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Redonner au suivant pour contrer l’intimidation

L’intimidation n’est pas un sujet tabou pour Simon Bastarache. Le jeune élève de cinquième secondaire a choisi de parler de son vécu pour aider d’autres victimes. Il a créé en 2009 un Groupe d’Entraide pour les Victimes d’Intimidation (G.E.V.I.) sur Facebook.

Fier de son projet, Simon Bastarache sort tout juste d’un moment sombre de sa vie. Pendant ses trois premières années d’étude à l’École secondaire Les Compagnons-de-Cartier, le garçon aujourd’hui âgé de 17 ans a subi de l’intimidation sociale. Participant au programme spécialisé en technologies de l’information et des communications (PROTIC), il est étiqueté notamment par ses coéquipiers de classe en raison de sa timidité. «Je me retrouvais seul lorsque l’on devait faire des équipes, personne ne voulait se tenir avec moi. Je me tenais avec les adultes et les profs», précise-t-il tout en ajoutant que la situation aurait été différente s’il n’avait pas été toujours avec les mêmes personnes. La composition du groupe PROTIC demeure la même année après année.

Les gestes d’intimidation étaient souvent non verbaux comme l’exclusion. «J’ai vécu une dépression, ça m’a obligé à consulter un psychologue. Maintenant, je suis moins craintif à parler, moins timide.» Le changement s’est effectué en quatrième secondaire. «En sortant de ce programme, ma vie a de plus en plus changé. J’entretenais de bons rapports avec des amis», explique-t-il. Il a connu de nouveaux jeunes qui ne le voyaient pas comme une personne victime d’intimidation ce qui constitue un tournant majeur dans sa vie.

Il fonde alors un groupe Facebook à la suite d’une réflexion personnelle. Simon s’en est sorti, mais d’autres vivent sa situation ou la vivront. «Comme moi, ils ne sauront pas comment réagir.» Le site Internet regroupe une panoplie d’informations comme des vidéos, des liens vers d’autres sites d’organismes, des articles de références et des témoignages. G.E.V.I. compte 362 membres. L’outil sert à sensibiliser la population «à l’intimidation, afin de leur faire réaliser que dans toutes les écoles du Québec et du monde, il y a de l’intimidation», peut-on lire sur la page Facebook. «Avec la cyberintimidation de nos jours, des personnes pourraient faire appel à nous», commente avec espoir Simon Bastarache. Ce dernier bénéficie de l’aide de collaborateurs comme Gérald Higgins, l’auteur du livre Les Corridors de l’école sur la prévention de l’intimidation.

Par ailleurs, avec le soutien du directeur adjoint 2e cycle, Sébastien Simard, un Groupe d’entraide et de soutien pour les élèves a été créé à l’école. Le collectif a fait des rencontres sur le site de l’établissement et une sortie à Villa des jeunes avec au programme des ateliers sur l’estime de soi. «Des amitiés se sont créées, on a parlé de ce que l’on a vécu. L’édition 2009 a été très concluante. On ne pensait pas que ça fonctionnerait aussi bien», se réjouit-il. Le jeune homme souhaite que le projet prenne de l’ampleur en ajoutant des rencontres hebdomadaires ainsi que des miniconférences.

L’élève de cinquième secondaire quittera l’établissement scolaire en juin. Malgré tout, il ne s’inquiète pas de la survie du groupe d’entraide. Le Parlement au secondaire, le comité étudiant, a voté un projet de loi en faveur de la création du collectif qui a obtenu cette année un deuxième don de la part du Club Optimiste Sainte-Foy.

Groupe d’entraide ailleurs à Québec

Il existe ce type de regroupement dans d’autres établissements à Québec. À l’école De Rochebelle, le programme d’éducation internationale (PEI) et une enseignante, Nadya Ouali, ont mis sur pied un projet similaire intitulé Nous faisons barrage à l’intimidation. Les élèves ont eu droit à une présentation documentée sur les types d’intimidation et les façons de les identifier ainsi que de les dénoncer. La démarche s’est amorcée au préalable par une sortie au Camp 3 Saumons avec tous les élèves de deuxième secondaire. À l’École secondaire de Neufchâtel, un comité HIT (Harcèlement-Intimidation-Taxage) est sur pied. Cependant, le projet est constitué d’intervenants et non d’étudiants.

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