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Avec doigté et minutie: Pierre Morency pratique l’art de la joaillerie depuis 30 ans

Pierre Morency se fait un devoir de transmettre sa passion pour la création de bijoux exclusifs. (Photo Métro Média – François Cattapan) Photo:

Parcours d’un artisan bijoutier et de son métier

MÉTIER D’ART. À sa sortie des études en Arts et design de présentation, dans les années 1980, Pierre Morency avait plusieurs opportunités d’embauche qui s’offraient à lui. Pendant que certains finissants s’orientaient vers la mode, la conception d’objets d’art, voire la technique dentaire, sa participation à un cours de création de bijoux l’a convaincu d’en faire son gagne-pain. Une passion qui dure depuis trois décennies.

En plus d’y trouver une façon honorable de gagner sa vie, l’homme affable et attentionné y a vu un moyen de mettre à profit ses qualités en matière de concentration, de dextérité et de patience. Un stage dans une joaillerie sur la rue Cartier lui a confirmé son intérêt pour ce métier caractérisé par la créativité et la minutie. Il a d’ailleurs été rapidement embauché par le propriétaire de la boutique devenu son mentor, Pierre Bélanger.

Pierre Morency utilise deux techniques pour ses bagues, soit à la cire par centrifugeuse ou, comme ici, directement à partir du métal précieux fondu. (Photo Métro Média – François Cattapan)

«J’y ai appris les rudiments du métier pendant cinq ans. Puis, sentant l’appel de l’autonomie, j’ai décidé de me lancer en affaires. J’ai ouvert ma boutique en 1989, dans le Vieux-Cap-Rouge. Au bout de 10 ans, j’ai voulu me rapprocher du centre-ville et de ma clientèle en déménageant sur la rue Maguire, où j’opère mon atelier-boutique depuis 1999», raconte avec émotion le commerçant de Sillery.

À ses débuts, pour sécuriser ses revenus et demeurer actif dans le domaine, M. Morency produisait des séries limitées de bijoux. Son talent étant graduellement reconnu, il est devenu à une époque fournisseur pour jusqu’à 18 détaillants dans la région élargie de Québec. Il a aussi été associé au département des Arts vestimentaires du Campus Notre-Dame-de-Foy, où il collaborait aux parades de mode allant même jusqu’à orchestrer des parades de bijoux.

«Lorsque j’ai été plus connu et reconnu dans le métier, j’ai peu à peu délaissé les activités connexes pour me concentrer sur mes créations exclusives. Il n’y a rien qui me motive davantage que d’avoir à confectionner une bague de mariage, un bracelet ou un collier original et distinctif. Je ne refuse aucun défi et je me fais un devoir de respecter le budget des gens. Il y a toujours moyen de privilégier des matières et des options adaptées à leurs besoins», explique celui qui ne dédaigne pas offrir des conseils avisés, en plus de proposer des services de réparation, d’estimation, de conversion et d’horlogerie.

Le joaillier de Sillery préfère les techniques manuelles, qui lui permettent de personnaliser son art et de produire des pièces uniques. (Photo Métro Média – François Cattapan)

Devoir de transmission

Le passionné de joaillerie se désole de constater que plusieurs métiers traditionnels comme le sien se trouvent menacés de disparition. «Le seul programme d’Arts et design qui reste dans la région produit à peine une douzaine de finissants par an. Or, dit-il, ceux-ci ont un vaste choix d’occupations qui s’offre à eux. Avec l’émergence des technologies 3D et de la miniaturisation, ils sont rapidement recrutés par ces industries dès leur sortie de formation. Rares sont ceux qui optent pour la joaillerie. Pourtant, c’est très gratifiant et plaisant. Moi, chaque jour, j’ai la chance de faire ce que j’aime. Ce n’est pas une corvée et c’est la raison pour laquelle j’ai l’intention de continuer longtemps.»

Pour Pierre Morency, les gens habiles de leurs mains seront toujours recherchés, encore plus en pénurie de main-d’œuvre comme c’est le cas présentement. Toutefois, dans son cas, le perfectionnement de la profession de joaillier a ses limites.

«L’arrivée des appareils au laser et robotisés a certes facilité la production de bijoux en série, mais jamais ça ne remplacera la création d’un objet personnalisé et voulu unique. Moi, avec l’expérience et l’indépendance que j’ai acquises avec les années, c’est ce que je préfère», raconte celui qui aime choisir avec ses clients les métaux rares et les pierres précieuses qui serviront à orner leurs bijoux.

Peintre à ses heures, l’artisan affiche ses tableaux dans son atelier-boutique de la rue Maguire. (Photo Métro Média – François Cattapan)

Enfin, il trouve rassurant de voir la sensibilité grandissante des gens pour la provenance des métaux et pierres, comme les diamants et les perles, une de ses spécialités. L’intérêt est croissant pour les produits québécois ou canadiens, plutôt que ceux parfois moins chers provenant de pays en conflit armé ou réputés pour exploiter les ouvriers et faire travailler des enfants. Il y a de l’espoir dans l’éducation et l’information. C’est pourquoi il se fait un devoir de transmettre sa passion ainsi que ses connaissances, à chaque visiteur qui entre dans son atelier-boutique.

«Il y a un petit côté égoïste à la création d’oeuvres exclusives, auxquelles les gens attachent une valeur sentimentale. Ça me rassure et m’honore à la fois de savoir que mes bijoux vont me survivre et se transmettre aux générations suivantes.» -Pierre Morency, bijoutier

Québec Hebdo

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