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Un projet pour canaliser les énergies d’une communauté

En mettant sur pied L’Autre Voix, Mathieu Tremblay souhaitait créer un véhicule de développement et de fierté pour la Côte-de-Beaupré. (Photo Métro Média – François Cattapan) Photo:

Entrevue avec le cofondateur et éditeur de L’Autre Voix à l’occasion des 15 ans de la publication

HISTORIQUE. Lancée en 2003 avec des moyens modestes par quatre étudiants idéalistes, L’Autre Voix a graduellement étendu ses racines dans la communauté tissée serrée de la Côte-de-Beaupré. Voyant que leur média répondait à de réels besoins d’information et de visibilité, tant chez les lecteurs que chez les annonceurs, les fondateurs ont tout mis en œuvre pour le faire progresser dans son milieu.

Au départ, le quatuor de jeunes aventuriers de la presse écrite se désolait de constater que leur coin de pays était dépourvu d’un instrument permettant de valoriser le sentiment d’appartenance locale. Comprenant mal comment un aussi dynamique milieu de vie parvenait si peu à se faire valoir dans les médias régionaux, ils ont décidé de remédier à la situation. Ce qui devait n’être qu’une simple brochure informative a vite pris de l’envergure devant l’insistance des intervenants rencontrés.

 

Les efforts de promotion ont été nombreux afin de faire connaître le nouveau journal à ses débuts. (Photo Métro Média – Archives)

«Initialement, nous voulions inciter les gens à intervenir politiquement pour faire bouger les choses et développer le potentiel social, économique, artistique et sportif sur la Côte. On s’est rendu compte que les besoins et les espoirs étaient immenses lors de la phase de recherche d’appuis et de commandites. Il y avait bien eu quelques tentatives par le passé, mais l’offre du moment était clairement insuffisante pour rassembler les idées et propulser les projets mobilisateurs», se souvient Mathieu Tremblay.

Celui qui est devenu au fil du temps éditeur et principal actionnaire de L’Autre Voix a pu compter sur la collaboration de partenaires de la première heure en Jean-François Cadrin, Alexandre Côté et Michaël Tremblay. Le projet étudiant est passé du bénévolat engagé à une occupation à temps plein. Ce qui l’a contraint à quitter son emploi dans le domaine informatique pour prendre en charge la destinée du journal.

«Nous étions des rêveurs remplis de bonnes intentions, mais la réalité nous a vite rattrapés. Loin d’être des experts en communication et en gestion de média, nous avons réuni nos forces et développé nos talents d’artisans. Heureusement, nous avons pu profiter de l’appui du Centre local de développement (CLD) de la Côte-de-Beaupré ainsi que de l’appui de certains élus de l’époque, dont le député fédéral Michel Guimont, le préfet de la MRC Henri Cloutier et plusieurs maires», raconte Mathieu Tremblay.

Le cofondateur et éditeur Mathieu Tremblay devant les anciens locaux du journal à Sainte-Anne-de-Beaupré. (Photo Métro Média – François Cattapan)

Pouvoir de conviction

Ces précieux contacts ont permis d’ouvrir bien des portes afin de solidifier les bases du projet. Au bout de deux ans d’études de marché et d’élaboration d’un plan d’affaires, la première édition de L’Autre Voix est sortie des presses le 4 décembre 2003. Il aura néanmoins fallu rassurer les différents acteurs du milieu, car une certaine ambivalence persistait au tout début. L’attrait d’une telle opportunité de visibilité se trouvait confronté à la crainte de voir surgir des sources potentielles de conflit entre les intervenants des huit municipalités qui composent le territoire couvert.

La succession des publications parviendra à convaincre le milieu du bienfondé de l’initiative. Malgré une progression lente et sans que personne touche de salaire, l’éditeur bien conscient du potentiel décide de s’y investir entièrement. «On a alors eu l’idée de créer des comités de rédaction, de correction et de promotion. Puis, on a ajouté des chroniques d’organismes locaux et ça a pris la forme d’un collectif communautaire. Ce fut une étape charnière dans la survie du journal, jusqu’à l’ajout d’activités et de revenus parallèles. L’arrivée de Marc Chalout comme premier journaliste à temps plein, en 2005, a donné la crédibilité nécessaire pour faire le virage vers l’information générale et objective», se rappelle le cofondateur.

À partir de ce moment, L’Autre Voix est devenue un véhicule incontournable pour rallier les forces vives et faire avancer les dossiers au profit des résidents permanents et vacanciers de la Côte. Cet engagement local a été remarqué par Transcontinental, qui a fait l’acquisition du mensuel en 2007 et a aussitôt augmenté sa fréquence. Depuis que la multinationale de l’imprimerie s’est retirée du monde médiatique en 2017, c’est Métro Média qui a pris la relève dans la région de Québec rive-nord.

Pour Mathieu Tremblay, ce rachat il y a 12 ans par un grand joueur de l’industrie a été une réelle planche de salut pour le journal. «Pendant les cinq premières années, j’ai fait le défrichage en plus d’assurer l’acceptation du milieu. J’avais investi beaucoup d’efforts et d’énergie pour tenir le projet à flot. C’est avec le sentiment du devoir accompli que je considère avoir fait ma part pour assurer la communauté de profiter d’un important outil de démocratie participative. À d’autres de reprendre le flambeau et de mener l’aventure plus loin», conclut-il en espérant que le milieu préservera ce vecteur de synergie locale.

Lancement officiel de la première édition en décembre 2003. (Photo Métro Média – Archives)

Québec Hebdo

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