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La revitalisation du lac Saint-Augustin doit attendre

Le besoin d’intervention imminente pour sauver le lac Saint-Augustin est connu et partagé majoritairement. C’est la façon de s’y commettre qui ne fait pas l’unanimité. Photo: Métro Média - Archives

ENVIRONNEMENT. Après plusieurs analyses et observations de ce qui se fait ailleurs, il est admis que le lac Saint-Augustin nécessite une intervention massive pour assurer sa pérennité. Si le constat est partagé par l’ensemble des élus sur la forme, c’est sur le fond qu’il y a divergence d’opinions. Résultat, l’engagement souhaité pour prévoir un début d’action et de prise de décision pour l’avenir du plan d’eau urbain est remis entre les mains du prochain conseil municipal.

La dualité a été mise en évidence lors de la plus récente assemblée publique. Le conseiller municipal Raynald Brulotte a alors présenté une résolution résumant les conclusions du Comité aviseur sur les enjeux du lac Saint-Augustin. Il en ressort une recommandation de créer un fonds spécial en prévision des investissements majeurs requis pour la revitalisation du plan d’eau.

Avec la répétition d’épisodes de floraison d’algues bleues (cyanobactéries), qui obligent l’interdiction de baignade depuis le début des années 2000, la situation est connue. Des essais pilotes effectués par des experts de l’Université Laval confirment la nécessité d’une meilleure gestion des apports en sédiments. Les investissements pour espérer renverser la tendance sont évalués sommairement à plus de 10M$.

À titre de président du comité des résidents du lac, M. Brulotte rappelle qu’il s’agit d’un joyau classé zone écologique d’intérêt au schéma d’aménagement de l’agglomération de Québec. «Pourtant, déplore-t-il, le voilà dans un état lamentable. Les diagnoses réalisées en 2003 et 2018 concluent que la qualité de l’eau s’est nettement dégradée. On considère que le lac est désormais en phase hypereutrophe. Ça vaut dire qu’il est suralimenté en éléments nutritifs, comme le phosphore, propices au développement des algues. En mots populaires, je dirais que le lac souffre d’obésité sédimentaire grave.»

Une action prioritaire doit prévoir la réfection des marais filtrants au sud du lac. Photo Métro Média archives

C’est ce qui lui fait dire qu’il est temps que la Ville lance une démarche agressive de revitalisation. Et celle-ci va nécessiter des investissements majeurs. Deux principales interventions sont envisagées. D’abord, par la réfection des marais épurateurs du côté sud du lac où les eaux pluviales sont dirigées. Leur rôle de filtration est primordial, car l’affluent est très peu généreux en apport de nouvelle eau. Si bien que le renouvellement entier de celle-ci ne se fait que 1,6 fois par an. Cela équivaut quasiment à de l’eau stagnante. Ensuite, par l’opération délicate du retrait des sédiments accumulés.

Résolution rejetée

Bien que les élus reconnaissent que les problèmes sont appelés à s’amplifier avec les changements climatiques, ils ont rejeté la résolution à trois contre deux. Se faisant le porte-parole de ses collègues, le conseiller Jean Simard s’est montré en accord avec l’énoncé de M. Brulotte. Cependant, il estime «prématurée la demande de réserver des fonds pour la sauvegarde du lac, sans étude de faisabilité ni plan stratégique». D’aussi importants investissements requièrent, à ses yeux, des justifications chiffrées.

N’ayant pas eu à voter, en l’absence de la conseillère Annie Godbout, le maire Sylvain Juneau considère néanmoins que plusieurs aspects techniques restent à définir pour passer un règlement et non une simple résolution. «L’administration travaille déjà sur le processus d’amélioration de la qualité du lac, note-t-il. Les choix pour y parvenir doivent revenir au prochain conseil, qui sera élu en novembre, et non lui être imposés maintenant.»

Considérant que le projet doit s’orchestrer sur plusieurs décennies, le président du Conseil de bassin du lac Saint-Augustin ne cache pas sa déception. Louis Désilets reconnaît que la version finale de la résolution a été modifiée pour être plus englobante. «On voulait éviter de nouveaux délais parce que le temps presse. Il faut profiter des surplus accumulés pour mettre de l’argent de côté, afin d’assurer la survie du lac à long terme. Autrement, on pellette le problème en avant. Ça va vous revenir entre les pattes rapidement. En espérant que la situation ne sera pas hors de contrôle.»

Voilà un sujet qui pourrait bien se retrouver au cœur de la campagne électorale municipale à Saint-Augustin-de-Desmaures.

Budgets et échéanciers

  • Estimation du nettoyage des sédiments au fond du lac: 10 à 14M$.
  • Évaluation de la réfection des marais filtrants: x dizaines de M$.
  • Planification des interventions échelonnée sur 10 à 30 ans.
Sujet à un faible renouvellement de son eau, le lac Saint-Augustin s’avère plus fragile à l’apport de sédiments propices au développement d’algues. Photo Métro Média archives

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