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Annick Bertrand cherche à nous faire rouler… à la luzerne

ÉNERGIE. Devant les défis d’approvisionnement et de réduction de la pollution liée aux combustibles fossiles, les recherches se multiplient à l’échelle de planète. Une équipe de chercheurs de Québec est sérieusement engagée dans cette démarche, en vue de trouver des alternatives sinon des additifs plus propres au pétrole.

L’introduction de biocarburants ajoutés à l’essence permet d’améliorer le bilan carbone des combustibles, tout en étant bénéfique pour l’environnement. Dans cette optique, l’éthanol vert se veut une voie d’avenir pour le transport automobile. Au Centre de recherche et de développement sur les sols et les grandes cultures (CRDSGC) de Québec, on a voulu mettre l’expertise locale à profit.

C’est ainsi que Dr Annick Bertrand, aidée d’une douzaine de collègues, assistants de recherche et stagiaires, a choisi d’explorer le potentiel de la luzerne comme biomasse potentielle pour fabriquer de l’éthanol cellulosique. Selon la physiologiste végétale, cette plante fourragère vedette en culture bovine au Québec s’avère une option intéressante sous plusieurs aspects.

«D’abord, la luzerne est une plante rustique et pérenne, qui se renouvelle d’elle-même. De plus, elle est facile et peu coûteuse à cultiver. Notamment, parce qu’elle fixe l’azote dans le sol. Il n’est donc pas requis d’ajouter cet engrais très dispendieux. Aussi, cette plante riche en protéines et celluloses. Sa culture répond au double besoin de la nutrition animale et de la production énergétique», explique la chercheuse rencontrée dans les laboratoires du CRDSGC d’Agriculture Canada sur le boulevard Hochelaga.

Amélioration

Pour tirer le maximum du potentiel de la luzerne, l’équipe de Dr Bertrand a œuvré à améliorer la qualité nutritive et la résistance de la plante. Ainsi, à l’avenir, les cultivateurs pourront utiliser les feuilles protéinées pour engraisser leur bétail, alors que les tiges cellulosiques seront récoltées pour produire de l’éthanol vert. La rentabilité des champs s’en trouverait accrue.

«Le défi qui guide nos travaux, depuis 2008, consiste à faciliter la transformation en cellulose des tiges ligneuses de luzerne, pour en tirer de l’éthanol. La mise au point d’un test enzymatique permet de cibler les variétés offrant le meilleur degré de dégradation. Au fil de nos cycles de croisement et sélection, nous avons optimisé de 35% le rendement de nos cultivars. Une caractéristique essentielle pour rentabiliser la production de ce biocarburant», explique Dr Bertrand, qui voit la progression du projet avec intérêt dans les champs du CRDSGC situés à Saint-Nicolas et à Chapais.

Arrivée à son but de démontrer la possibilité de développer des variétés de luzerne à haut potentiel pour la production d’éthanol cellulosique, l’équipe de chercheurs envisage à moyen terme le passage à la production. Toutefois, on reste conscient que l’acceptation d’une nouvelle variété de plante peut être longue et complexe. L’optimisme est de mise, surtout que les cultivateurs y trouveront des avantages.

Conférence

Le projet «Caburer à l’éthanol vert» sera présenté par Dr Annick Bertrand dans le cadre de la 40e Semaine de l’agriculture, de l’alimentation et de la consommation (SAAC), organisée par la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation (FSAA) de l’Université Laval. Elle prononcera une conférence à l’occasion du Salon de l’agriculture, qui a lieu du 16 au 18 janvier, au Centre de foires d’ExpoCité à Québec.

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