Soutenez

TNO Sault-Au-Cochon: une carrière qui inquiète

– Près de 10 ans après la controverse entourant une carrière de granit au cap Brûlé, un autre projet du genre dans le Territoire non organisé (TNO) de Sault-Au-Cochon soulève des inquiétudes. Un permis a été octroyé à une entreprise pour commencer l’exploitation d’une carrière dans le secteur, ce à quoi s’opposent plusieurs acteurs régionaux.

Le ministère des Ressources naturelles (MRN) a émis un bail en faveur des Entreprises Jacques Dufour et Fils inc., basées à Baie-Saint-Paul, pour exploiter une carrière de 25 hectares à des fins commerciales. Le bail est d’une durée de dix ans, renouvelable pour cinq ans.

Le ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP) a quant à lui délivré un certificat d’autorisation le 12 décembre dernier, les projets de ce genre devant répondre à certaines normes environnementales pour être autorisés.

Comme l’explique Guillaume Dufour, ingénieur aux Entreprises Jacques Dufour et Fils, les travaux débuteraient dès l’été prochain. Il s’agirait d’une carrière de granit qui servirait à obtenir du granulat pour la construction de routes. Elle se situerait à environ 1,5 kilomètre du Lac Saint-Tite et 2 km du Sentier des Caps.

Ce projet ne fait toutefois pas l’affaire de plusieurs sur la Côte-de-Beaupré. La MRC avait pourtant démontré son opposition au projet à deux reprises, la première fois par l’entremise de commentaires envoyés à la Direction des titres miniers et des systèmes (DTMS) à la fin 2012, et la deuxième fois lors d’une rencontre avec deux personnes du MRN le 16 juillet 2013. Le projet a malgré tout obtenu les permis nécessaires, poussant les maires de la MRC à adopter une résolution lors du dernier conseil dans laquelle on demande au MRN de retirer le permis.

Parmi les arguments avancés, la MRC souligne que ce territoire représente «un immense potentiel de conservation, d’archéologie et de récréotourisme». «C’est incompatible avec la vocation et la mission du TNO, un endroit qu’on veut développer pour le récréotourisme», indique le préfet, Jean-Luc Fortin.

Biodiversité

Alors que des démarches sont en cours avec le MDDEFP pour créer une aire protégée de type «réserve de biodiversité», autoriser un nouveau site d’extraction sans connaître les limites de cette éventuelle aire «pourrait affecter gravement l’intégrité naturelle du territoire aux abords du site d’extraction de même qu’en diminuer les potentiels de conservation», peut-on lire dans la résolution adoptée par le conseil des maires. La MRC s’inquiète également du fait que la carrière se situerait sur le territoire du bassin versant de la prise d’eau potable de la rivière Sainte-Anne.

Les membres du conseil d’administration de la Corporation du Sentier des Caps ont quant à eux voté à l’unanimité contre cette carrière. «Nous sommes carrément contre ça. C’est un milieu récréotouristique et en plus il y a des trouvailles archéologiques qui ont été faites dans ce secteur. Ce n’est pas le temps d’aller mettre des mines là-dedans», s’insurge Winston Kelso, membre du conseil d’administration.

Bruit

M. Kelso s’inquiète des bruits de dynamite et de concassage qui pourraient raisonner jusqu’au sentier, qui a été déclaré par le réseau américain CNN comme un des dix plus beaux endroits à visiter l’hiver, rappelle-t-il. «Nous sommes dans un milieu de villégiature et récréotouristique, c’est grâce à ça qu’on va vivre, pas grâce à une mine», estime M. Kelso. Il s’inquiète aussi du sort du Lac Saint-Tite, dont certaines rivières qui l’alimentent passent dans le secteur. L’Association des propriétaires du Lac Saint-Tite fait d’ailleurs circuler une pétition pour demander l’annulation du projet.

L’ensemble des acteurs demande au futur ministre des Ressources naturelles de mettre fin au bail exclusif d’exploitation de substances minérales de surface, un pouvoir dont il peut se prévaloir depuis l’entrée en vigueur des modifications à la Loi sur les mines le 10 décembre dernier.

Saint-Tite-des-Caps

Saint-Tite-des-Caps et Petite-Rivière-Saint-François ont eux aussi voté des résolutions pour faire cesser toute exploitation minière dans ce TNO. Le maire de Saint-Tite-des-Caps, Majella Pichette, croit que cette mine nuirait à la qualité de vie dans le secteur en raison du bruit. Il fait remarquer que lors de la construction d’éoliennes, le dynamitage se faisait entendre dans certains secteurs de Saint-Tite-des-Caps, même si les travaux avaient lieu à une dizaine de kilomètres de là.

Il croit que cette mine pourrait voir le jour ailleurs, «dans un secteur où il y aurait moins de dérangements». «Ça fait 20 ans que le sentier des Caps investit là-dedans. Là, les gens vont se promener et vont entendre des explosions», déplore M. Pichette.

À lire également: Carrière de pierre: l’entrepreneur se fait rassurant

Un air de déjà-vu, 10 ans après le cap Brûlé

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Toute l'actualité locale au même endroit.

En vous inscrivant à Mon Métro, vous manifestez votre engagement envers la presse locale. + Profitez d’une expérience numérique personnalisée en fonction de vos champs d’intérêt et du quartier où vous résidez. + Sélectionnez vos articles favoris pour une lecture en différé.