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Rue sans eau et développement freiné sur l’Anse-Victoria

Autrefois à vocation de villégiature, la petite rue étroite de l’Anse-Victoria s’est développée au fil des ans. /Photo Métro Média – François Cattapan Photo:

MUNICIPAL. Pour leur qualité de vie et pour leur sécurité, des propriétaires de la rue de l’Anse-Victoria à Québec aimeraient être raccordés au réseau d’aqueduc. Un projet de réaménagement et de prolongement de cette petite artère oubliée le long du fleuve dans le secteur de Sillery propose de combler cet espoir. Entièrement prise en charge aux frais d’un promoteur, l’initiative traîne en longueur.

Situé en bordure du boulevard Champlain, près du Quai des Cageux, le chemin non asphalté s’est développé. Autrefois privée, la petite rue étroite municipalisée a vu au fil des ans le nombre de chalets doubler passant de sept à 14. Certains résidents voudraient apporter des améliorations à leur demeure, mais doivent freiner leurs ardeurs. Il y a des conditions à remplir, dont l’accès à l’eau potable de l’aqueduc municipal.

«Actuellement, les propriétés sont alimentées par un puits artésien. Or, l’eau est de qualité douteuse, même que plusieurs installations sont carrément contaminées. En plus, qui dit absence d’eau courante, dit absence de bornes-fontaines. Une réalité que les assurances et les pompiers n’apprécient guère, tout comme les occupants préoccupés pour leur sécurité en cas de sinistre. Il y a déjà eu cinq incendies par le passé et l’intervention s’est résumée à limiter la propagation», raconte Jean-Yves Bisson, propriétaire de plusieurs terrains où il a tenté en vain d’installer ses enfants.

Dans sa démarche de longue haleine, il a même dû démontrer que la rue de l’Anse-Victoria était bien propriété de la Ville de Québec. Il a aussi obtenu du ministère de l’Environnement le branchement au réseau d’égout et l’installation d’un relais de pompage en direction de l’usine d’épuration. De guerre lasse, le septuagénaire a décidé de céder sous conditions ses terrains excédentaires au résident de l’endroit Berthier Deschamps. À titre de promoteur, ce dernier a élaboré un projet de développement. Celui-ci prévoit le raccordement à l’aqueduc, l’asphaltage et la prolongation de l’artère vers l’ouest.

«Le tout se concrétiserait à nos frais et s’autofinancerait par l’ajout de cinq nouvelles résidences. En plus de l’alimentation en eau courante, on y gagnerait énormément sur le plan de la sécurité. De fait, le prolongement se compléterait par un rond de virée et un accès d’urgence sur Champlain. Cela permettrait aux camions et déneigeurs de se retourner plutôt que de reculer, tandis que les véhicules d’urgence pourraient quitter rapidement», explique M. Deschamps. À sa grande surprise, le dossier qui respecte les réglementations et le zonage en vigueur cheminait favorablement, jusqu’à ce que tout s’arrête brusquement. Une situation qu’il comprend mal.

Des propriétaires de la rue de l’Anse-Victoria à Sillery déplorent habiter sur une des rares artères de Québec à ne pas profiter de l’eau courante. /Photo Métro Média – François Cattapan

Absence d’unanimité

Du côté de la Ville, on précise qu’une séance d’information concernant le prolongement de la rue de l’Anse-Victoria a été organisée en février 2020. À cette occasion, le promoteur a exposé son projet aux résidents. La municipalité a aussi présenté la proposition de zonage et le fonctionnement pour le branchement au réseau d’aqueduc. Les résidants ont pu poser des questions et partager leurs préoccupations.

«Le projet présentait plusieurs enjeux en raison de sa localisation et de sa particularité. Considérant qu’il n’y avait pas consensus chez les citoyens au sujet du raccordement à l’aqueduc et du projet de développement, la Ville a informé le promoteur au printemps dernier qu’elle n’irait pas de l’avant avec la version du projet présenté. La Ville demeure à l’écoute des besoins des résidents du secteur», assure Audrey Perreault, conseillère en communication à Québec.

Services améliorés

Berthier Deschamps convient que son projet ne fait pas l’unanimité. Il y aurait trois propriétaires sur 14 qui préfèrent que rien ne change. Contents d’habiter une petite rue tranquille en cul-de-sac, ils craignent la circulation, mais surtout la hausse des taxes. «C’est probable que la facture foncière va augmenter un peu. En contrepartie, on obtient de meilleurs services, on peut améliorer notre résidence et sa valeur se trouve améliorée. Je trouve donc dommage que la majorité des gens concernés subissent un préjudice, pour ne pas déplaire à une infime minorité», déplore le promoteur.

À son avis, les avantages l’emportent sur les inconvénients. Il trouve dommage que les efforts de plusieurs années n’obtiennent pas de suite. Son projet évalué à 500 000$ ne requiert aucune dérogation. En plus, il est sans frais pour la Ville, qui se voit rétrocéder la rue à la suite des travaux d’amélioration. M. Deschamps espère donc que sa seconde version moins intrusive prévoyant la disposition de l’aqueduc en bordure du boulevard Champlain, comme l’est déjà l’égout, pourra être reconsidérée.

«Le but du projet est d’amener l’aqueduc, d’installer des bornes-fontaines et faciliter l’accès aux véhicules d’urgence.» – Berthier Deschamps, résident et promoteur

En l’absence d’au courante, les projets d’amélioration majeure comme l’ajout d’une fondation s’avèrent difficiles. /Photo Métro Média – François Cattapan

Québec Hebdo

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