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La ludothèque: une ressource qui gagne à être connue

Organisme précurseur en matière de développement des habiletés par l’expérimentation, la Ludothèque de Sainte-Foy sert de modèle à l’international. Photo: Photo gracieuseté

Apprendre par le jeu

ÉDUCATION. Avoir plus de 40 ans n’atténue en rien la volonté d’un organisme de remplir sa mission favorisant l’apprentissage chez l’enfant. Et cette belle longévité, en plus d’avoir servi d’inspiration à d’autres projets similaires, n’assure pas davantage la notoriété publique. Pourtant, la Ludothèque de Sainte-Foy s’avère un modèle d’accès au jeu pour grandir, qui mérite une plus grande visibilité dans la région de Québec.

Intégré à la bibliothèque Monique-Corriveau, avec ses services et horaires distincts, l’organisme à but non lucratif en a fait du chemin. Depuis sa création en 1979, il en a vu des petites mains manipuler ses jouets aussi variés que ciblés. Partant du concept européen de joujouthèque, sa présidente fondatrice, Rolande Filion, a su l’adapter et le bonifier. Devenue une référence en la matière, la psychopédagogue et professeure de psychologie du jeu a contribué au rayonnement des ludothèques ici et ailleurs.

Membre honoraire de l’Organisation mondiale de l’éducation préscolaire (OMEP), elle a notamment participé au déploiement d’une ludothèque à Kinshasa, au Congo. Son expertise a également servi à l’implantation de ressources similaires dans la communauté atikamekw d’Opitciwan, au nord du Québec, et plus récemment dans la ville de Sucre en Bolivie. À long terme, la Ville de Québec envisage d’intégrer le concept de ludothèque dans les 26 bibliothèques sur son territoire. La prochaine sur la liste est celle centrale de Grabrielle-Roy.

La conférencière et coauteure de quatre ouvrages portant sur le jeu base sa démarche sur le système de classification ESAR (Exercice, Symbolique, Assemblage et Règles). Celui-ci est reconnu et utilisé à ce jour dans 31 pays. «Ce système universel permet de classer les jeux selon des critères affectifs, cognitifs, langagiers et moteurs. Il aide à faire des choix en fonction des interventions souhaitées. Par exemple, on peut simplement privilégier un jeu qui va favoriser chez l’enfant l’usage d’un crayon pour écrire plus tard. Ça devient un acquis moteur», explique Mme Filion.

Rolande Filion a reçu un des Prix Ville de Québec 2020, reconnaissant son engagement communautaire, des mains du maire Régis Labeaume. Photo gracieuseté

Reconnaissance

Celle qui a reçu plusieurs distinctions au fil de sa carrière a ajouté à sa collection un Prix Ville de Québec en 2020. Saluant l’engagement communautaire de ses lauréats, il souligne en particulier «ses nombreuses initiatives ayant permis à des milliers de familles, à Québec comme ailleurs, d’avoir accès au jeu comme outil éducatif. Encore aujourd’hui, elle poursuit son engagement comme professeure et conférencière au Québec, en Europe et en Afrique».

Aux yeux de Rolande Filion, ce prix qui rejaillit sur toute son équipe «vient surtout souligner la place du jeu dans la société. Il s’agit d’un apport éducatif complémentaire et souvent précoce aux services de garde et ensuite à l’école. Loin d’être une perte de temps, les jouets doivent être perçus comme des leviers d’apprentissage informels. En favorisant leur accès, on supporte le développement des connaissances et habiletés chez l’enfant».

Après pandémie

Comme pour le milieu des arts dans son ensemble, l’actuelle pandémie n’a pas épargné la ludothèque de Sainte-Foy. La valse des fermetures, réouvertures et coupures de certains services en raison des consignes sanitaires a eu un effet démobilisateur sur les troupes. L’ambivalence a créé de l’incertitude au sein du personnel composé d’étudiants en éducation à l’enfance et de bénévoles au programme PEI De Rochebelle. Néanmoins, l’organisme garde le cap sur son plan d’action et reste déterminé à maintenir l’accès au jeu par le prêt de jouets.

Rolande Filion s’efforce de motiver ses collaborateurs, tout en continuant ses collaborations et formations à l’international par visioconférence. Entre autres, elle développe le système ESAR au Cameroun et au Ski Lanka, en plus d’enseigner à distance à Bordeaux et à Lausanne. Malgré tout, elle reste profondément attachée à sa création. «La ludothèque, c’est ma façon de redonner à la communauté locale. Et puis, ça me sort de mes livres et me ramène au ras des pâquerettes. Voilà du concret riche d’enseignement», conclut la psychopédagogue et professeure passionnée.

«La ludothèque attire une clientèle qui ne serait peut-être pas entrée à la bibliothèque. La découverte du lieu favorise aussi l’accès aux livres.» – Rolande Filion, psychopédagogue, professeure en psychologie du jeu, coauteure du système ESAR et présidente fondatrice de la Ludothèque de Sainte-Foy

La fondatrice de la Ludothèque de Sainte-Foy fait la promotion de l’apprentissage par le jeu depuis 1979. Photo gracieuseté

Métro Média

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