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L’érosion des berges de l’estuaire menace la biodiversité

Dans le cadre du 81e congrès de l’Association canadienne-française pour l’avancement des sciences (ACFAS), organisé à l’Université Laval, l’étude réalisée conjointement par Audrée Gervais, Najat Bhiry et Danielle Cloutier, de l’Université Laval, met en évidence l’érosion des berges de l’estuaire d’eau douce du Saint-Laurent. Les marais de Saint-Augustin-de-Desmaures, Beaumont, Château-Richer et l’Isle-aux-Grues ont fait l’objet de cette étude. Ce recul significatif du talus menace plusieurs espèces végétales.

Cette étude sur l’érosion des berges de l’estuaire d’eau douce du Saint-Laurent vise à documenter l’évolution de la ligne de rivage. L’érosion active, affectant le schorre supérieur des marais de Saint-Augustin-de-Desmaures, Beaumont, Château-Richer et l’Isle-aux-Grues, induit un recul significatif du talus. «Nous avons choisi ces marais car des biologistes ont marqué des signes d’érosion. Ils ont réalisé l’inventaire d’espèces. Ainsi, j’ajoute l’érosion et la vitesse à laquelle l’habitat naturel disparaît», explique Audrée Gervais, finissante à la maîtrise en géographie au département de géographie de l’Université Laval, qui a débuté son étude en 2011.

D’après les résultats obtenus à la lumière des données météorologiques, le recul du talus semble être plus important lorsque des évènements climatiques exceptionnels surviennent. La tempête Irène, qui a eu lieu le 29 août 2011, a engendré un recul de 33 à 58 cm, et ce, dans chacun des marais.

Les résultats d’analyses de photographies aériennes (à long terme) démontrent une perte au niveau de la superficie du schorre supérieur durant les 50 dernières années. À court terme (2011-2013), l’analyse des données de terrain démontre un recul significatif du talus d’érosion du schorre supérieur.

«L’érosion dans l’estuaire d’eau douce peut être assez importante dépendamment des zones. En amont de l’estuaire, à Saint-Augustin-de-Desmaures, on remarque que l’érosion est plus faible voire inexistante, contrairement au marais de Château-Richer», poursuit-elle. Cela s’explique par le fait que les facteurs d’érosion les plus importants sont les vagues. «À Saint-Augustin, le fleuve est très étroit donc les vagues sont plus faibles», rajoute-t-elle.

La biodiversité menacée

À Saint-Augustin-de-Desmaures, l’étude s’est faite sur un parc protégé, «qui est quand même en érosion», explique-t-elle.

Cette érosion rapide des marais d’eau douce a un impact sur les espèces végétales. L’étude démontre que trois d’entre elles sont désignées menacées car l’érosion des zones intertidales constitue un risque de perte d’habitat pour la cicuta maculata var. victorinii, la gentianopsis virgata subsp. victorinii et l’ériocaulon parkeri. Ces trois plantes sont déjà inscrites sur la liste des espèces susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables par le ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP).

D’ici l’automne prochain, «on espère être capable de fournir le bilan le plus complet possible sur l’évolution des marais. Comment se comporte l’érosion en fonction des saisons ? Y a-t-il de la sédimentation dans les marais? Avec ce bilan, on pourra avoir une idée sur le long terme et ainsi prévoir les mouvements qui vont se faire surtout en réponse aux changements climatiques», conclut-elle.

 

L’Appel, membre du Groupe Québec Hebdo

Audrée Gervais, étudiante à l’Universtité Laval, explique l’érosion des berges de l’estuaire d’eau douce du Saint-Laurent.

(Photo Isabelle Le Maléfan)

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