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Démystifier le travail de rue

PROFESSION. Vocation complexe à la portée difficilement mesurable, le travail de rue reste néanmoins essentiel sur la Côte-de-Beaupré, aux dires de son principal porteur, Martin Pouliot, qui s’affaire à rencontrer et écouter ceux et celles à qui la vie n’a pas toujours fait de cadeaux.

Difficile de donner une seule définition au travail de rue, alors que la pratique, particulière au Québec, touche des sujets très vastes. «Mon but, c’est d’être en lien avec les gens, raconte Martin Pouliot de TAG – Travail de rue. Je ne veux pas laisser une difficulté s’interposer entre la personne et moi.» La rencontre typique d’un travailleur de rue: une visite chez un particulier ou dans un café, où la personne peut parler sans tabou de ses préoccupations.

Durant ses journées, Martin Pouliot rencontre des gens de tous les horizons, au parcours unique. «On a l’habitude de marginaliser les gens moindrement différents dans notre société, croit celui qui œuvre chez TAG depuis cinq ans. Mais la différence, c’est beau, il faudrait plutôt la cultiver.» Certains font appellent à lui en pleine détresse, mais d’autres peuvent simplement avoir besoin de se confier, loin des jugements d’autrui.

Savoir où et quand intervenir

Territoire étendu d’est en ouest, la Côte-de-Beaupré demande à ce que les efforts du travailleur de rue soient concentrés dans certains milieux en particulier, plutôt que d’investiguer la région au grand complet. «Si ça me prend 30$ de gaz me rendre à Boischatel, ce n’est pas rentable, illustre Martin Pouliot. Mais si je sais où aller, à quel moment et à qui parler, là, c’est plus intéressant.» Café, bar, parc, école, maison des jeunes, l’homme a développé quelques habitudes où les gens peuvent le retrouver semaine après semaine.

Le téléphone de l’intervenant n’est jamais bien loin, prêt à répondre à l’appel à tout moment, même si ça implique de sortir du lit en pleine nuit. Chaque semaine, l’homme a aussi des rencontres de suivi, où il prend le temps d’échanger avec la personne et, à un certain stade, de la confronter à ses problèmes. «Je ne suis pas là pour juger, mais pour travailler avec les gens sur les impacts de leurs difficultés sur leur vie.»

Une femme veut rester avec son mari violent? Martin Pouliot continue de l’accompagner plutôt que de la laisser à elle-même. Un toxicomane a peur de perdre son emploi? Il cherche à trouver des trucs avec lui pour ne pas que sa consommation affecte son travail. L’important, c’est que ces personnes, qui ont souvent peu de liens et plus confiance au système, trouvent quelqu’un à qui s’adresser.

Axer sur les projets

Martin Pouliot a développé l’habitude d’entreprendre des projets à partir de son métier, une façon de mobiliser les jeunes qu’ils rencontrent. Il a déjà appuyé un groupe de jeunes à l’hôtel de ville de Beaupré avant les dernières élections municipales pour qu’ils revendiquent l’accès à une patinoire dans leur secteur de la ville. Plus récemment, il aide des adolescents de L’Ange-Gardien pour leur demande d’un nouveau skate-parc. «Je les accompagne, mais ce sont eux qui font le travail», affirme-t-il. Spectacles de musique et exposition font aussi partie de ses affinités.

 

Québec Hebdo

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