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Parents et étudiants: quand les études ne sont plus un jeu d’enfants

ÉDUCATION. L’Association de parents étudiant ou travaillant à l’Université Laval (APETUL) s’apprête à déposer à l’administration de l’université une proposition de politique familiale pour faciliter la conciliation entre famille, études et travail.

Ils sont de 6000 à 9000 étudiants à l’Université Laval, estime l’APETUL, des milliers d’étudiants à porter deux chapeaux, voire plus, au quotidien. Ils étudient, à la maîtrise, au doctorat ou au baccalauréat, tout en élevant leurs enfants. Pourtant, rien n’indique leur présence sur le campus, se désole l’association.

«On dirait que l’université est restée en 1950», s’étonne la coordonnatrice par intérim de l’APETUL, étudiante à la maîtrise et elle-même mère de quatre enfants, Annie-Pierre Bélanger. Pourtant, l’ère où les étudiants représentaient majoritairement des garçons entre 18 à 25 ans vivant toujours chez leurs parents est révolue depuis longtemps, assure l’étudiante. «On est en plein dans l’âge de la fertilité, ajoute Mme Bélanger. On ne peut pas renier cette réalité.»

Dix ans après sa création, l’APETUL a préparé une série de demandes pour faciliter la conciliation entre la famille et les études. «On ne veut plus que ce soit deux vases clos qui se cognent, image la présidente de l’APETUL, Isabelle Caouette. On veut la reconnaissance de besoins spécifiques, comme les étudiants sportifs ou ceux qui souffrent d’un handicap.» Une plus grande flexibilité dans la remise des travaux, la reconnaissance d’une session à temps plein avec des cours à temps partiel et des garderies mieux adaptées font partie des suggestions proposées par l’APETUL.

Deux vies en une

Avec les cours, les travaux d’équipe, les examens et la vie familiale, sans compter le travail pour certains, le quotidien devient rapidement un feu roulant. «La nuit, quand mon bébé se réveillait, c’était moi qui me levais et j’en profitais pour rédiger mes travaux», se souvient Annie-Pierre Bélanger. «Tu ne peux pas te permettre de ne pas être productive, poursuit Isabelle Caouette. Un médecin m’avait suggéré de me reposer une session. Je lui avais dit que je n’avais tout simplement pas le temps.»

Avec des horaires réglés au quart de tour, le moindre imprévu se transforme en catastrophe. «Si ma fille tombe malade et est hospitalisée, ce n’est pas une raison, aux yeux de l’université, pour reprendre mon examen», renchérit la présidente. Pas possible non plus d’avoir accès à une série de bourses de recherche ou même de conserver son visa d’étudiant pour les parents étudiants étrangers si on n’est pas à temps plein.

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Où sont les règlements?

Un flou persiste dans les règlements de l’institution scolaire, où aucune référence à la maternité, l’accouchement ou la parentalité n’a été relevée par l’APETUL. «Plusieurs étudiants nous demandent s’ils peuvent apporter leur enfant en classe, donne comme exemple Isabelle Caouette. En ce moment, rien de l’interdit, mais rien ne le permet non plus.»

Résultat: les parents étudiants doivent négocier au cas par cas avec leurs professeurs et, parfois même, avec leur direction de programme. «Certains professeurs établissent des règles très sévères, comme ne pas sortir de classe pendant trois heures lors d’un examen, illustre Mme Bélanger. Essaie de te retenir quand tu es enceinte et que tu vas aux toilettes chaque heure.» Une politique familiale viendrait uniformiser et encadrer les demandes, en plus de faire économiser du temps aux parents étudiants, clame l’association.

Cette réalité n’est pas exclusive l’Université Laval, mais plutôt répandue dans le système d’éducation. «Au cégep lors d’un examen, quand j’étais enceinte et que j’avais des nausées, mon professeur m’avait simplement mis une poubelle à côté de moi, raconte Isabelle Caouette. Je devais vomir devant toute la classe.» Raison de plus pour que l’Université Laval devienne un précurseur en matière de politique familiale, juge les deux représentantes de l’APETUL.

 Québec Hebdo

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