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Charles Dion au volant de sa vie

TÉMOIGNAGE. En 1967, Charles Dion met sur pied l’un des premiers lave-autos automatiques de la région. La file de voitures s’étire sur plusieurs mètres pour faire le plein de propreté et d’essence – à 0,11$ le litre (0,45$ le gallon) – à la station du boulevard Henri-Bourassa. Rencontre avec un homme qui a fait de l’audace son gagne-pain et qui, à 92 ans, continue de carburer à l’indépendance.

Au service de son pays pendant la Deuxième Guerre mondiale, puis à celui de la pétrolière Shell à titre de comptable et de gérant, Charles Dion prend sa destinée en mains en se lançant en affaires en 1961. L’entrepreneuriat, «c’est de famille», explique celui qui, à la sécurité d’emploi, a préféré l’autonomie et la liberté.

Trois ans plus tard, Juneau et Dion Huiles devient le propriétaire du 8255, boulevard Henri-Bourassa, partie restante de la ferme cultivée par la famille Villeneuve, à la limite du Trait-Carré. En creusant pour les pompes à diesel, on découvrira un puits qui date des premiers colons.

À plein régime

«À l’été 1965, l’ouverture du lave-auto quatre portes fit fureur. L’essence se vendait alors avec service. Ç’eût été utopique de croire que les clients se serviraient eux-mêmes quelques années plus tard», se souvient-il à l’heure où le libre-service est devenu la norme. Dans la foulée de cette popularité grandissante, Charles Dion rachète les parts de son partenaire d’affaires et, en 1967, trace la voie au lave-auto automatique.

«On n’avait pas le droit de laver sa voiture dans la rue», justifie-t-il, y voyant là tout un potentiel pour une époque où «les gens aimaient avoir des voitures propres». Son fils André, adolescent, montre aux automobilistes perplexes le fonctionnement du lave-auto. Les quatre enfants mettront d’ailleurs l’épaule à la roue pour maintenir le rythme d’une entreprise qui roule à plein régime, 24h sur 24. Propriétaire des réservoirs souterrains, Charles Dion conserve son indépendance en se refusant toute attache contractuelle avec les pétrolières.

Famille tissée serrée

Quel est son plus beau souvenir de cet âge d’or de Charles Dion inc., dont la fin des activités en 1987 coïncidera avec la retraite de l’entrepreneur? «J’aimais le métier. J’aimais faire du développement d’affaires. J’ai réalisé mon rêve en affaires, et avec ma maison aussi», répond-il. Une maison qui, en fait, aura été le lieu de rassemblement d’une famille tissée serrée.

La fierté volubile quand il raconte son parcours professionnel, Charles Dion manque de mots en évoquant les siens. La complicité de ses enfants, aussi forte d’hier à aujourd’hui, l’émeut. La confiance, le positivisme et la détermination de leur père inspirent ceux-ci en retour. Eux ne manquent pas de qualificatifs pour parler de cet homme qui, tout en réalisant ses rêves à partir de rien, s’est fait présent dans leur vie.

À 92 ans, Charles Dion conduit encore sa voiture.

La vie de Charles Dion en 10 repères

1er octobre 1923

date de naissance. Il grandit au 29, rue Franklin, dans Saint-Sauveur

1945-1950

cours à plein temps pour décrocher sa maîtrise en administration

Octobre 1964

acquisition du 8255, boulevard Henri-Bourassa, pour en faire une station d’essence avec lave-auto

10

hold-ups en carrière. «Le même gars est venu deux fois de file!»

1500

paquets de cigarettes vendus par semaine à la station à une certaine époque. «Ça payait mes employés!»

1973-1974

président de la Chambre de commerce de Charlesbourg

1974

début de l’essence libre-service à la station

0,79

coût du litre d’essence au moment de sa retraite en 1987

1988

un nouvel immeuble commercial prend la place de la station démolie

Québec Hebdo

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