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Denis April propose une incursion dans l’univers de la bipolarité

Élément central de son roman autobiographique Diableries

VÉCU. Le mot résilience est de ceux qui qualifient le mieux le cheminement hors du commun de Denis April. Victime de nombreuses psychoses provoquées par son problème de bipolarité, l’avocat à la retraite est parvenu à garder le cap tout au long de sa carrière, malgré les tempêtes qui se manifestaient dans sa tête. Avec Diableries, il partage son expérience de vie à travers les hauts et les bas de son parcours existentiel.

Dans ce troisième livre écrit sous la forme du roman autobiographique, l’auteur veut combattre les préjugés persistants à l’endroit des personnes vivant avec des troubles mentaux. Dès le chapitre initial du bouquin à paraître aux Éditions L’Hybride, le mercredi 6 novembre, il entraîne le lecteur dans les tourbillons d’une psychose en pleine manifestation. Son intention consiste à démontrer l’exaltation débridée qui peut en résulter, mais aussi l’absence de violence dans l’immense majorité des cas.

«Tout ce qui est associé à la maladie mentale semble faire peur aux gens. On dirait que ça les fait fuir, comme s’il y avait un danger de contagion. Il faut savoir que même la personne atteinte ne comprend pas ce qui se produit les premières fois. D’où l’importance d’être aidé et bien entouré lors des épisodes psychotiques. Parce que cet état est passager. On finit toujours par revenir les pieds sur Terre. Et c’est à ce moment-là que la stabilité de l’entourage s’avère bénéfique», indique M. April.

Sans l’avoir eu facile, l’homme de 68 ans résident pendant longtemps de Sainte-Foy et maintenant établi à Sillery reconnaît qu’il a eu une immense chance de profiter d’un soutien indéfectible autour de lui quand la réalité lui jouait des tours. Ça a commencé dans la famille, alors que ses six frères, dont un devenu médecin, l’ont toujours protégé et convaincu de consulter en psychiatrie lorsqu’il le fallait. Il y a eu aussi son employeur, le bureau du Directeur général des élections (DGE) pour l’essentiel de sa carrière, qui lui garantissait son poste après chaque hospitalisation post-psychose.

Publié aux Éditions L’Hybride, le livre Diableries sera disponible à compter du mercredi 6 novembre, jour de lancement officiel. (Illustration gracieuseté)

«C’est absolument nécessaire à la réintégration dans la société active. Sans ça, on risque carrément de se retrouver à la rue. On en voit plusieurs pauvres diables qui errent sans but au centre-ville, en parlant à des personnages imaginaires. La dernière chose dont ils ont besoin, c’est de se faire abuser ou ridiculiser. Il faut plutôt faire preuve de compassion et s’en remettre au milieu hospitalier», suggère le principal intéressé, qui a su développer sa résilience et sa compréhension de la maladie après plus d’une vingtaine de psychoses à son actif.

Trouver l’équilibre

Malgré les hauts euphorisants suivis des bas déprimants de la bipolarité, M. April est parvenu à trouver l’équilibre dans son existence. Il confie même que sa seule grande phase de découragement ayant mené à une tentative de suicide, entre l’âge de 25 ans et aujourd’hui, l’aura finalement convaincu de continuer à vivre. «Je comprends mieux ma maladie et l’importance de suivre les recommandations des psychiatres qui se sont succédé dans mon dossier au fil des ans. Il n’y a pas de miracle, prévient-il, la base d’un état de santé relativement fonctionnel, c’est d’accepter la médication prescrite. Le problème des gens victimes de maladie mentale, c’est souvent de nier leur fragilité et, ensuite, de présumer qu’ils sont guéris dès qu’ils vont mieux. Inévitablement, ils replongent, car lorsque la chimie du cerveau est déréglée, c’est permanent.»

Celui qui a baigné tôt dans l’univers de la maladie mentale, à l’occasion d’un emploi étudiant à l’hôpital psychiatrique Saint-Michel-Archange de l’époque, se félicite de ne pas avoir succombé aux excès. À ses yeux, l’alcool et les drogues sont de fausses béquilles qui nuisent autant au diagnostic qu’au soulagement de la bipolarité. Il reconnaît aussi que les irrégularités du caractère finissent par avoir des impacts sur les relations affectives. D’un commun accord, son union a été rompue après 30 ans de mariage. Cette relation aura néanmoins permis de lui donner un fils compréhensif avec qui il garde de bons liens. Il se console en prenant à cœur son rôle de grand-père auprès de son petit-fils.

Résumé du livre

Dans Diableries, Denis April relate les péripéties d’une existence marquée par ses problèmes de santé mentale. Doté d’une plume remarquable, il raconte son vécu dans les hôpitaux psychiatriques, avec ses médecins, et la relation empreinte de compassion qu’il entretient avec un ami, lui aussi hospitalisé. Marqué par la générosité et la sensibilité de l’auteur, ce livre nous transporte au coeur de sa vision du milieu psychiatrique de Québec et des enjeux fondamentaux de notre société.

Pour plus d’information ou acheter un exemplaire: www.editionslhybride.com.

Pour Denis April, vivre avec une bipolarité contrôlée, c’est retrouver la liberté autant de mouvement que de pensée. (Photo Métro Média – François Cattapan)

Québec Hebdo

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