afin qu’ils soient fin prêts à partir au combat.

Cela fait sept mois que Greg enseigne les rudiments de la guerre à ces hommes. Avec patience, il a appris à connaître la culture afghane et ses différences. C’est sans doute la raison pour laquelle il n’a pas eu de mal à se faire respecter de ces militaires. «Les Afghans aiment travailler avec les Canadiens parce que nous sommes respectueux de leur culture. Nous n’essayons pas d’en faire des Occidentaux.»

D’ailleurs, la culture afghane est très loin des mœurs nord-américaines. Un rythme de vie où le temps est relatif et où les journées de travail ne peuvent pas compter 12 heures, c’est la réalité à laquelle a dû s’adapter Greg. «Au début, ç’a été dur parce qu’on leur demandait d’être là à 9 h et ils arrivaient à 10 h, mais ça change tranquillement. Comme le temps ne compte pas pour eux, ils ne connaissent pas le stress. D’ailleurs, ici, les gens travaillent de 9 h à 11 h. Ils dînent jusqu’à 14 h parce que le dîner est le repas le plus important de la journée. Ils finissent de travailler à 16 h 30. Pour eux c’est en masse. C’est des faits, il faut vivre avec ça. On s’est donc adaptés.»

Ici, le calendrier n’indique pas que nous sommes en 2008, mais que nous sommes plutôt en 1387 dans l’année du soleil. Ce petit détail peut sembler exotique, mais il a son importance puisqu’avec un calendrier totalement différent, la planification est quasi impossible.

Le fait que ce soit un étranger qui conseille le sergent-major de leur compagnie ne semble pas déranger les Afghans outre mesure. Au contraire, ils sont avides d’apprendre, car ils ne souhaitent qu’une chose: défendre leur patrie contre les talibans.

D’ailleurs, la plupart ne veulent que leur départ, car bon nombre d’entre eux ont eu le malheur de perdre un proche dans cette guerre. Ce qui est très difficile pour eux, car ici la famille est ce qui compte le plus au monde. «Ils sont courageux et patriotiques. Ils foncent, ils sont prêts à prendre une balle pour défendre leur terrain.»

Acceptation

Le fait que Greg ne donne pas d’ordre et laisse le sergent afghan prendre la décision finale aide sûrement à se faire accepter. «Les Afghans sont ouverts, mais nous ne sommes pas là pour prendre les décisions à leur place. Nous leur suggérons des choses, nous ne sommes pas là pour commander», raconte Greg. Lorsque des problèmes surviennent, Greg a même appris à les régler à la manière du pays, soit autour d’une tasse de thé.

L’entraînement va bon train et Greg est persuadé que des progrès ont été réalisés et que, petit à petit, l’armée afghane deviendra autonome. «Les talibans ont peur de l’armée. Elle est de plus en plus solide et stable. Ce que je souhaite c’est qu’un jour le pays se stabilise.»
* (Collaboration spéciale Julie Roy, hebdo L’Action)

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