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Saint-Tite-des-Caps: des résidents toujours sans électricité

DÉVELOPPEMENT.Jason Pelletier voulait un coin tranquille où il pourrait bâtir sa maison à peu de frais. Adepte de nature et de planche à neige, le terrain qu’il a trouvé sur le chemin Cauchon à Saint-Tite-des-Caps était l’endroit idéal pour sa conjointe et lui. Un seul problème persiste: ils n’ont pas l’électricité.

Jason Pelletier doit se débrouiller pour vivre à l’année sans électricité.

(Photo TC Media – Prisca Benoit)

«Les gens vont souvent penser que c’est <@Ri>l’fun<@$p> de ne pas avoir à payer de facture d’Hydro-Québec, mais au bout de la ligne, ça revient plus cher d’être installé avec tout l’équipement que j’ai», explique celui qui habite le chemin Cauchon depuis trois ans. Panneau solaire, propane et génératrice font partie de l’attirail nécessaire pour avoir de l’électricité à longueur d’année.

Auparavant, le chemin Cauchon était la route pour se rendre jusqu’à Baie-Saint-Paul avant la construction des routes provinciales. Les terres de la Corporation des propriétaires du chemin Cauchon ont longtemps été considérées comme des endroits de villégiature. Sauf que de plus en plus de résidents décident d’y vivre toute l’année. Sur 104 propriétaires, dont certains ont seulement des terrains sans résidence, près de 25 habitent le chemin Cauchon à l’année, tandis que d’autres utilisent leur résidence comme chalet.

La maison de Rolland Bouchard fonctionne essentiellement à l’énergie solaire et au propane. C’est l’hiver, lorsque le soleil est bas, que les temps sont plus difficiles.

(Photo TC Media – Prisca Benoit)

«Au début, ça ne nous dérangeait pas, mais là, ça commence à nous fatiguer, commente Raymond Bouchard, propriétaire sur le chemin Cauchon depuis 33 ans. On vieillit, veut, veut pas, et ça nous prend un minimum de confort.» Sa femme et lui, qui vivent de façon permanente sur le rang depuis 10 ans, envisagent même de déménager s’ils ne sont pas reliés à Hydro-Québec.

Des factures qui grimpent vites

Hydro-Québec a évalué que le coût pour les travaux de prolongement du réseau sur 5,5km, soit la longueur du chemin, coûterait environ 259 200$, un montant qui fait sourciller le maire de Saint-Tite-des-Caps, Majella Pichette. «On a un revenu de taxes de 800 000$ annuellement à Saint-Tite, déplore-t-il. Je ne vois pas comment je pourrais payer ça.» D’autant plus que l’évaluation des coûts pourrait varier de plus ou moins 30%, menaçant de faire grimper la facture en flèche. «Ça dépend toujours de ce qui peut arriver sur le chantier et qui est hors de notre contrôle», explique la porte-parole d’Hydro-Québec, Geneviève Gourde. Elle ajoute que lorsque des résidents habitent dans un endroit non desservi par l’aqueduc, la Société d’État ne juge pas la zone assez densément peuplée pour justifier que les contribuables paient pour l’électrification, ce pour quoi la facture est au coût des propriétaires.

De plus en plus de maisons sont aménagées pour pouvoir fonctionner à l’année sans l’électricité d’Hydro-Québec. Fait à noter: la ligne téléphonique de Bell Canada, elle, se rend sur le rang.

(Photo TC media – Prisca Benoit)

La corporation s’est tournée une première fois vers le fonds régional de la MRC de La Côte-de-Beaupré pour tenter de recevoir un soutien financier. Elle demandait à la MRC de verser 150 000$ pour le projet. Dans sa demande, elle évaluait qu’une cinquantaine de résidents voudraient se brancher. Ces propriétaires se sont engagés à verser 500$ chaque, pour un total de 25 000$. Ils estimaient également qu’Hydro-Québec verserait 3000$ par propriétaire pour supporter le projet, pour un total de 150 000$. [NDLR: C’est plutôt 2600$ par résidence branchée durant les cinq premières années que verse Hydro-Québec comme subvention.] L’ensemble des contributions couvre les frais du projet à son plus cher. «Si on a besoin de moins, on ajustera avec la MRC», ajoute M. Pichette.

Le comité de la MRC chargé d’évaluer les dossiers a toutefois refusé la première demande de financement. «Plusieurs éléments font en sorte que ça ne cadre pas ou peu avec la philosophie qu’on a», explique le directeur général de la MRC, Michel Bélanger, tout en précisant que le dossier cheminait toujours. D’abord, le projet touche un trop petit pourcentage de la population de la Côte-de-Beaupré, alors que le fonds régional a été pensé pour des projets au rayonnement régional. L’investissement profiterait directement aux résidents, dont la valeur du terrain bondirait avec l’arrivée de l’électricité. «C’est comme utiliser des fonds publics pour financer un terrain privé», illustre-t-il. Par ailleurs, il existe déjà un programme d’Hydro-Québec spécialement conçu pour ce genre de situation, fait valoir le directeur général.

La corporation des propriétaires a déjà payé près de 25 000$ pour réaliser les plans de servitude, nécessaire pour le prolongement du réseau d’Hydro-Québec dans le rang. Ils ont également arpenté le terrain. Un autre 35 000$ devrait être payé pour la réalisation des plans d’ingénierie, qui permettrait d’avoir une idée fixe des coûts à assumer. «C’est beaucoup trop d’argent demandé aux citoyens», croit M. Pichette.

Pour l’instant, 37 personnes ont signé une lettre d’intention de branchement à Hydro-Québec. Parmi eux, une trentaine de personnes ont même déjà payé à l’avance les coûts reliés au branchement, d’environ 415$. «Si ça n’avez été que 15 personnes, je ne dis pas, mais là, on a une trentaine de citoyens qui veulent être branché à l’électricité», explique Majella Pichette.

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