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Souvenirs d’enfance

SOUVENIRS. À 81 ans, May Villeneuve ne faillit pas à la tradition: quand décembre s’amène, elle monte au grenier, farfouille parmi les boîtes dûment identifiées, et redescend avec sa sélection de décorations du temps des Fêtes à faire rêver les amateurs d’antiquités. Dans le lot, des souvenirs de famille qui deviendront le prétexte à des anecdotes d’enfance…

D’une boîte, May Villeneuve extrait un paquet de petites enveloppes. Dans chacune d’elles, des cartes de vœux finement dessinées par son frère, au début des années 1940. À l’école du rang, racontera-t-elle, décembre se conjuguait avec arts plastiques; Cécile Jobin, la maîtresse, attelait les élèves à la création de cartes et de maisons pour la crèche. D’une autre boîte émergeront une poignée de ces maisons de main d’enfant, les reflets d’une époque révolue reluisant dans leur papier lustré.

D’ailleurs, Noël 1942 marquera la fin d’une époque pour la famille Villeneuve. Sous une fine neige, les grelots de la carriole se font entendre pour une dernière fois sur le chemin menant à l’église de Charlesbourg, pour la messe de minuit. «Je pense qu’on était trois carrioles dans le chemin. Les routes n’étaient plus entretenues pour ça; c’est entendu, il y avait de plus en plus de voitures», rapporte May Villeneuve, qui avait alors 9 ans.

De ce Noël, elle garde les plus doux souvenirs, dont celui de son père qui lui fera la surprise de chanter Minuit Chrétiens à l’église. «Ce dont je m’ennuie, c’est que le 1er décembre, papa commençait à préparer ses chants», dira celle qui ne fait pas de la nostalgie une habitude.

Les Fêtes dans la «maison au toit rouge»

Au retour de la messe de minuit, ça réveillonnait comme de raison. Jusqu’à 6-7h du matin, ça mangeait et ça jouait autour du sapin décoré pour l’occasion. «On mettait des chandelles dans l’arbre – mais on ne les allumait pas!», s’empresse de préciser Mme Villeneuve, qui a conservé quelques-unes de ces bougies intactes. Des boules, des glaçons, des guirlandes comme il ne s’en fait plus ressurgissent une fois par année dans la «maison au toit rouge», à la frontière de Charlesbourg et Lebourgneuf, où May Villeneuve demeure toujours.

En cette veille du jour de l’An, elle aura aussi une pensée pour son père qui donnait la bénédiction. En retour, les enfants adressaient des compliments aux parents, qu’ils déclamaient par cœur… même 70 ans plus tard: «J’avais appris par cœur un joli petit compliment, que je devais vous dire en ce moment…», récite de mémoire l’octogénaire.

Mais pour elle, la «grosse veillée paternelle» avait lieu aux Rois. Si l’ampleur de cette fête a pu changer d’hier à aujourd’hui, la traditionnelle galette des Rois, avec son couple royal, faisait déjà partie des coutumes de 1940. Ainsi se clôturait tout un mois de réjouissances pour la famille Villeneuve.

Extrait d’une lettre rédigée par May Villeneuve et ses frères, décembre 1943

«Chers papa, chers maman. S’il ne tenait qu’à nous, vous commenceriez l’année la plus agréable du monde, et se premier jour de l’an serais suivi d’un nombre incalculable d’autres tous plus heureux les uns que les autres!»

Membre du Groupe Québec Hebdo

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