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La Grande mosquée de Québec ouvre ses portes un an après la fusillade

MÉMOIRE. Près d’un an après l’attentat qui a fauché la vie de six personnes au Centre culturel islamique de Québec, plus d’une centaine de personnes se sont réunies sur les lieux du drame pour se souvenir des victimes.

Plusieurs citoyens ont participé à l’activité portes ouvertes à la Grande mosquée de Québec.

(Photo TC Media – François Cattapan)

Dans le cadre des journées de commémoration de la tragédie, le centre du secteur Sainte-Foy ouvrait ses portes samedi soir à tous les Québécois, qui ont pu écouter des proches des victimes, ainsi que des rescapés de l’attentat, s’exprimer sur le drame, un an plus tard.

Les quelques curieux ont aussi pu voir les fidèles faire leur prière vers les 20 h 30. Les murs de la mosquée étaient drapés de messages de soutien envoyés par des gens de partout dans le monde. L’ambiance était émotive sur les lieux, les proches des victimes avaient du mal à contenir leurs sanglots en parlant aux médias.

Safia Hamoudi, qui a perdu son mari Khaled Belkacemi dans la tragédie, a souvent refusé d’accorder des entrevues, mais elle a accepté de parler samedi car elle comprend que les gens ont besoin de mettre un visage sur les proches des victimes. «C’est une période de deuil qui n’est pas encore finie et je vous avoue que j’ai été sollicitée par beaucoup de médias, mais je n’ai tout simplement pas d’énergie pour répondre», a-t-elle confié en entrevue.

Thouria Nafa, dont le mari Hakim Chambaz est parmi les rescapés de l’attentat, était très émue en se souvenant de la tragédie. Son mari ne l’accompagnait pas car c’était trop d’émotion pour lui. «C’est très émouvant, ça fait quelque chose», a-t-elle dit, les larmes aux yeux.

Mohamed El Hafid, qui était présent ce soir du 29 janvier 2017, a affirmé qu’il était encore «très dur» pour lui de se retrouver dans le même lieu un an plus tard. «On a perdu le sentiment de sécurité qu’on avait avant, malheureusement, on est marqué à vie avec ça», a-t-il raconté.

Des citoyens intéressés

L’événement a aussi attiré de simples citoyens, certains ayant un lien avec des membres de la communauté, alors que d’autres souhaitaient à en savoir davantage sur eux. Anne Pouliot et Clément Roberge, originaires de Lévis, avaient participé aux événements organisés à la suite de la tuerie l’an dernier, et cette année, ils voulaient visiter la mosquée pour en apprendre davantage sur cette communauté.

«Je trouvais ça intéressant de venir montrer qu’on s’intéresse à eux, puis on considère qu’ils ont leur place ici», a souligné Mme Pouliot. «C’était une occasion positive de venir les soutenir. Le danger, c’est qu’on oublie vite», a renchéri son compagnon. «Ça ne soigne peut-être pas, ça ne guérit peut-être pas, mais le moment, un an plus tard, pour commémorer, c’est certainement soulageant pour la communauté et les personnes concernées», a-t-il ajouté.

Lucie Bouchard, originaire de Québec, dit avoir été très touchée par l’attentat, soulignant qu’elle a des collègues de confession musulmane. «Peut-être que les cyniques vont moins aimer ça, vont dire qu’ils en font trop, mais on n’en fait jamais assez pour éviter que ça se reproduise», a-t-elle soutenu.

«Beaucoup de travail à faire»

Joël Lightbound, député fédéral de Louis-Hébert — qui couvre le secteur Sainte-Foy —était également présent pour démontrer sa solidarité aux Québécois de confession musulmane et selon lui, il reste «beaucoup de travail à faire» pour bâtir des ponts entre les communautés.

«On voit des discours qui se sont décomplexés, carrément islamophobes, qui moussent les préjugés, la peur. Avoir un préjugé, c’est comme une maladie qu’on doit combattre», a-t-il expliqué.

Le premier ministre du Canada Justin Trudeau dit réfléchir à l’idée d’instituer une journée nationale contre l’islamophobie. Son collègue député s’est dit bien engagé à combattre l’islamophobie, avec ou sans journée nationale.

«Moi, l’islamophobie, je l’ai dit sur plusieurs tribunes, c’est une réalité qu’il y en a et que c’est en augmentation. Je pense que des fois, il faut appeler un chat un chat», a-t-il expliqué. «À partir du moment où on combat l’islamophobie, la peur déraisonnable des musulmans, que ce soit par une journée, ou par d’autres actions, ça me va.»

La Ville de Québec a organisé quatre jours de commémoration pour se souvenir de la tragédie, qui a fait six morts et 19 blessés. Vendredi, le colloque «Vivre ensemble avec nos différences» s’est déroulé et une prière spéciale en direct de la mosquée a été diffusée sur le web.

Par la suite, dimanche soir, un rassemblement spirituel aura lieu avec les représentants des communautés musulmane, juive et des Premières Nations. Au dernier jour des commémorations, lundi — le jour exact de l’anniversaire —, les gens seront invités à amener des fleurs et des chandelles pour une vigile qui aura lieu à l’extérieur, près de la mosquée.

(La Presse canadienne – Vicky Fragasso-Marquis)

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