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Croissance des décès et nouveaux rites: l’industrie de la mort en pleine mutation

MORT. Le nombre de décès dépassera d’ici vingt ans le nombre de naissances au Québec. L’industrie de la mort se prépare donc à accueillir une clientèle croissante. Mais pour l’instant, les salons funéraires sont surtout forcés de revoir leurs services afin de s’adapter aux changements de rites, comme le «fast-food funéraire» où les familles tentent d’accélérer leur deuil et passer à autre chose.

Chaque année depuis cinq ans, le nombre de décès fluctue autour de 60 000, mais «il augmentera de façon importante au cours des prochaines décennies […] conséquence de l’arrivée des générations du baby-boom aux âges de forte mortalité», a écrit l’Institut de la statistique du Québec dans son récent rapport Perspectives démographiques du Québec et des régions, 2011-2060. Selon les tendances des démographes, le Québec passera le cap symbolique des 100 000 décès en 2043. Le nombre de décès dépassera le nombre de naissances en 2034.

L’espérance de vie joue des tours

Dans l’industrie funéraire, on ne s’emballe pas trop face à ces projections. La Fédération des coopératives funéraires du Québec, qui regroupe 23 coopératives, reste prudente quand on évoque l’avenir florissant pour les entreprises liées à la mort. Selon le directeur général de la Fédération, Alain Leclerc, le vieillissement de la population commence à se faire sentir, mais pas de façon significative, notamment en raison de l’espérance de vie qui augmente. Le démographe de l’Institut de la statistique, François F. Payeur abonde dans le même sens, faisant valoir que les données liées à l’espérance de vie réservent souvent des surprises. «Depuis longtemps, les démographes ont eu tendance à sous-estimer l’évolution de l’espérance future en raison de la constance inattendue des gains aux grands âges (imputables surtout au recul des maladies cardiovasculaires)», explique-t-il.

Par exemple, il y a une vingtaine d’années, les projections des décès pour 2011 avaient été établies à 67 000. En réalité, cette année-là, ce sont 60 000 personnes qui sont mortes au Québec.

Un problème de relève

Pour M. Leclerc, les véritables défis qui touchent les entreprises mortuaires sont liés à la mutation que connait leur industrie. «Un des gros phénomènes qu’on observera dans les prochaines années, c’est la consolidation des entreprises», dit-il. En ce moment au Québec, on compte près de 300 entreprises funéraires, surtout de petites compagnies familiales. «Je compare la situation au problème de relève dans les fermes familiales», soulève directeur de la Fédération. À l’instar de sa clientèle, le domaine mortuaire connait un vieillissement chez les propriétaires de maisons funéraires. Bon nombre sont achetées par des compagnies américaines qui leur font des offres alléchantes.

L’ère de tous les possibles

Les demandes sont multiples et les cérémonies religieuses nettement moins nombreuses. Selon l’Association des évêques catholiques du Québec, 23 000 funérailles religieuses ont été célébrées sur 60 000 décès en 2013. «On est à l’ère de réinventer le modèle de la maison funéraire», remarque la directrice générale de la Corporation des thanatologues du Québec, Nathalie Samson.

En l’absence de religion pour encadrer le processus, les familles endeuillées font face à un éventail de possibilités. «Il y a beaucoup de possibilités. Il y a donc beaucoup de décisions à prendre pour la famille endeuillée», indique M. Leclerc.

La crémation plus populaire que jamais

Aujourd’hui, au Québec, une personne sur deux choisit de finir dans une urne plutôt qu’un cercueil. Selon des données avancées par la Fédération des corporations funéraires, dans les grands centres urbains, c’est jusqu’à 80% de la clientèle qui préfère la crémation. Pourquoi? Une question de mœurs, répond son DG. «Les mœurs évoluent. Vous savez que l’embaumement des corps est une pratique typiquement nord-américaine.»

Trop pressés pour être en deuil

Les raisons qui motivent les familles à choisir la crémation peuvent être multiples, mais Nathalie Samson remarque que cette option est souvent perçue comme étant la plus rapide. Un phénomène qu’on a nommé fast-food funéraire. «Les gens croient que lorsque survient le décès d’une personne aimée, s’ils font ça vite, ça va faire moins mal. Malheureusement, ça ne fonctionne pas comme ça. Les rituels funéraires sont nécessaires au processus de deuil.»

Le marché funéraire

60% d’entreprises familiales

15% de coopératives funéraires

25 % de propriétés hors Québec

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Et consultez notre carte interactive des cimetières du Québec au http://metroquebec.com/PageVolante/6649/Cimetieres-du-Quebec-et-vedettes

Groupe Québec Hebdo

 

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