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Contenants à seringues usagées désormais vendus

SANTÉ. Des changements de réglementation dans le Système intégré de récupération de seringues et d’aiguilles usagées (SIRSAU) obligent certains pharmaciens à facturer à leurs clients les boîtes de récupération de seringues de grand format.

Marie-Ève Boucher utilise ces boîtes depuis maintenant cinq ans. Un des médicaments qu’elle prend par injection, le méthotrexate, contient des éléments très nocifs à utiliser avec prudence. «Quand je prenais le médicament en comprimé, je devais retourner mes boîtes de pilules à la pharmacie pour éviter toute contamination, explique-t-elle. C’est aussi toxique que de la chimiothérapie.»

Cette résidente de Limoilou, à Québec, avait l’habitude d’aller chercher les boîtes de récupération de seringues usées données dans les pharmacies pour disposer de son médicament, jusqu’au jour où l’on a dû lui faire payer la boîte de grand format de 4L. «La pharmacie ne donnait que le petit format de boîte, raconte-t-elle. Mais mes aiguilles n’entrent pas de ce format.»

Changement de r��glementation

Le ministère de la Santé et des Services sociaux a apporté des changements à son programme SIRSAU. Plutôt que de livrer à volonté à chaque pharmacie des boîtes à aiguilles et seringues usées, seule les boîtes de 1,4L seront livrées en fonction des commandes de l’année 2013-2014. «Le ministère s’est rendu compte que certaines pharmacies utilisaient les boîtes à seringue à mauvais escient, comme en les distribuant à des cliniques privées, explique la porte-parole du ministère, Marie-Claude Lacasse. On s’est aussi rendu compte, après un sondage auprès des pharmacies, que plusieurs d’entre elles n’utilisaient pas complètement leur commande de boîtes.»

Les dispositions varient entre chaque pharmacie. Certaines pharmacies décident d’assumer le coût des boîtes à seringue et de continuer la distribution gratuite à leur clientèle. Pour d’autres, comme celle de Marie-Ève Boucher, on facture les contenants au prix de 5,99$ pour une grande boîte. «Ça m’inquiète pour les personnes au revenu plus serré qui doivent débourser de nouveaux frais», admet la jeune femme.

Inquiétude dans les pharmacies

Plusieurs pharmaciens ont fait savoir leurs craintes à leur ordre professionnel, affirme la responsable des communications de l’Ordre des pharmaciens, Julie Villeneuve. «Plusieurs ont peur d’atteindre leur limite trop rapidement et de ne plus pouvoir en distribuer, explique-t-elle. Les patients pourront remettre leur seringue dans d’autres boîtes comme avant ou se tourner vers les CLSC.»

Marie-Ève Boucher s’inquiète pour la santé publique qui pourrait être touchée par cette nouvelle façon de procéder. «Qu’est-ce que les gens vont faire, jeter leurs aiguilles dans les poubelles? Questionne-t-elle. Les produits qu’on retrouve dans les médicaments que je prends sont aussi toxiques pour l’environnement que pour les gens qui ne l’utilisent pas convenablement.» La contamination par le sang la préoccupe également. «Est-ce qu’on va devoir attendre qu’il y ait un accident et que quelqu’un se pique avec une vieille seringue avant d’agir?»

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