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Le Nunavik, tiers-monde du Québec

SANTÉ – Avec des conditions de vie qui se comparent à celles observées dans les pays en voie de développement, le Nunavik présente la plus faible espérance de vie de la province, accusant un retard d’environ 15 ans par rapport au reste du Québec.

La longévité moyenne dans cette région nordique est de 70,4 ans pour les femmes et de 64,5 ans pour les hommes, bien loin de la moyenne québécoise. Un écart qui met en relief le cadre socioéconomique difficile dans lequel évolue cette communauté inuit et les multiples défis auxquels elle se heurte. Les problèmes de sécurité alimentaire, le coût élevé de la vie, le haut taux de chômage, la dépendance à l’alcool et aux drogues, la pénurie de logements et le faible niveau d’éducation sont autant d’éléments qui ont un impact sur la santé, la durée et la qualité de vie des habitants de ce territoire.

Haut taux de mortalité infantile

Le Nunavik se distingue par un taux de mortalité infantile plus élevé qu’ailleurs dans la province. Le faible poids à la naissance, les accouchements prématurés et la forte proportion d’infections des voies respiratoires chez les enfants contribuent à ce phénomène.
«Le taux de fécondation est important, on se retrouve donc avec des familles nombreuses, des habitations qui sont surpeuplées, ce qui crée des environnements propices à la propagation des infections», explique la directrice de la santé publique intérimaire de la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik, Dre Françoise Bouchard.

La détresse et le suicide

La région se démarque également par son fort pourcentage de décès liés au suicide. En moyenne 13 personnes par année (sur une population d’environ 12 000 habitants) mettent volontairement fin à leurs jours, surtout des jeunes, ce qui a un impact sur l’espérance de vie de la population globale. Toutes proportions gardées, on parle ici d’un peu plus de 100 suicides par tranche de 100 000 habitants, alors qu’on en compte en moyenne 15 dans l’ensemble de la province.
Le suicide est la deuxième cause de mortalité la plus fréquente dans cette région (19 %), après le cancer (20,8 %). Le phénomène est préoccupant, admet Dre Bouchard. Elle précise que pour prévenir cette détresse, qui découle d’une multitude de facteurs, un service d’aide et d’écoute accessible 24 heures sur 24, sept jours sur sept, est en cours d’implantation. «Le défi, c’est de favoriser un accès dans des communautés qui ne sont pas reliées par des routes», mentionne-t-elle.

Des cas de turberculose

Les communautés nunavimmiutes sont en proie depuis deux ou trois ans à une recrudescence de la tuberculose, une maladie pratiquement disparue du Québec et du Canada. Interpellés par cette problématique, les intervenants en santé publique suivent la situation de près. Dre Françoise Bouchard rappelle qu’en 2012, 75 résidents de George River, un village de 800 habitants, ont contracté cette maladie infectieuse et une centaine d’autres ont reçu un traitement préventif. Encore aujourd’hui, des cas sont observés. La tuberculose affecte principalement les 15-34 ans, une clientèle qui n’est pas portée à consulter. La promiscuité accentue les risques de propagation. À ce jour, aucun décès n’a été recensé.

Quelques chiffres

12 000: Les 12 000 habitants du Nunavik vivent dans 14 villages répartis sur un vaste territoire s’étendant le long de la Baie d’Hudson, du détroit d’Hudson et de la Baie d’Ungava.

34 %: Une personne sur trois est âgée de moins de 15 ans.

77 %: Plus de trois personnes sur quatre, jeunes et adultes, fument la cigarette, ce qui contribue à accroître la prévalence du cancer du poumon, des maladies respiratoires chroniques et des maladies cardiovasculaires.

Groupe Québec Hebdo

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