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Double vocation pour le tunnel ferroviaire de Québec?

Peu visible, le tunnel ferroviaire débouche d’un côté sous le boulevard Charest, près de la rue Verdun, et de l’autre sous le boulevard Champlain, à la hauteur de la côte Gilmour. Photo: /Photo Métro Média – François Cattapan

MOBILITÉ. Reliant depuis près d’un siècle le parc industriel Saint-Malo au Port de Québec, le tunnel ferroviaire sous la haute-ville de Québec pourrait-il accueillir des camions de transport? La question se pose avec d’autant plus d’acuité devant l’accroissement de l’activité industrielle près du fleuve. Des résidents de l’endroit relancent l’idée, dans le but de détourner les véhicules lourds qui se multiplient aux abords de la promenade Samuel-De Champlain, tout en atténuant bruit et pollution.

Avec le déploiement du magnifique parc linéaire legs du 400e anniversaire de la capitale provinciale, plusieurs propriétaires et copropriétaires du secteur estiment qu’une alternative de contournement mérite d’être envisagée. Il semble même que le sujet ait déjà été abordé par l’ancienne Ville de Sillery, avant de tomber dans l’oubli. Comme les vocations récréatives et portuaires sont appelées à cohabiter, particulièrement du côté des silos à grains de Sollio, certains considèrent que les astres sont alignés.

Quelques aménagements suffiraient pour permettre le partage sécuritaire entre les trains et les camions du vénérable tunnel qui passe sous terre entre les boulevards Charest et Champlain. On parle notamment d’ajouter de l’asphalte pour créer des bandes de roulement de chaque côté de la voie ferrée et d’installer un système de gestion d’accès pour éviter les collisions. De cette façon, il serait pensable d’autoriser le passage par convoi des véhicules lourds en alternance sur une voie dédiée à sens unique, entre les rares transits hebdomadaires du train.

Le tunnel ferroviaire qui passe sous la haute-ville de Québec pourrait-il servir à dévier le transport de marchandises, afin d’alléger la circulation sur le boulevard Champlain?

Proposition connue

Pareille proposition n’a rien d’inattendue ni de saugrenue même pour la Compagnie de chemin de fer Québec-Gatineau. Ayant acquis l’infrastructure souterraine du Canadien Pacifique, il y a quelques années, l’entreprise a déjà eu vent du projet. «L’idée d’utiliser ce tunnel ferroviaire pour le passage conjoint de trains et camions n’est pas nouvelle. Nous avons déjà entendu parler d’un intérêt à étudier cette possibilité, mais nous n’avons eu aucune discussion officielle à cet égard avec les autorités locales», reconnaît l’ingénieur Christian Richard, vice-président et chef de la direction commerciale chez Genesee & Wyoming Canada, qui englobe la Québec-Gatineau.

Il ajoute cependant que la réalisation des travaux de la phase III de la promenade Samuel-De Champlain a comme effet d’accroître l’utilisation du tunnel par sa compagnie. «Ces volumes additionnels continueront pour la durée des travaux, poursuit-il. Nous entrevoyons que le tunnel restera en fonction telle quelle à la suite des travaux, pour continuer à desservir cette portion du Port de Québec par notre chemin de fer.»

Rien de concret

Du côté des autorités concernées, rien de concret à signaler bien que l’administration portuaire ne ferme pas complètement la porte. «Le Port et ses partenaires sont toujours à l’affût de nouvelles mesures pour atténuer les impacts. Toutes les possibilités sont analysées en continu. Nous sommes conscients des préoccupations de la population en lien avec le camionnage et nous y sommes sensibilisés. Ce sera un plaisir d’informer la communauté lorsque de nouvelles mesures d’atténuation pourront être envisagées et déployées. Nous y travaillons», affirme Frédéric Lagacé, directeur adjoint aux affaires publiques et au contenu stratégique pour le Port de Québec.

L’enthousiasme s’avère plus mitigé auprès des interlocuteurs provinciaux. «Après vérification, un tel projet n’a pas fait l’objet de discussion au ministère des Transports du Québec (MTQ). Advenant qu’un tel projet soit envisagé, le Ministère serait concerné pour s’assurer des normes de sécurité, puisque le Chemin de fer Québec-Gatineau est sous sa compétence», souligne Mila Roy, porte-parole au MTQ. «Le tunnel restera fonctionnel pendant les travaux et au terme de ceux-ci, étant l’un des deux accès ferroviaires aux installations portuaires du boulevard Champlain», renchérit Stéphane Desmeules, coordonnateur aux communications à la Commission de la capitale nationale du Québec.

Qu’à cela ne tienne, les résidents de l’endroit persistent à penser qu’il s’agirait d’une bonne idée. Celle-ci serait aussi assez peu dispendieuse à concrétiser, en plus de répondre à plusieurs préoccupations en matière de qualité de vie, d’environnement et d’efficience des transports. Cela limiterait du même coup les impacts visuels et sonores du transport routier en reliant le boulevard Champlain au boulevard Charest, donnant un accès rapide à l’autoroute 40. Avec les campagnes électorales qui s’annoncent peut-être que le projet suscitera l’intérêt pour le faire progresser dans son cheminement.

1930 = année de construction du tunnel ferroviaire de 1,6km reliant l’Anse-au-Foulon au quartier Saint-Sauveur.

Avec un peu d’attention, on peut apercevoir une des entrées du tunnel en empruntant le Corridor du Littoral, près du Yacht Club de Québec.

Québec Hebdo

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