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«Anacolor n’a pas un droit acquis de polluer»

Un habitant du vieux Cap-Rouge est contraint de supporter une odeur, parfois «irrespirable», de peinture émanant d’une cheminée de l’entreprise Anacolor, sise au 4290 rue Saint-Félix, à Cap-Rouge. Patrice Gagnon s’inquiète pour sa santé mais aussi pour celle de ses voisins qui vivent à proximité de la compagnie, spécialisée dans le traitement et revêtement de surfaces haut de gamme des produits métalliques d’architecture.

«Cela fait six ans que je vis ici. Nous avons toujours remarqué une certaine senteur de peinture, dépendamment des vents et de la production. Mais depuis un an et demi, la senteur est plus fréquente et plus forte», explique Patrice Gagnon, résident dans le vieux Cap-Rouge à quelque 400 mètres de la compagnie Anacolor.

Il a remarqué à plusieurs reprises, notamment lorsqu’il n’y a pas ou peu de vent, une fumée bleutée émanant d’un conduit d’aération, situé sur le toit de l’entreprise. «Il y a des journées, lorsqu’on se promène sur le sentier en arrière de l’entreprise, où il faut se dépêcher car cette fumée bleue, que je pense être un dégagement toxique, prend à la gorge et irrite les yeux. Mes enfants se mettent la main devant la bouche et le nez pour se protéger», souligne ce père de famille.

Inquiet pour sa santé mais aussi celle d’autrui, Patrice Gagnon a alors voulu en savoir davantage sur les activités de la compagnie. «L’entreprise utilise notamment le Kynar 500, une résine thermodurcissable au four. Il s’agit d’un fluoropolymère, produit par la société américaine Arkema. Et dans un document émis par cette société sur les caractéristiques du produit, on peut lire que si le produit est chauffé à une température excessive, sans préciser laquelle, il peut y avoir l’émission d’une fumée, incluant des polymères et des oxydes de carbone, qui pourrait engendrer des dégâts toxiques», résume-t-il.

Le guide de la santé sur la dispersion dans l’atmosphère de fluoropolymères énonce les symptômes en cas d’exposition à ces particules : irritation des yeux, inconfort, difficulté à respirer, nez qui gratte, gorge irritée, etc… «Quand je me promène, je ressens tout ça. J’habite à côté, je fais marcher mes enfants dans un endroit où une compagnie émet des produits toxiques dans l’atmosphère», déplore ce citoyen.

Pour d’autres, cette entreprise ne nuit pas. «Cela fait 60 ans que je demeure ici. Je n’ai jamais été dérangée par l’usine», confie une riveraine de l’entreprise. «C’est vrai que parfois il y a des odeurs de peinture. Mais ce n’est pas irrespirable», assure une voisine. «Je marche proche de l’entreprise tous les jours avec les chiens et je n’ai jamais vu de fumée ni senti d’odeurs dérangeantes», confie cette résidente.

Un droit acquis d’opérer

La société Anacolor détient un permis d’opérer depuis sa création en 1967. «Pour autant, Anacolor n’a pas un droit acquis de polluer», rétorque le pilote de ligne qui soutient que cette fumée bleue est toxique. ««Dans l’aviation, nous suivons des cours pour combattre les feux. Nous savons qu’il existe trois types de fumée : blanche, grise ou bleue. Et si elle est bleue, la première chose à faire est de mettre nos protections car une fumée bleue est toxique», explique-t-il.

«Il n’est pas question de fermer cette compagnie, je veux savoir si elle a les filtres appropriés pour utiliser cette résine. Je veux informer la population que cette compagnie-là utilise des produits toxiques. Quels sont les dangers pour ma santé? », questionne-t-il.

Une chose est sûre, Patrice Gagnon souhaite trouver des réponses à toutes ses questions. «Une compagnie ne devrait pas bousiller notre qualité de vie. L’été, on est parfois obligé de rentrer dans la maison car l’odeur est irrespirable. Je ne vis pas dans le vieux Cap-Rouge pour respirer un air aussi pollué. Je ferai les recherches qu’il faut car je veux savoir», conclut-il.

À lire également : La société Anacolor n’a rien à cacher

L’Appel, membre du Groupe Québec Hebdo

Patrice Gagnon a un dossier sur les caractéristiques des produits utilisés par la société Anacolor. Ce citoyen s’inquiète des effets de la fumée bleutée émanant des cheminées de l’entreprise sur sa santé et celle d’autrui.

(Photo Isabelle Le Maléfan)

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