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Tragédie à Valcartier: les victimes toujours dans l’attente d’une indemnisation

FORCES ARMÉES. Il y aura bientôt un an que l’Ombudsman des Forces armées canadiennes (FAC) a recommandé à Ottawa d’indemniser les victimes de l’explosion accidentelle d’une grenade au camp d’été pour cadets de Valcartier, le 30 juillet 1974. À l’aube du 42e anniversaire de ce drame qui aura fait 6 morts et 65 blessés, l’aide promise tarde encore à se concrétiser.

«On dirait qu’on rentre le couteau dans la plaie et qu’on tourne constamment», a réagi, mercredi, Clermont Morin, sergent-major régimentaire au moment des événements. Accompagné par le député de sa circonscription et porte-parole associé en matière de Défense nationale, Pierre Paul-Hus, il a déploré la lenteur d’un processus qui ajoute au fardeau que portent déjà, depuis plus de 40 ans, les personnes impliquées.

Ce jour-là du 30 juillet 1974, c’est une centaine de vies qui ont été brisées, rapporte M. Morin. Cadets comme responsables du camp auront été marqués au fer rouge, les traumatismes physiques de la soixantaine de blessés gommant les maux psychologiques, moins apparents – et moins documentés à l’époque. Le syndrome du stress post-traumatique a gâché l’existence de plusieurs qui auront trouvé refuge dans les médicaments, l’alcool, la drogue… et même le suicide, confirme le résident de Québec, qui a connaissance de quatre cas.

Des soins médicaux immédiats auront été prodigués aux blessés physiques mais, les cadets n’ayant pas de statut au sein des FAC, ils n’auront obtenu aucune autre aide ni indemnité. Quelque 35 ans plus tard, ils se mobiliseront pour dénoncer cette injustice, laquelle a finalement mené à une enquête de l’Ombudsman. En 2015, celui-ci leur a donné raison en recommandant au ministère de la Défense nationale d’accorder «une indemnité financière immédiate et raisonnable» aux victimes.

Délais

Depuis, des formulaires ont été acheminés aux principaux concernés afin qu’ils témoignent des préjudices vécus, à l’aune desquels seront chiffrées les indemnités. Seulement voilà, «les évaluations des besoins médicaux sont toujours en cours. Nous pouvons confirmer que 102 questionnaires médicaux ont été envoyés, et que 39 ont été retournés dûment remplis à ce jour», indique la porte-parole du MDN, Laura McIntyre-Grills. Le processus prend du temps, car les personnes concernées doivent consulter leur médecin de famille pour obtenir une évaluation.

Cela expliquerait donc les attentes déçues de Clermont Morin qui, anticipant des suites rapides après le dépôt du rapport de l’Ombudsman, a été informé récemment que la conclusion du dossier pourrait s’étirer jusqu’à l’an prochain. «Nous élaborerons des plans de traitement personnalisés en fonction de ces évaluations pour déterminer de quels types de soins les personnes touchées ont le plus besoin», assure la porte-parole, qui réaffirme le soutien du ministère dans cette tragédie.

Chose certaine, Pierre Paul-Hus veillera au grain, lui qui, mercredi matin, s’expliquait mal les délais encourus. Le député conservateur de Charlesbourg-Haute-Saint-Charles ne peut qu’espérer que les victimes sauront à quoi s’en tenir lorsqu’elles se réuniront, le 30 juillet prochain, pour commémorer le drame.

Rappel des événements

Le 30 juillet 1974, 136 cadets de la compagnie D, âgés de 14 et 15 ans, participent à un cours sur les explosifs dans une salle de classe de la base militaire de Valcartier, dans la région de Québec. À leur disposition, des grenades en démonstration, inoffensives. Sauf une, qui se trouve là par erreur, et dont l’explosion coûtera la vie à 6 personnes et en blessera 65 autres, dont 62 cadets.

À lire aussi : Notre série d’articles rédigés en 2014, pour souligner les 40 ans de la tragédie.

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Québec Hebdo

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