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La pollution lumineuse, un grave problème à Québec

ASTRONOMIE. Nicolas Isabel et Arnaud Larue, deux jeunes membres de la section jeunesse du club d’astronomie Véga de Cap-Rouge, ne peuvent plus s’adonner à leur passion comme ils le souhaiteraient. La pollution lumineuse émise par la ville de Québec augmente d’année en année, ce qui a pour conséquence d’interférer dans l’observation du ciel.

En effet, si les deux jeunes hommes souhaitent observer les étoiles, ils doivent se déplacer jusqu’à Saint-Agapit ou encore Saint-Raymond, sans quoi le nombre d’étoiles observables serait minime.

La pollution lumineuse a beaucoup augmenté dans la région de Québec depuis les cinq dernières années. C’est à tout le moins ce que démontre le projet d’expérimentation qu’ont présenté Nicolas et Arnaud à Expo-Science en mars dernier.

«Quand nous nous sommes embarqué dans ce projet-là Nicolas et moi, nous n’étions pas conscients à quel point le problème était rendu gros. Nous avons beaucoup appris et surtout, nous avons compris pourquoi il n’était pas possible d’observer le ciel à Québec», soutient Arnaud Larue, élève de première secondaire à l’école secondaire De Rochebelle.

Une lourde charge de travail les attendait puisque six sites d’observation de la région de Québec et Chaudière-Appalaches ont été analysés: Cap-Rouge, Saint-Raymond, Saint-Agapit, Saint-Pierre, Mont Cosmos et la forêt Montmorency. Cela était en quelque sorte la finalisation d’un travail entamé par deux autres membres du club d’astronomie Véga en 2010. Les deux jeunes hommes ont comparé les données de 2010 avec celles qu’ils ont recueillies eux-mêmes recueillis en 2014.

Leur conclusion: l’étalement urbain est le principal responsable de l’augmentation de la pollution lumineuse. Pour prouver leurs dires, Arnaud et Nicolas se sont appuyés sur leurs observations. En effet, la région où l’on note la plus importante dépression de la qualité du ciel est la Forêt Montmorency, dans le parc des Laurentides. Le SQM (Sky Quality Meter) est passé de 21,72 en 2010 à 21,36 en 2014. Même si elle peut paraître minime, cela représente une augmentation importante selon les deux jeunes.

«En 2010, la qualité du ciel dans le parc des Laurentides était vraiment bonne. Aujourd’hui, nous pouvons observer l’apparition de deux dômes lumineux importants qui commencent à gêner l’observation. Lorsque nous prenons des photos, nous pouvons voir de la lumière qui provient d’aussi loin que Chicoutimi et Stoneham», explique Nicolas Isabel, aussi étudiant à l’école secondaire De Rochebelle.

«Les villes deviennent de plus en plus grosses et il y a de plus en plus de maisons qui se construisent à l’extérieur de la ville ce qui a pour effet d’augmenter l’importance du dôme lumineux produit par Québec», ajoute Philippe Moussette, président du club d’astronomie Véga de Cap-Rouge.

«Nous sommes rendus à un stade où, toutes proportions gardées, Québec éclaire autant, vu du ciel, que la ville de Paris», lance Arnaud Larue.

Ce qui inquiète les deux jeunes, ce n’est pas l’étalement urbain, puisqu’il est naturel, mais bien la façon dont les villes décident d’éclairer.

«Il n’y a pas de problème à ce que les villes installent des lampadaires, c’est bien normal. Le problème, c’est que leurs lampadaires ne sont pas efficaces, ils éclairent plus le ciel que le sol et c’est là qu’ils posent problème», poursuit-il.

 

Une solution?

C’est bien d’exposer un problème, mais toujours faut-il trouver une solution. Celle qu’a trouvée le club d’astronomie Véga de Cap-Rouge jusqu’à maintenant, c’est de s’éloigner de plus en plus loin des villes.

Malheureusement, selon Philippe Moussette, il n’y a pas vraiment de solutions autres que de remplacer les lampadaires. Cependant, les coûts rattachés à cette solution sont très élevés, ce qui découragera assurément les villes et les municipalités de poser le geste.

«Nous sommes conscients que les coûts rattachés à ce changement sont énormes, mais il faut comprendre que ça en vaut la peine. D’ici quelques années, il nous sera impossible de regarder le ciel», confie-t-il.

Ce qui inquiète le plus les trois amoureux du firmament, c’est l’arrivée en masse des lumières DEL blanches. «Selon toutes apparences, les lampadaires DEL blancs sont des meilleurs investissements. Ils sont plus durables, consomment moins d’énergie. Mais, qu’en est-il de l’impact qu’ils ont sur l’augmentation de la pollution lumineuse? C’est épouvantable, leur lumière, beaucoup plus blanche que les autres, devient extrêmement difficile à filtrer. Il faut à tout prix empêcher les villes de changer leur lampadaire pour ceux-ci», conclut-il.

La véritable solution, selon lui, c’est d’opter pour la DEL ambrée, et ce, même si cette dernière coûte près du double de la DEL blanche. Elle émet moins de pollution lumineuse, sa lumière se dirige plus facilement vers le bas et sa couleur est plus facile à filtrer.

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